Enherbement et désherbage
« Remise à jour » conseillée

Mis en ligne par Cédric MICHELIN
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Après un automne sec, un hiver pluvieux, le printemps 2020 était carrément estival avant de revenir à un temps plus de saison à l’heure actuelle. Quelle(s) gestion(s) du "désherbage" dans de telles conditions et quelles conséquences de l’enherbement ? Éléments de réponse avec Guillaume Paire, technicien à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, spécialiste de ces questions.

« Remise à jour » conseillée

Le changement climatique a engendré un débourrage précoce encore ce printemps, a posteriori, comment fallait-il gérer l’enherbement des parcelles pour minimiser le risque de gel printanier ?
Guillaume Paire : On préconise de ne pas travailler les sols jusqu’à huit jours avant la période à risque pour ne pas amplifier le phénomène gélif. C’est le même conseil d’ailleurs pour la gestion des enherbements. Il est important de dégager le cep si l’enherbement est trop haut mais il vaut mieux minimiser les interventions au sol à la veille des périodes gélives.
Du côté des couverts végétaux, il n’y a pas de règle unique, mais il faut être prudent à la veille des gelées. Les vignerons choisissent leurs variétés, souvent en mélange, en fonction de leurs besoins : on retrouve beaucoup de féveroles, de moutardes, de trèfles… La moutarde blanche permet par exemple d’améliorer la fertilité minérale en rendant assimilable la potasse du sol. On fait de plus en plus de formations sur les couverts végétaux en viticulture. On s’inspire d’ailleurs de ce qui se fait en grandes cultures, filières végétales qui sont en avance avec notamment les intercultures.

Le printemps 2020 a été "estival", chaud et sec. N’y avait-il pas un risque de concurrence hydrique pour la vigne avec l’enherbement ou les couverts végétaux à terme si la pluie n’était pas revenue ?
G.P. : Le désherbage demande de la technicité, de la rigueur en période sec, que ce soit en chimique ou, encore plus, en mécanique. Mais ce printemps, la météo a été avec nous, avec des pluies aux bons moments. Actuellement, l’alternance de pluies fait que les parcelles se reverdissent rapidement. Les vignerons doivent donc ne pas se laisser prendre de vitesse et faire « les remises à jour » d’entretien nécessaire surtout en désherbage mécanique.
Après la période de risque de gel, il était conseillé de broyer, de tondre ou de pré-enfouir avec des disques les couverts végétaux. Pour restituer la fertilisation des légumineuses par exemple, sans rêver non plus, cela ne compense pas un amendement classique. Ces "engrais verts" ne corrigent pas les carences. Mais cela contribue à améliorer la vie microbienne pour la structure des sols, ce qui limite l’érosion et rend les sols plus fonctionnels. La vigne en profite en compensant un peu ses exports de l’année.

Quels conseils donneriez-vous pour cette fin de campagne en matière de désherbage ?
G.P. : Pour l’heure, la pluviométrie a été plutôt clémente, avec une récolte qui s’annonce jolie. Maintenant, il ne faut pas se laisser prendre par les liserons, les graminées… et donc se « mettre à jour » avec un entretien sous le cep. Si le désherbage n’est pas mécanique, il faudra arrêter les interventions tôt car la maturité est en avance, nous en sommes déjà au stade fermeture de la grappe. Heureusement, les urgences se calment : lutte phytosanitaire, rognage, relevage… se terminent. Mieux vaut donc passer des outils simples et rapides comme des bineuses à doigts, des lames interceps, voire des disques juste en surface. La règle un binage égal deux arrosages se confirme et donc les travaux de désherbage sont quand même à positionner à des températures modérées et non lors de fortes chaleurs, même si les plantes déracinées en conditions chaudes et sèches ne reprennent pas.