Julien Gaudry à Fontaines
Julien Gaudry à Fontaines La volaille par amour

Publié par Cédric Michelin
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Ce n’est pas forcément les volailles que Julien Gaudry aurait naturellement choisi pour s’installer. Mais le destin, l’amour et quelques contraintes (foncières notamment) l’ont poussé vers ce choix. Un choix qu’il ne regrette pas car il a bien pris le temps de murir son projet économique avec un bâtiment moderne sur place à Fontaines résolument tourné vers le bien-être animal "automatique".

Julien Gaudry à Fontaines La volaille par amour

En étude (Bac Pro ; BTS) au lycée de Fontaines, le jeune Julien Gaudry effectue un stage non loin au Gaec Les Parées. Il y rencontre alors la fille de Marie et Lionel Dubois. Cette rencontre change leurs vies à tous. Julien intègre le Gaec en 2017. Mais les conditions de son installation ne sont pas simples pour autant. Trouver du foncier à Fontaines est « très compliqué » sur ces anciennes parcelles à vigne morcelées. Le Gaec exploite environ 283 ha (180 ha de cultures ; 60 mères à veaux), une soixante en propriété mais le reste appartient à plus d’une centaine de propriétaires et aucune parcelle n’excède les 4 ha. Des terrains existent plus loin mais obligeraient à de longs trajets. La solution d’une production hors-sol sur place se dessine alors. Après avoir pris des renseignements et visiter des productions de volailles label ou AOC de Bresse, le Gaec opte plutôt pour la filière dite standard avec LDC. L’entreprise à Louhans a la particularité de « travailler du frais et pas du congelé donc tout ce qui est mis en place est déjà vendu », explique son technicien LDC, Sébastien Putigny qui le suit depuis le début et lui apporte ses précieux conseils d’éleveur de volailles de Bresse, qu’il est également.

Bien-être « naturel »

Le choix est fait de partir sur un bâtiment de 1.300 m2, modulable, pouvant accueillir des bandes au maximum de 30.000 poulets, de dindes et même des canards si Julien a envie d’essayer un jour. Dans une zone classée, les architectes des bâtiments de France imposent la plantation d’arbres pour intégrer le bâtiment dans son paysage et également un bardage bois imposé dans le PLU de la commune… Malgré cette règle contre-indiquée sanitairement pour un poulailler, les travaux sont lancés en janvier et le premier lot est sort en novembre 2018. Sur le terrain plat attenant au reste de l’exploitation, l’étanchéité est parfaite jusqu’à la dalle bétonnée, « évitant ainsi les ponts thermiques », avec des panneaux sandwich insérés sur la charpente métallique.
« Avant, le travail se faisait dans l’obscurité » mais aujourd’hui, l’éclairage « naturel » (Led ; 4-16-4) complété par des vitres à double vitrage (avec argon ; surcoût de 15€/m2) et des occultants devant les volets toujours pour une bonne isolation. Ouvertures et fermetures sont automatisées avec une horloge astronomique. Avec les indications des luxmètres, le logiciel permet également de gérer à distance l’intensité des lumières et ainsi réaliser des économies d’énergie (estimé autour de 70 % par rapport à des néons).

Prêt pour les canicules

« Le plus dur, c’est la gestion de la ventilation », concède Sébastien Putigny. L’avancé d’air doit être régulière sur tout le bâtiment autour d’1,5 m/s pour donner un ressenti de 8-10°C à l’intérieur et ne jamais dépasser 70% d’hygrométrie. « En Espagne, il faut 2,5 m/s », compare Julien Gaudry, qui a ainsi pu mieux gérer les derniers épisodes caniculaires, « dont une fin de lot bien gérée. Ce qui nous a conforté dans nos choix ». « Il faudrait néanmoins rajouter une turbine » pour arriver à ce débit. Le bâtiment est actuellement équipé de trois ventilateurs sur la longueur du bâtiment, tandis qu’une turbine est installé au pignon. Un système de brumisation permet de « mieux rafraichir » le bâtiment. Le système se coupe automatiquement dès que les bons indicateurs sont atteints. Pour autant, Julien garde en tête que la technique n’est pas infaillible et n’hésite pas « à se mettre dedans avec une chaise » pour avoir son propre ressenti.

A l’inverse, l’hiver, un système de chauffage par radiant peut également servir à « assécher » si besoin l’atmosphère. A chaque fois, le système central informatisé de régulation envoi des alertes, y compris sur Smartphone, s’il détecte un problème technique ou une surconsommation.

Aller chercher la performance

Les souches de volailles sélectionnées par LDC pour leur croissance rapide (poulet de 2 kg en 35 jours) font qu’il faut bien gérer également l’eau et l’alimentation. L’eau est distribuée dans des pipettes à débit et diamètre précis. La pression dans la colonne est surveillée. L’alimentation dans des gamelles adaptées permet « d’aller chercher la performance et maintenir l’indice de consommation ». Julien l’avoue volontiers, « il faut s’intéresser au logiciel pour bien comprendre ce que les réglages impliquent dans le bâtiment. Faire des tests sans tout changer. Le bâtiment ne réagit pas toujours pareil. Il faut au moins 2-3 lots avant de bien maitriser ». Sans compter les heures de téléphone passé avec son technicien… L’entretien régulier est une évidence. Julien ramène « tout au milieu » pour curer et éviter d’abimer accidentellement les panneaux. Une société de nettoyage « intervient par sécurité » en complément du travail fait par Julien et ses beaux-parents.
Le Gaec a fait analysé ses fumiers « très concentrés » à 36 unités d’azote par tonne. Soit un apport annuel de 7.000 unités d’azote, 6.000 de phosphore et 6.000 de potasse en moyenne. « Nous ne l’intégrons pas dans nos études de rentabilité mais on considère qu’il est possible d’économiser ainsi 10.000 € d’intrants avec un bâtiment de 1.350 m2 ». Un plus donc pour rentabiliser cet investissement qui a nécessité un emprunt amortissable sur 15 ans, selon le prévisionnel et la contractualisation avec LDC.