Volaille de Bresse
Centre de sélection de Béchanne : « Il est urgent d’agir ! »

Les maillons « sélection et accouvage » de la filière volaille de Bresse (centre de sélection de Béchanne et Les couvoirs de Bresse réunis) ont réussi, malgré le Covid, à maintenir un résultat financier louable. Reste à trouver urgemment des financements pour engager un important programme de rénovation des bâtiments. Explications.

Centre de sélection de Béchanne : « Il est urgent d’agir ! »
En 2021, le centre de sélection de Béchanne prévoit la production de 830.000 poussins de Bresse.

Créé en 1956 à l’initiative des Chambres d’agriculture de l’Ain et de la Saône-et-Loire dans le but de rationaliser la sélection du poulet de Bresse, le centre de sélection de Béchanne alerte depuis des années sur la nécessité de rénover et reconstruire un certain nombre de ses bâtiments sur son site de Saint-Étienne-du-Bois (Ain). Des travaux indispensables afin d’assurer la pérennité de la filière toute entière. Lors de l’assemblée générale du 24 juin dernier, Gilbert Limandas, gérant du centre, rappelait : « Il y a deux ans, nous avions organisé une rencontre avec les élus des deux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne Franche-Comté et les élus de l’Agglomération de Bourg-en-Bresse. Le centre a toujours été entretenu correctement, mais il est vieillissant et l’ouragan du 31 juillet 2017 a fait de gros dégâts. Les élus ont bien entendu la nécessité de réaliser des travaux ». À la demande des élus des deux régions, un audit a été réalisé afin d’estimer finement la situation et les besoins en soutien financier. Et Gilbert Limandas d’ajouter, non sans amertume : « L’audit préconise un budget de rénovation qui m’a paru peu élevé. Nous avons fait appel à des entreprises spécialistes dans le domaine afin d’établir des devis qui ont considéré que les bâtiments étaient très vétustes, donc très délicats à réparer pour certains. Aussitôt les élections terminées, nous organiserons une nouvelle rencontre avec les élus afin d’engager un programme de travaux avec le soutien des collectivités territoriales ». Concernant les huit bâtiments très endommagés par l’ouragan, désamiantage, démolition et couverture de toitures ont déjà été réalisés. Reste un bâtiment à reconstruire, un atelier, station de lavage et de désinfection. 

Le plan de Relance à la rescousse

S’il est encore trop tôt pour le centre de sélection de communiquer sur des chiffres précis pour cet ambitieux et urgent programme de travaux, son gérant annonçait quelques espoirs du côté du plan de Relance de l’État. « Toute la filière s’est inscrite dans le plan de relance pour soulager financièrement les collectivités régionales et départementales. La Chambre d’agriculture en est la cheville ouvrière ». Patrick Nivot, en charge du montage du dossier, précisera dans la foulée : « Ce plan permet de structurer une démarche globale de filière. L’audit a également soulevé qu’il y avait peut-être aussi des opportunités de développement sur les races anciennes (voir encadré), qui ne soient bien évidemment pas concurrentielles à la volaille de Bresse. Le plan de relance, qui va démarrer dans les prochaines semaines, a une durée de 30 mois. À noter, au nombre des acteurs de la filière parties prenantes, le lycée des Sardières qui a un rôle important à jouer en matière de recherche et de renouvellement des générations d’éleveurs ». Florence Petitjean, la directrice du centre, à juste titre félicitée, ainsi que toute son équipe, « pour l’excellent travail réalisé malgré les difficultés rencontrées en 2020 à cause de la Covid-19 », poussait un cri d’alerte : « Nous sommes vulnérables. Il est plus qu’urgent de faire quelque chose car sinon, en cas de clash sanitaire, c’est toute la production et donc toute la filière qui seraient en péril ! ». 

830.000 mises en place en 2021

Malgré les conséquences désastreuses du Covid sur la consommation de volailles de Bresse en 2020 (fermeture des restaurants et mise en sommeil du secteur de l’événementiel), le centre de sélection de Béchanne et sa filiale Les couvoirs de Bresse réunis (qui a pour mission la multiplication, l’accouvage et la distribution des poussins de Bresse AOP auprès des éleveurs référencés en appellation) ont réussi à « sauver les meubles ». Lors de la présentation des comptes de l’exercice écoulé qui affichent un résultat net comptable positif pour les deux structures (52.177 € pour le centre de sélection et 28.657 € pour Les couvoirs de Bresse réunis), Gilbert Limandas s’est montré satisfait de la bonne gestion réalisée : « Nous avons une baisse des produits, mais qui s’accompagne dans le même temps d’une baisse des charges, avec au final un résultat global de près de 90.000 €. Mais il est indispensable de continuer à faire des économies pour faire face à ce qui nous attend dans les années à venir ! ». La production de poussins reste quant à elle stable : environ un million de poussins en 2020 (races anciennes comprises), dont 844.000 poussins de Bresse mis en place. Pour 2021, le centre table sur 830.000 poussins de Bresse, sachant que, comme le rappelle très justement sa directrice : « 2020 et 2021 ne sont pas des années de référence ». Tous les espoirs sont donc permis pour relancer la production. Le CIVB (Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse) va lancer très prochainement une étude de marché afin d’évaluer de nouveaux axes de développement. La découpe en fait partie (officiellement possible depuis mars dernier après validation de la modification du cahier des charges par l’INAO). Reste à développer ce nouveau « filon » qui dépend encore en grande partie de la volonté du maillon des abattoirs… 

Patricia Flochon

 

Sans oublier le conservatoire
Gilbert Limandas, gérant du centre de sélection, entouré de Florence Petitjean sa directrice, et de Jean-Yves Flochon, vice-président du Conseil départemental de l’Ain.

Sans oublier le conservatoire

Seul sélectionneur avicole indépendant en France, producteur de poussins pour la filière AOP Volaille de Bresse, le centre de sélection de Béchanne a également une vocation de conservatoire et travaille une vingtaine de races anciennes dont la Gauloise grise, et la noire, la Charolaise, la Faverolles, la Houdan, le cou nu du Forez, la Barbezieux, la noire d’Alsace, la Gatinaise, la Bourbonnaise, la Grise du Vercors, la poule Gasconne, la poule de Gournay, la noire du Berry…