Les brèves du 2 mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 2 mars 2023

Les brèves du 2 mars 2023

Plan souveraineté fruits et légumes : 200 M€ alloués pour 2023 (ministère)

Le plan de souveraineté fruits et légumes sera doté de « 200 millions d’euros » (M€) d’argent public en 2023, a annoncé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau au salon de l’Agriculture le 1er mars. L’enveloppe sera répartie en deux volets. Un premier volet de « 100 M€ » sera dévolu aux « agroéquipements » (développement des serres décarbonées et abris froids, robotisation, automatisation, équipements économes en eau…). Un deuxième volet du même montant sera dédié à « la recherche et l’innovation » et pourra financer une « panoplie » de sujets possibles (insectes stériles, alternatives aux produits phytosanitaires, renouvellement et modernisation des vergers…). Les fonds seront issus « en grande partie » du plan d’investissement France 2030, a précisé le ministre de l’Agriculture. Cette enveloppe sera par ailleurs complétée des co-financements des professionnels via les appels à manifestation d’intérêt. Reste à travailler un troisième sujet sur « la communication » pour lequel « on a besoin d’identifier plus clairement les financements », a indiqué Marc Fesneau. Ce budget de 200 M€ pour la première année du plan s’inscrit dans un cadre « pluriannuel » avec « un objectif à 10 ans », a précisé le ministre de l’Agriculture sans détailler le montant global qui sera octroyé. « Au fur et à mesure des années […] il faudra qu’on travaille avec d’autres acteurs qui sont importants, je pense aux régions et aux collectivités locales », a ajouté le ministre.

 

Plan souveraineté fruits et légumes : Interfel, le CTIFL et l’Anifelt saluent les annonces

« On a pu coconstruire ce plan, c’est une chose importante », s’est réjoui le président du CTIFL Jacques Rouchaussé à l’issue du lancement du plan de souveraineté fruits et légumes le 1er mars (voir plus haut) au Salon de l’agriculture. « Le grand défi qui nous reste, c’est la réduction des pesticides […] Nous allons planifier, anticiper, et mettre les moyens nécessaires pour trouver des alternatives » a-t-il promis, conformément à ce que prévoit le plan en accord avec les annonces d’Élisabeth Borne. Le président de l’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel) Laurent Grandin a également salué les annonces du ministre, estimant que le plan de souveraineté devra durer « 10 à 15 ans » pour bien accompagner la filière. « Il sera important de maintenir cet effort, de manière constante, avec pour les professionnels quelque chose de déterminant qui sera le guichet unique pour faire converger l’ensemble des moyens », a-t-il déclaré. De son côté, l’interprofession des fruits et légumes transformés (Anifelt) salue aussi « la démarche de co-construction » et « les objectifs » du plan, dans un communiqué diffusé dans l’après-midi. Elle pointe néanmoins quelques « points de vigilance », notamment le fait de « développer durablement les moyens de recherche » et de mettre « des moyens à la hauteur de leurs enjeux »

 

Plan souveraineté fruits et légumes : la Conf’ critique, la CFDT déçue

La Conf' estime que le plan de souveraineté fruits et légumes « manque complètement sa cible » en misant sur la « compétitivité » au lieu de prendre à bras-le-corps la problématique de la rémunération des producteurs, selon un communiqué le 1er mars. La Conf’ proposait en effet d’instaurer un « prix minimum d’entrée » sur les fruits et légumes importés pour lutter contre « le dumping européen », et de mettre en place une « sécurité sociale de l’alimentation ». Deux mesures qui n’ont pas été retenues. De son côté, la CFDT Agri-Agro « regrette de ne pas avoir pu développer ses propositions » pour une filière fruits et légumes plus « durable ». Dans un communiqué le même jour, le syndicat de salariés estime que le dispositif TO-DE (exonération de cotisations sociales) « maintient le secteur dans un état de sous-développement avec un recours subventionné à de la main-d’œuvre précaire ». Il soutient qu’à l’inverse, « les financements publics doivent soutenir l’édification de filières plus équitables, plus rémunératrices, avec de fortes exigences sociales et environnementales ». Il propose aussi « d’intégrer des critères sociaux dans les cahiers des charges des signes officiels de qualité et d’origine ».

 

Pomme : insatisfaite du plan souveraineté, l’ANPP demande un « plan de sauvegarde »

Quelques heures après la présentation du plan souveraineté fruits et légumes le 1er mars, l’association nationale pommes poires (ANPP) s’est fendue d’un communiqué pour demander « un plan de sauvegarde de la pomme française ». Si les objectifs du plan sont louables, le plan est « peu ambitieux » et il « ne répond pas aux difficultés immédiates » des pomiculteurs, affirme l’ANPP. L’association requiert trois grandes mesures « pour les 24 prochains mois ». Pour garantir la « viabilité économique » des entreprises du secteur, et alors que les coûts de production « ont augmenté de plus de 20 % entre 2021 et 2022 », l’ANPP demande « la réactivation pour deux ans d’un dispositif de prêts garantis d’État » afin de « garantir le financement de l’avance aux cultures ». Elle exige aussi d’avoir « accès aux mêmes moyens de production que les producteurs européens, en matière de solutions phytopharmaceutiques, d’eau et de main-d’œuvre ». Enfin, elle requiert l’étiquetage « obligatoire » de l’origine des pommes, en frais sur les étals et dans les produits transformés, avec une mention additionnelle spécifiant que « des produits phytosanitaires interdits en France sont utilisés » le cas échéant.

 

Vin : dans le Bordelais, 59 M€ d’aides à l’arrachage entre État, région et interprofession

L’État et la région Nouvelle-Aquitaine ont débloqué le 1er mars respectivement 30 M€ et 10 M€ pour « réorienter les exploitations viticoles » en crise, des aides que doit compléter le CIVB (interprofession) à hauteur de 19 M€. Étalée sur deux ans, la part de l’État pour l’arrachage « c’est dès à présent 30 M€ avec l’objectif d’aller à 38-40 M€ », a déclaré Marc Fesneau. Une enveloppe qui s’inscrit dans le plan de sortie de crise conçu par la Nouvelle-Aquitaine avec le CIVB (interprofession). La région prévoit de dépenser 10 M€ minimum sur deux-trois ans, a indiqué le président Alain Rousset. Il s’agit d’accompagner « au moins 300 viticulteurs », avec une aide moyenne de 25 à 35 000 € par exploitation, selon un communiqué. Cette enveloppe régionale pourra être complétée, « dans un second temps », par les fonds européens du Feader afin de « massifier le dispositif ». Les projets d’arrachage doivent respecter la feuille route régionale Néo Terra visant à « accélérer la transition écologique et énergétique ». En clair, être « adaptés au changement climatique, hydroéconomes, et économes en intrants. Exemples : plantation d’oliviers, de noisetiers, élevage bovin… »

 

Dégâts de gibier : l’État accorde 80 M€ aux chasseurs pour réduire les dégâts de 20 %

À travers une convention signée le 1er mars, Marc Fesneau et la secrétaire d’État à l’Écologie Bérangère Couillard ont accordé 80 M€ aux chasseurs pour réduire les dégâts de gibier de 20 à 30 % à l’horizon 2025. « Face aux dégâts et à la surpopulation de gibier, il fallait agir », a défendu Bérangère Couillard. « Notre pratique est avant tout récréative, mais elle peut aussi amener des bénéfices indirects », a souligné Willy Schraen. Dans le détail, 20 M€ seront accordés au travers du Plan de relance pour répondre à la hausse de la facture des dégâts (hausse des prix des matières premières). Les 60 M€ restants seront distribués sur trois ans pour « mettre en œuvre la boîte à outils ». D’après la convention signée entre tous les syndicats agricoles et la FNC, et consultée par nos confrères de Réussir, cette boîte à outils pourrait notamment comprendre les tirs à l’affût avec appâtage, les tirs de nuit, ou encore la protection des cultures. « La convention avec l’État prévoit une traduction réglementaire de cette boîte à outils », détaille-t-on à la FNC, espérant que les textes pourraient être publiés « d’ici le 1er juillet ». Comme l’a rappelé Bérangère Couillard, ce protocole « était en discussion depuis plusieurs années ». Les premières discussions avaient été lancées en 2021, avant d’être ralenties par les élections, la guerre en Ukraine et les négociations sur l’accompagnement financier de l’État.

 

Agroéquipements : le guichet France 2030 de 400 M€ ouvre le 6 mars

Marc Fesneau a annoncé le 1er mars un dispositif France 2030 « Équipements pour la troisième révolution agricole » doté de 400 M€, dont 100 M€ dédiés à la filière fruits et légumes. Il vise à soutenir les investissements des agriculteurs sur « l’adaptation au changement climatique et la transition agroécologique ». Ce guichet ouvrira le 6 mars sur le site de FranceAgriMer, avec une liste de 23 équipements pour le changement climatique, la baisse de consommation en eau et énergie. Puis, fin avril ou début mai, la liste doit être complétée par d’autres thèmes : substitution des intrants chimiques, réduction des GES et polluants atmosphériques, préservation de la biodiversité, gestion des déchets, économie circulaire, amélioration du bien-être animal, des conditions de travail, réduction de la pénibilité. Le dispositif concerne l’achat d’équipements agricoles « dont on estime qu’ils sont l’objet d’une innovation », dans des domaines tels que la « modernisation des serres, les systèmes d’irrigation, la robotique, la rénovation d’un certain nombre de structures », a précisé le ministre. Par exemple, un enjambeur électrique pour la vigne, permettant de travailler le sol ou épandre des engrais sans endommager les pieds ou encore, des robots cueilleurs ou désherbeurs dans les vergers.

 

Finance : Demeter veut constituer un fonds agritech/foodtech de 200 M€

Demeter cherche à constituer un nouveau fonds de 200 millions d’euros dédié à « l’agritech, la foodtech et l’agroécologie », a appris Agra Presse le 1er mars auprès de l’ancien député Grégory Besson-Moreau, récemment intégré aux équipes de la société d’investissement française (voir dans cet Agrafil). Ce nouveau fonds doit être constitué « d’ici l’été ». Il visera des entreprises « un peu plus en amont » que le précédent fonds créé par Demeter. En 2018, la société avait lancé un fonds d’investissement intitulé Agrinnovation, doté de 100 millions d’euros, puis en 2022 le fonds Vitirev dédié à la viticulture, de 72 millions d’euros. Ce nouveau fonds s’adressera à des sociétés plus mûres qu’auparavant, précise Grégory Besson-Moreau. L’association La Ferme digitale, forte de 90 start-up de l’Agritech, a souligné le 16 février une « très forte accélération » des levées de fonds en 2022, lui permettant de franchir le milliard d’euros en cumul depuis sept ans. Ses opérations de financement ont représenté 211,5 M€ l’an dernier, soit 1,025 Mrd€ depuis la création en 2016. La Ferme digitale pèse ainsi la moitié des levées de fonds réalisées en France par quelque 180 start-up de l’Agritech, d’après ses chiffres. Selon KPMG, l’Agritech française peut viser à court terme un rythme annuel d’un milliard d’euros de levées de fonds.

 

Bio : les 10 M€ fléchés vers les exploitants à risque de déconversion (Fesneau)

Les 10 M€ d’aide d’urgence annoncés par Élisabeth Borne « seront fléchés vers les exploitants qui sont le plus à risque de se déconvertir », détaille pour Agra presse Marc Fesneau à l’issue de son rendez-vous avec les acteurs des filières bio le 1er mars. Prêts bonifiés ou aides directes, ces soutiens pourraient prendre plusieurs formes, et seront fléchés vers des profils et filières identifiés « avec l’aide des filières et des chambres ». Sur le salon, plusieurs acteurs ont jugé le montant insuffisant face à des pertes estimées par les interprofessions à 60 M€ en lait et fruits et légumes, ou à 30 M€ en porc. « Il faut savoir à quoi ces pertes se rapportent, si les années précédentes n’ont pas été exceptionnelles », tempère Marc Fesneau. De même, alors que la Fnab et la Confédération paysanne ont comparé l’aide d’urgence aux 270 M€ accordés début 2022 au porc, Marc Fesneau souligne que les aides porcines, tout comme celles liées à la guerre en Ukraine, « n’étaient pas segmentées et concernaient aussi les producteurs bio ». Interrogé sur une éventuelle augmentation de l’enveloppe dédiée à la campagne de promotion Bioréflexe, le ministre invite avant tout à travailler les messages pour « mettre en avant le local » dans une éventuelle réédition. Alors que les acteurs de la bio attendaient des annonces sur les aides à la conversion non utilisées, le ministre souligne enfin que cette discussion reste prématurée, puisque « les dossiers Pac n’ont pas encore été déposés ».

 

Événementiel : le fonds de dotation des JA financera l’organisation de festivals d’ici 2024

Lors du Salon de l’agriculture, les Jeunes agriculteurs ont annoncé le 1er mars le lancement d’une nouvelle stratégie pour leur fonds de dotation Terres innovantes, alimenté notamment par quatre grands mécènes (RAGT, Nestlé, le Crédit Agricole et Total Energies). Afin de « casser les idées reçues autour de l’agriculture », le syndicat souhaite « toucher un public éloigné du monde agricole » à travers l’organisation de festivals, ou l’association avec des projets d’ores et déjà existants. Les Jeunes agriculteurs ciblent notamment les 20 – 45 ans qui résident dans des zones périurbaines ou de petits centres-villes ; soit « le ventre mou de la France », selon les dires d’Arnaud Gaillot, président des JA. À travers l’organisation d’évènements alliant « divertissement » et exposition « des métiers de l’agriculture », ce dernier explique vouloir montrer que « l’agriculture travaille en faveur de l’environnement sans pour autant prôner la récession ». Et d’ajouter qu’il s’agit de « recréer une forme de vivre-ensemble qui s’est perdu dans ce pays ». Par ailleurs, le syndicat souhaite conserver sa mission première, à savoir celle d’inciter la jeunesse à « rejoindre l’agriculture ». Les premiers évènements devraient « se matérialiser à partir de 2024 », selon les JA, à travers « un évènement national à déclinaison territoriale ».

 

Gaspillage alimentaire : lancement officiel du label national « anti-gaspi » pour les magasins

La secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard, a présenté officiellement le label national anti-gaspillage alimentaire, à l’occasion de sa visite au Salon de l’agriculture le 1er mars. Ce label national, prévu par la loi Agec, a été élaboré par le ministère de la Transition écologique, celui de l’Agriculture, l’Ademe et l’Afnor. Il a pour objectif « d’encourager et de distinguer les acteurs de la chaîne alimentaire qui, par leurs efforts de sensibilisation et de formation du personnel, parviennent à réduire sensiblement leur gaspillage alimentaire », précise un communiqué du ministère. Il concerne d’abord la grande distribution, en particulier les grandes et moyennes surfaces, les grossistes et les métiers de bouche (boucherie, boulangerie, primeur…). Chaque magasin candidat sera évalué sur des critères communs « allant de l’achat à la commercialisation des denrées alimentaires et du don ». Les établissements seront labellisés individuellement. Ils se verront attribuer une à trois étoiles en fonction de leur performance. Un référentiel sera établi dans un deuxième temps pour les secteurs de la restauration collective et commerciale, puis pour les industries agroalimentaires.

 

Règlement Pesticides : débats compliqués au Parlement européen

Alors que la commission de l’Environnement du Parlement européen (Comenvi) va entamer les discussions sur le règlement concernant l’utilisation durable des pesticides, le principal groupe politique (le PPE de centre droit) estime que les propositions de la verte Sarah Wiener, en charge du dossier, sont irréalisables : « Ce n’est pas un compromis, c’est une position idéologique », ont dénoncé les négociateurs du groupe PPE, l’Autrichien Alexander Bernhuber et le Slovène Franc Bogovič lors d’une conférence de presse le 1er mars. Sarah Wiener propose notamment que, en plus de l’objectif de réduction de 50 % de l’utilisation et des risques liés aux pesticides, un objectif de -80 % soit fixé pour les molécules les plus dangereuses. Pour Franc Bogovič, celle-ci veut « criminaliser l’utilisation des pesticides ». Il demande à reporter l’examen du texte en attendant la publication, prévue au mois de juin, d’une étude d’impact complémentaire que présentera la Commission européenne. Autre sujet de débat : le calendrier d’examen du texte. La Comenvi propose que sa position soit adoptée dès juillet, puis soumise à la plénière en septembre. Mais aucun accord n’a encore été trouvé sur ce point avec la commission parlementaire de l’Agriculture ; associée au dossier, elle souhaite, elle aussi, attendre l’étude d’impact.

 

Pesticides : l’Anses se défend d’être excessive dans les interdictions

Alors que Christiane Lambert a évoqué devant la presse la possibilité de transférer à nouveau les décisions d’autorisation des pesticides au niveau politique, l’Anses rappelle que ses évaluations sont avant tout « factuelles ». « Proposer ce transfert suggère que nous serions excessifs dans nos interdictions. Mais nous sommes juste factuels, en nous basant à la fois sur les méthodes et la réglementation européennes », souligne Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée du pôle Produits réglementés au sein de l’agence. Elle souligne au passage que « le règlement européen offre peu voire pas de latitude ». « Une fois qu’une non-conformité ou un risque sont identifiés, il n’est pas prévu de tenir compte d’une impasse, sauf en cas de pression particulière », rappelle-t-elle. Et si la décision revenait au ministère de l’Agriculture, « pourquoi les décisions ne seraient-elles pas les mêmes sur la base des mêmes évaluations, et quel dirigeant accepterait d’engager sa responsabilité pénale ? », s’interroge-t-elle. Plus largement, l’efficacité du transfert des décisions du ministère vers l’agence doit selon elle « se baser sur d’autres critères qu’un dossier sur lequel des impasses sont identifiées », comme le S-métolachlore. « Le ministère avait des difficultés à traiter tous les dossiers, mais nous avons réussi depuis 2015 à apurer toutes les demandes en attente », souligne-t-elle.

 

Déchets agricoles : quatre usines en plus pour recycler 80 % des volumes en France (Adivalor)

Pour espérer recycler l’ensemble des 119 000 tonnes de déchets agricoles générés chaque année en France, « nous avons besoin d’augmenter les capacités industrielles », résume Ronan Vanot, directeur général d’Adivalor, à l’occasion d’une conférence de presse le 1er mars. Actuellement, près de la moitié des 93 000 t collectées chaque année par son organisme partent en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Pologne. Mais avec l’ouverture prévue de quatre nouvelles usines dans le pays d’ici 2025, et le lancement d’une nouvelle ligne sur un site de Suez, « nous espérons atteindre 80 % de recyclage en France », prévoit Ronan Vanot. Alors que 10 % des volumes de déchets sont encore incinérés ou enfouis, recycler l’intégralité des volumes « nécessitera de favoriser l’écoconception », rappelle Ronan Vanot. Les fournisseurs devront donc favoriser les emballages ne présentant qu’un type de résine, et comprenant déjà de forts taux de matières recyclés. Côté débouchés, après une forte hausse du cours du plastique recyclé à l’été 2022, « les cours sont retombés », note Ronan Vanot. À l’exception de certaines matières, Adivalor observe cependant « un resserrement des cours des plastiques recyclés et non-recyclés ».

 

Gestion de l’eau : la Guyane propose d’envoyer des tankers d’eau douce en métropole

À l’occasion d’une conférence de presse des Régions de France le 1er mars, le président de l’Assemblée de Guyane Gabriel Serville a proposé « d’organiser une solidarité » avec l’agriculture métropolitaine, promise à des sécheresses de plus en plus récurrentes, en organisant l’envoi de « tankers d’eau ». Ce territoire ultramarin « connaît des pluies torrentielles, en recrudescence absolue », a indiqué l’élu guyanais. « Peut-être peut-on imaginer que la Guyane soit demain un pourvoyeur d’eau douce, il serait opportun que nous nous posions la question, de prendre le temps d’analyser. » En 2021, la Guyane a connu « l’année la plus arrosée depuis le début des observations météorologiques » dans cette région en 1955, selon Météo-France. Selon le service météorologique, la commune de Guyane la plus arrosée cette année aura été Roura avec 6082,5 mm, et la moins arrosée Awala-Yalimapo avec 2889,2 mm. En France métropolitaine, la quantité annuelle de pluie est en moyenne de 800 mm.

 

Négociations commerciales : des distributeurs « contournent la loi », selon la FNSEA

À quelques heures de la fin des négociations commerciales entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a dénoncé le 1er mars celles qui « essaient de contourner la loi » sans payer « la juste part » des agriculteurs. « Certains [distributeurs, NDLR] essaient de dire : "Je ne paie que 80 % de la part des agriculteurs" et ça, ce n’est pas normal », a déploré la présidente du syndicat majoritaire sur Radio Classique. Les discussions qui s’achèvent avec les grandes surfaces, appelées par Emmanuel Macron à « participer à l’effort », ont été houleuses dans un contexte inflationniste et présagent de nouvelles hausses de prix. De leur côté, les grandes surfaces crient à l’absence de transparence et à des demandes de hausses exagérées. « Un certain nombre de distributeurs contestent l’augmentation des charges des industriels et des agriculteurs » qui a atteint, selon la présidente de la FNSEA, 18 % sur un an en 2022. Sur RMC, le porte-parole de Lactalis Christophe Piednoël a expliqué de son côté : « Ce que nous demandons est plus élevé que les années précédentes parce que nous voulons répercuter dans nos prix les augmentations du prix du lait ». « C’est un engagement, on a payé 25 % de plus le prix du lait aux éleveurs, donc il faut que ça se répercute », selon M. Piednoël, qui a précisé demander une hausse entre 9 % et 15 % selon les produits.

 

Élevage : le collectif Nourrir veut un moratoire sur les fermes industrielles

Dans une note « pour réconcilier élevage et préservation de l’environnement », le collectif Nourrir demande un moratoire sur les fermes industrielles. Cela vise les créations, extensions, reprises d’élevages ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement) soumis à autorisation, ainsi que les systèmes en cages, a indiqué le 1er mars Agathe Gignoux, responsable des relations publiques de CIWF, lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture sur le stand de la Confédération paysanne. Plusieurs autres recommandations sont formulées, comme l’encouragement à la baisse de la consommation de viande et produits laitiers issus de structures industrielles. Des 52 organisations membres du collectif Nourrir, « aucune n’est contre l’élevage », a insisté Éline Étienne, responsable Agriculture et alimentation de FNH. Et de soutenir l’« élevage paysan », bio, associant plein air et pâturage. « Nous sommes contre l’élevage industriel, qui est désastreux pour les paysans, le bien-être animal, l’environnement, les pays du Sud », a appuyé Agathe Gignoux. Partisan d’un élevage « à taille humaine », Aurélien Leray (Civam) a soutenu l’idée de plafonner les exploitations selon le nombre d’animaux et de travailleurs.

 

Levure : la filière en appelle aux pouvoirs publics pour avoir accès aux matières premières

Présente pour la première fois au Salon de l’agriculture, la chambre syndicale française de la levure (CSFL) – qui compte Lesaffre, AB Mauri et Lallemand – en a appelé le 1er mars au soutien des pouvoirs publics pour qu’il « préserve les équilibres entre les usages alimentaires et non alimentaires des coproduits sucriers (mélasse et EP2) ». La mélasse et le jus sucré EP2 sont des « matières premières essentielles et non substituables à la production de levure », précise la CSFL. Alors que les levuriers importent d’ores et déjà « 30 % de leur mélasse », ils se disent « inquiets des incitations fiscales croissantes à l’incorporation de ces matières premières pour produire du bioéthanol mis sur le marché en France ». Et ce d’autant plus que la filière betterave-sucre a vu la fin des dérogations accordées aux néonicotinoïdes par enrobage des semences annoncée par le gouvernement fin janvier. « Nous ne pourrons pas rester compétitifs si nous n’avons pas accès aux matières premières nécessaires à la production de levure », soutient la secrétaire générale de la CSFL Diane Doré. Et d’ajouter « que l’Europe voit apparaître pour la première fois des importations de levures chinoises et turques », et ce alors même que la France « est le leader mondial de la levure ».

 

L’agriculture française, une « forte dépendance aux marchés internationaux » (FranceAgriMer)

Que ce soit à travers les importations ou les exportations, l’agriculture française est caractérisée par une « forte dépendance aux marchés internationaux », note FranceAgriMer dans une étude présentée le 1ermars au Salon de l’agriculture. Presque la moitié des produits bruts (13 sur 30 étudiés par l’organisme public) sont en même temps exportés et importés au-delà de 20 % de la production nationale. Parmi les filières les plus dépendantes des débouchés étrangers, on retrouve des productions « très intégrées internationalement » (céréales, sucre, produits laitiers), mais aussi celles qui souffrent d’un « décalage entre la production et la consommation » (produits laitiers, volailles, porc, vin, etc.). Par exemple, l’Hexagone dépend de l’exportation en Chine des coproduits du porc (oreilles, queue, etc.), boudés par les Français. Quant au taux d’autoapprovisionnement (production rapportée à la consommation), il montre « une dégradation de 3 % en dix ans, mais pas un effondrement », relativise Pierre Claquin, responsable de la direction Marchés, études et prospectives de FranceAgriMer. Entre 2009 et 2021, ce taux a fortement chuté pour le poulet (-24 %) et les fruits tempérés (-14 %), quand il a progressé de 33 % pour le soja (relance de la culture en France) et de 9 % en viande ovine (baisse de la consommation).

 

Grandes cultures : les surfaces françaises de sorgho en hausse de 20 % sur cinq ans

Réunis à l’occasion du salon international de l’agriculture, Semae (interprofession des semences), Sorghum ID (interprofession européenne du sorgho) et la coopérative Arterris ont organisé le 1er mars une conférence autour du sorgho, cinquième céréale cultivée au monde. « Présente dans l’ensemble de l’Europe, la plante y a trouvé sa place même dans des régions d’Europe centrale », constate Valérie Brochet, déléguée Sorghum ID. À l’échelle hexagonale, la plante est particulièrement présente dans le sud-est de la France, avec « une remontée des zones cultivables grâce aux progrès génétiques », poursuit-elle. Depuis cinq ans, la plante a ainsi vu ses surfaces augmenter de 20 %, rapportent les acteurs de cette filière naissante. Reste qu’elle est encore peu développée si on la compare à d’autres céréales comme le maïs. « C’est le problème de l’œuf et de la poule. Il faut que l’industrie s’y mette mais elle manque encore de disponibilité sur le marché », précise Régis Boisseau, délégué régional Semae Sud-Ouest. Aux yeux de Valérie Boisset, « il est dommage d’opposer sorgho et maïs ». Elle espère pouvoir faire « connaître le sorgho pour ce qu’il est, et ses spécificités », parmi lesquelles une bonne résistance au stress hydrique.

 

Fruits et légumes d’industrie : aides couplées en hausse pour 2022 (JO)

L’arrêté fixant le montant unitaire des aides couplées pour les fruits et légumes destinés à la transformation pour la campagne 2022 est paru au Journal officiel le 1er mars. Le texte dévoile des hausses par rapport à la campagne précédente. L’aide à la production de cerises d’industrie est fixée à 584 € (contre 561 € l’an passé), celle pour la pêche pavie est de 563 € (contre 527 €), celle pour la poire est de 1420 € (contre 1310 €), celle pour la tomate d’industrie est de 1200 € (contre 1055 €). En outre, l’arrêté précise que l’aide unitaire pour la production de pommes de terre féculières est fixé à 89 € (contre 78 €).

 

L’ancien député Grégory Besson-Moreau reconverti dans la finance, chez Demeter

Auteur de la proposition de loi Egalim 2, l’ancien député LREM Grégory Besson-Moreau – qui avait été battu en 2022 aux législatives – travaille « depuis quelques mois » pour la société d’investissement française Demeter, où il exerce en tant que « partner venture », rapporte-t-il à Agra Presse. Demeter a lancé en 2018 un fonds de capital-risque de 100 millions d’euros dédié aux start-up agricoles, et cherche à en lancer un nouveau de 200 millions d’euros dédié à « l’agriculture, l’agroalimentaire et l’agroécologie » (voir dans cet Agrafil). En janvier, sa compagne Aurore Bergé et lui-même avaient fait l’objet d’une polémique dans le cadre de l’examen de la proposition de loi Descrozaillle, qui fait suite aux lois Egalim 1 et 2. La présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée avait récusé toute soumission aux lobbies agroalimentaires et notamment à l’Ilec, accusé par la grande distribution d’être à l’origine du texte de Renaissance. Selon les informations de l’AFP, Grégory Besson-Moreau aurait été en lien avec l’Ilec dans le cadre de son activité de conseil en stratégie. L’ex-député avait contesté auprès de la Lettre A n’avoir « jamais signé le moindre contrat ou adressé de factures à l’Ilec ».

 

Erratum sur le nom du nouveau directeur de la FNPL, Benjamin Guillaumé

Le nouveau directeur de la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) est Benjamin Guillaumé et non Benjamin Guillemet, comme indiqué par erreur dans l’Agrafil du 1er mars.