Inflation
Comment les consommateurs arbitrent leurs achats

Cédric Michelin
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Alors que l’inflation pourrait atteindre 10 % à la fin de l’année, les consommateurs sont en quête des produits les moins chers.

Comment les consommateurs arbitrent leurs achats

Le pouvoir d’achat est aujourd’hui le premier sujet de préoccupation des Français, conclut une étude du panéliste NielsenIQ pour l’Ania (Association nationale des industries alimentaires). L’inflation sur les produits de grande consommation a atteint 7,5 % en septembre et pourrait atteindre 10 % en décembre. « Sur un budget moyen, cela représente 43 € supplémentaires par mois », signale Xavier Ségalié, directeur général de NielsenIQ France. Or, douze millions de foyers se disent « fragilisés » par le contexte économique. C’est sept millions de plus qu’en décembre 2021 et quatre millions de plus que pendant la crise Covid.

Cette inquiétude se ressent dans le comportement des consommateurs : ils achètent moins. Les ventes de produits alimentaires ont reculé de 1,7 % en volume cette année. En termes de valeur, le chiffre d’affaires des PGC-FLS progresse de 1,6 % sur un an, sous l’effet de l’inflation. Les familles sont celles qui rognent le plus sur leurs achats (-5 %), particulièrement sur les produits frais en rayon « traditionnel » (-14,5 % en boucherie). En revanche, les ménages de plus de 50 ans sans enfant continuent de consommer (+2,8 %).

Retour en force des hypermarchés

Pour remplir leurs frigos, les Français se tournent vers les produits les moins chers. « Les foyers font plus attention : plus de promotions, moins de bio », résume Xavier Ségalié. Les produits bio ont perdu 5,3 % de chiffre d’affaires par rapport à 2021, même s’ils restent en progression de 9,2 % par rapport à 2019. En revanche, les produits de marque de distributeur (MDD) – qui semblent plus économiques – bénéficient de leur « image prix ». Les ventes restent stables cette année, après avoir baissé tout au long de la dernière décennie. Ce sont aussi les produits dont les prix ont le plus augmenté ces derniers mois.

La recherche des bonnes affaires se traduit également dans les lieux de ventes. Après avoir été boudés ces dernières années par les consommateurs, les hypermarchés « se refont une santé » : +2,3 % de CA contre +1,1 % pour les supermarchés en 2022. Les Français sont aussi toujours plus nombreux à fréquenter les « solderies », y compris pour leurs achats alimentaires.

Autre sujet de préoccupation pour les consommateurs en 2022 : les pénuries. Moutarde, huile de tournesol, foie gras… La liste des produits qui ont manqué – ou manquent encore – dans les rayons est longue. Alors qu’il tourne habituellement autour de 4 %, le taux de rupture a été de 6 % cette année. Le manque à gagner brut est estimé à 2,7 Md€.