Témoignages
Témoignages de porteurs de projets méthanisation

Propos recueillis par Berty Robert
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Rencontre, le 21 mars, près de Dijon, avec des agriculteurs ou des entreprises qui les accompagnent dans leurs projets de méthanisation.

Témoignages de porteurs de projets méthanisation
De gauche à droite : Julien Simonot et Dominique Goffart, deux des six agriculteurs icaunais porteurs d'un projet de méthaniseur dans le nord de l'Yonne, en compagnie d'Irène Eulriet, représentant de SEM Yonne, actionnaire du projet.

Nicolas Dollat, responsable du bureau d’études biogaz Opale énergies naturelles, basé à Fontain, près de Besançon. « On essaye de fédérer des agriculteurs autour de projets de production de biogaz. Nous sommes des maîtres d’œuvre sur ces projets. On assure un suivi des exploitations, dans un contexte d’évolutions importantes de la réglementation. On peut faire émerger de véritables filières locales de production d’énergie, et donc, gagner en indépendance, par rapport à des fournisseurs étrangers tels que la Russie. Le contexte actuel va peut-être permettre le déblocage de projets qui étaient confrontés à des freins administratifs. La filière méthanisation avait déjà connu un coup de frein avec la baisse des tarifs d’achat du gaz et le durcissement des réglementations. Le contexte international peut tout relancer. En BFC, nous avons participé au développement d’une quinzaine de sites ». Il était accompagné d’un exploitant de Haute-Saône, président d’un groupe d’agriculteurs qui exploite un méthaniseur situé près de Vesoul. Il fonctionne depuis octobre 2020. Douze exploitations sont impliquées. La production est de 150 Normo m3 par heure (Nm3). Le gaz produit est injecté dans le réseau de la ville de Vesoul.

 

Matthieu Besançon et Jérémie Fischer : ces deux agriculteurs sont associés et ont investi dans une unité de méthanisation située à Échevannes, dans l’est de la Côte-d’Or. L’unité est née d’une volonté de se diversifier. Ils injectent dans le réseau de la ville d’Is-sur-Tille et si, en été, la production est supérieure aux besoins de consommation, le surplus est envoyé sur Dijon. Matthieu Besançon est en bio, Jérémie Fischer en conventionnel. Ils produisent du seigle en guise de Culture intermédiaire à valeur énergétique (Cive) qui alimente le méthaniseur. Ils ont, par ailleurs, conclu des contrats avec six producteurs qui apportent leurs propres Cive. Ils leur achètent le seigle sur pied et, en retour, épandent leur digestat. Leur méthaniseur fonctionne depuis l’été 2021. la production est de 125 Nm3/heure. « De plus, explique Matthieu Besançon, les cultures que l’on implante derrière les Cives fonctionnent très bien et le digestat est un parfait fertilisant. Face aux événements en Ukraine, on est vraiment dans le concret : on fournit de l’énergie dans la ville où on fait nos courses. Cela redonne du sens à notre travail. L’agriculture peut jouer son rôle dans l’alimentation de proximité et dans l’énergie de proximité ».

 


Dominique Goffart et Julien Simonot, sont deux agriculteurs d’un groupe de six, presque tous bio, à l’exception d’un seul. Installés dans la vallée de la Vanne, dans le nord de l’Yonne. Depuis 2016, ils conçoivent un projet de méthaniseur dont les travaux doivent commencer très prochainement et qui devrait démarrer son fonctionnement en 2023, pour une capacité de production de 127 Nm3/heure. Ils doivent composer avec deux contraintes : le fait que presque tous travaillent en bio, et que leur projet est situé sur une zone de captage d’eau pour Paris, à Pont-sur-Vanne, près de Sens. Ces contraintes les ont poussés à travailler avec un maximum de matière sèche dans leur méthaniseur. Ils vont avoir recours à de la paille, de la luzerne, ainsi que 25 % de Cive. Autre originalité du projet : la structuration de son actionnariat. 80 % sont entre les mains des six agriculteurs fédérés, mais les 20 % restants sont possédés par Sem Yonne Énergie, une Société d’économie mixte dont l’objet est la production d’énergie renouvelable. « Le méthaniseur, précise Dominique Goffart, nous permettra de rentabiliser de la matière difficile à valoriser, comme la luzerne, par exemple, pour laquelle nous n’avons pas de débouché en élevage ».