Chèvrerie La Trufière à Chissey-lès-Mâcon
Précommandes et livraison à domicile

Soudainement coupée de sa clientèle par le confinement, la Chèvrerie La Trufière a fait le choix de relancer sa commercialisation via un site de financement participatif et sur les réseaux sociaux.

Précommandes et livraison à domicile
Pendant le confinement, le magasin de la Chèvrerie de la Trufière est ouvert tous les jours le matin. Les livraisons sont assurées sur demande et la vente en ligne est possible sur le site « miimosa ».

« Les premiers jours de confinement, la désertification soudaine du magasin nous a beaucoup inquiétés », reconnaît Sylvain Chopin qui, avec son associée Marie-Émilie Robin, est à la tête d’une exploitation caprine de 110 chèvres à Chissey-lès-Mâcon. Les deux éleveurs ont immédiatement pris la décision d’inscrire l’élevage sur la plateforme « Miimosa », un site de financement participatif au service de l'agriculture et de l'alimentation. « Nous y avons fait part de nos soucis de commercialisation et nous avons proposé aux internautes de réaliser leurs précommandes en ligne ainsi que des livraisons à domicile - y compris des expéditions par « Chronofood » - sous forme de paniers assortiments d’un montant de 15 – 20 € et cela à raison de un, deux ou trois lots toutes les trois semaines par exemple », décrit Sylvain Chopin.

Paiement d’avance

Le premier intérêt de la démarche était de « faire de la trésorerie grâce à un paiement d’avance », confie l’éleveur. En parallèle, la chèvrerie a beaucoup communiqué sur Facebook.

Au fil des jours, les associés ont observé un retour des clients au magasin de la ferme. « On n'est ouvert que le matin, mais les week-ends nous réalisons de bonnes demies-journées (environ 70 % de l’activité normale). Cela reste plus calme en semaine », confie Sylvain.

Remobiliser le local

La parution sur la plateforme Miimosa a eu pour effet de « remobiliser le réseau local », témoigne l’éleveur caprin. En effet, grâce au site participatif, la chèvrerie a fait la connaissance d’un maraîcher en vente directe au sud de Mâcon où elle va vendre ses fromages désormais. La même opportunité s’est présentée avec un distributeur de paniers garnis dans l’ouest mâconnais. Cette crise révèle-t-elle une nouvelle attention des consommateurs pour le local ? Une évolution semble se dessiner, veut croire Sylvain Chopin qui estime aussi qu’il faudra travailler sur cette complémentarité de produits ; ces synergies entre producteurs qui permettent de toucher des clientèles plus larges.

Chambre froide, caillé congelé, reblochon de chèvre, monotraite

Pour faire face à la baisse des ventes, la Chèvrerie de la Trufière a commencé par « couper » la distribution de concentrés à ses chèvres, abaissant ainsi la production quotidienne totale à une centaine de litres. En fromagerie, Marie-Émilie Robin et Sylvain Chopin ont fait le choix de congeler du caillé en vue d’une transformation différée en septembre. Ils en ont aussi profité pour développer un nouveau fromage de type tomme, sorte de reblochon de chèvre résultant du procédé de pâte pressée non cuite. « Ce fromage permet de passer du volume et est plus facile à gérer », confient les deux associés. Du matériel supplémentaire a été acheté pour stocker davantage de fromages lactiques en chambre froide. « Une façon de ralentir l’affinage », fait valoir Sylvain. Enfin, l’élevage envisage la monotraite qu’il pratique déjà habituellement à partir de la mi-mai.

La vente directe trinque…

En dépit de tous les efforts d’adaptation accomplis, les producteurs de fromages fermiers vont « morfler », déplore Sylvain Chopin. Dans le cas de la Chèvrerie de la Trufière, l’éleveur évalue à 10.000 € de perte de chiffre d’affaires due à la défection des bus de visiteurs ; 10.000 € supplémentaires liés à la chute des expéditions via un GIE sur Rungis. Malgré le soutien local, les pertes seront importantes également au magasin de la ferme du fait de l’absence de touristes et faute de fêtes de familles… « Pour le consommateur, notre exploitation représente un peu la ferme modèle avec de la vente directe, des produits du terroir, un élevage à l’herbe dans un cadre touristique… Mais face au confinement qui empêche les clients de venir à nous, ce sont les petites exploitations comme la nôtre qui trinquent alors que la grande distribution profite ! », regrette Sylvain Chopin.