Lait : La FNPL en faveur d’un freinage indemnisé de la production

Cédric MICHELIN
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Pour faire face à la crise du Coronavirus qui désorganise les circuits commerciaux, la FNPL appelle les producteurs à modérer leur production. La non-production serait indemnisée par un fonds créé par l’interprofession.

Lait : La FNPL en faveur d’un freinage indemnisé de la production

Face à la crise sanitaire qui perturbe les circuits commerciaux (fermeture de la restauration hors foyer, interdiction des marchés ouverts, changement du comportement des consommateurs), la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) encourage les producteurs à freiner leur production. Les éleveurs pourraient lisser le pic de production saisonnier en jouant sur l’alimentation et/ou le tarissement anticipé des vaches. Ils éviteraient ainsi l’engorgement des outils de transformation et la baisse brutale des cours. Cette analyse, Thierry Roquefeuil, président de la FNPL et du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), l’a faite partagée par la filière. « On s’est mis d’accord sur un schéma de réduction de la production au mois d’avril qui serait compensée avec la mise en place d’un fonds », a-t-il déclaré à l’AFP. Dès le mois d’avril, les éleveurs sont appelés, sur la base du volontariat à réduire leur production de 2 à 5 % par rapport au même mois de l’an dernier. Mais cet effort pour les éleveurs qui s’engagent dans cette voie sur une base volontaire doit être accompagné par un dispositif d’indemnisation collectif, estime la FNPL. Ainsi, un fonds de 10 millions d’euros, alimenté par l’interprofession permettra d’indemniser ceux qui jouent le jeu à hauteur de 320 euros/1 000 litres de lait.

L’appel aux pouvoirs publics et à Bruxelles

Cette mesure devrait permettre de diminuer d’environ 30 millions de litres la production en avril atténuant ainsi le pic de collecte saisonnier. Pour ce mois de l’année, les éleveurs produisent habituellement 3,3 % de lait en plus par rapport aux autres mois, soit environ 64 millions de litres supplémentaires. « Nous demandons aux pouvoirs publics de prendre part à ce dispositif de solidarité créé par l’interprofession et à l’Europe d’autoriser ces aides aux réductions de volume », estime pour sa part la FNPL. « C’est vraiment une mesure exceptionnelle, la filière se prend en main, mais il faut que chacun fasse ensuite des efforts à son niveau », précise Thierry Roquefeuil. Ainsi, appelle-t-il la Commission européenne à débloquer des aides au stockage privé pour indemniser les entreprises qui acceptent de stocker des produits laitiers (fromages, beurre, poudre). Cet engagement des producteurs doit être conditionné également par celui des partenaires à la filière de poursuivre la collecte et la transformation sur l’ensemble du territoire et de maintenir les prix, voire de les augmenter, en contrepartie de la modération des volumes.