Prévisions nationales
Une moisson 2021 abondante

Françoise Thomas
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Après une année 2020 très faible, les récoltes des céréales d’hiver sont en nette augmentation en 2021 grâce surtout à une progression des rendements. Mais les inquiétudes portent sur la qualité des grains affectée par une forte humidité.

Une moisson 2021 abondante

Après une moisson 2020 très en retrait pour les cultures d’hiver, les récoltes de céréales sont en nette hausse en 2021, estime le Service statistique du ministère de l’Agriculture, Agreste. Selon l’estimation réalisée au 1er août, la production de céréales atteindrait 66,7 millions de tonnes (Mt) contre 57,5 Mt en 2020. La production de blé tendre augmenterait en un an de 7,5 Mt à 36,7 Mt (+25,8 % par rapport à 2020 et +10 % par rapport à la moyenne 2016-2020). Les surfaces de blé tendre sont estimées quant à elles à 4.942 milliers d’hectares, en augmentation de 16 % et de 2 % par rapport aux surfaces moyennes 2016-2020.

Néanmoins, l’estimation début août a été revue à la baisse de 0,4 Mt par rapport à celle de juillet. Ainsi que le rendement qui a été ramené à 74,2 q/ha (contre 75,1 q/ha au 1er juillet). Il est cependant supérieur de 7,8 % à la moyenne quinquennale 2016-2020. Les régions de l’Ouest, très impactées l’an dernier par la baisse de la production, voient leur récolte rebondir nettement : Poitou-Charentes (+ 63,6 % sur un an), Pays de la Loire (+55,6 %) ou encore Bretagne (+ 21,6 %). Si les quantités retrouvent un bon niveau, les inquiétudes se portent, en revanche, sur la qualité des grains, affectée par une forte humidité.

Nette progression du blé dur et des orges 

La récolte de blé dur est aussi en nette progression. Elle est estimée à 1,6 Mt et augmenterait de 21,7 % sur un an mais elle resterait inférieure de 6,3 % à la moyenne quinquennale 2016-2020. Le rendement moyen (55,2 q/ha) augmenterait de 6,3 % par rapport à 2020 et de 5,1 % sur la moyenne quinquennale 2016-2020. Les surfaces consacrées au blé dur atteignent 288 milliers d’hectares contre 252 milliers d’hectares l’an dernier soit une hausse de 14,4 % sur un an mais sont en retrait de 10,8 % par rapport à 2016-2020.

La production d’orges atteindrait 11,7 Mt, en augmentation de 12,2 % par rapport à 2020 et de 1 % par rapport à la moyenne 2016-2020 malgré des surfaces en baisse (12,4 % à 1.727 milliers d’hectares). Mais le rendement est estimé à 67,7 q/ha, en forte progression sur les 52,6 q/ha de 2020. Les surfaces d’orges de printemps sont en nette baisse à 538 milliers d’hectares, représentant environ 31 % de la sole totale d’orges en 2021 contre environ 40 % en 2020.

Maïs : augmentation des rendements attendu 

Les premières prévisions faites à deux mois du début de la récolte de maïs sont indicatives mais elles donnent une récolte en recul de 3,1 % sur un an à 13,2 Mt (mais égale à la moyenne quinquennale 2016-2020). Les conditions de culture de cet été sont marquées par des pluies importantes, favorables au développement du maïs. Ainsi le rendement serait en forte progression à 91,8 q/ha soit 11,5 q/ha en plus par rapport à 2020. Alors que les surfaces de maïs-grain (y compris semences) enregistrent une recul d’environ 258 milliers d’hectares par rapport à 2020 à 1.434 milliers d’hectares. Par contre la production de maïs-fourrage serait en légère augmentation de 0,6 % à 16,6 Mt.

Recul du colza 

Pour les oléagineux, la progression serait de 1,7 % grâce à une hausse de la récolte de tournesol de 7,8 % et malgré un nouveau recul du colza de 2,1 %. Au 1er août, la récolte de colza est estimée à 3,2 Mt contre 3,3 Mt en 2020 (-2,1 % sur un an et -26,3 % par rapport à la moyenne 2016-2020). L’évolution à la baisse de la production s’explique par le recul des surfaces qui passent en dessous du million d’hectares à 977 milliers d’hectares malgré une progression du rendement qui atteint 33 q/ha, en hausse de 11,6 % sur un an.

La production de tournesol est estimée quant à elle à 1,72 Mt (+7,8 % en un an et +24,5 % sur la moyenne 2016-2020), en raison d’une nette amélioration du rendement qui atteindrait 25,0 q/ha contre 20,5 q/ha l’an dernier et malgré un recul important des surfaces (690 milliers d’hectares en 2021 contre 778 milliers d’hectares en 2020).

La production de soja, en hausse, est estimée à 427 milliers de tonnes. Elle progresse de 5,1 % en un an, du fait d’une hausse du rendement de 21,7 q/ha en 2020 à 27,4 q/ha en 2021 et malgré un repli des surfaces qui passent de 187 milliers d’hectares en 2020 à 156 milliers d’hectares en 2021.

Forte augmentation des protéagineux 

La production de protéagineux bondirait de 42 % sur un an et de 34,7 % par rapport à la moyenne 2016-2020. Les surfaces seraient en progression de 7,1 % sur un an et les rendements de 8,2 q/ha. La production de pois protéagineux serait en hausse de 43,9 % par rapport à 2020 et se répartirait à 80 % pour les pois protéagineux purs et 20 % pour les pois en mélange. La récolte de féveroles serait en augmentation de 37,1 % et celle du lupin doux de 3,4 %.

Les surfaces de betteraves industrielles s'établiraient à 408.000 ha, en baisse de 3,1 % sur un an. Quant à la production de pommes de terre de conservation et de demi-saison elle baisserait de 4 % sur un an tout en restant supérieure de 4,9 % à la moyenne 2016-2020. Elle est estimée à ce jour à 6,5 Mt.

Europe : hausse de la production également

Avec 127,2 Mt, la récolte de blé tendre de l’Union européenne est en hausse de 7,7 % sur un an, les surfaces progressant de 367 milliers d’hectares, le rendement étant estimé à 60,4 q/ha en 2021 contre 57 q/ha en 2020. Néanmoins, c’est la hausse de la production française qui explique pour l’essentiel la croissance européenne. Les pays de l’Europe de l’Est ont des situations contrastées avec une baisse de la récolte de 20 % en Pologne et des augmentations de 10,3 % en Hongrie et de 52,4 % en Roumanie.

La production de blé dur est aussi en augmentation, de 9,5 %. Comme la France, l’Italie l’autre grand producteur européen, voit sa récolte progresser de 21,7 %.

En revanche, la récolte d’orges, estimée à 54,1Mt, serait en diminution de 1,9 %, entrainée par le recul de 18,2 % de la production espagnole et des surfaces dans l’Union européenne. Alors que les rendements progressent de 48,7 q/ha à 50,5 q/ha.

La production de colza atteint 16,7 Mt, en hausse de 3,4 % sur un an avec des surfaces stables notamment grâce à l’Allemagne, premier producteur européen qui voit sa production augmenter de 6,7 % et la Roumanie dont la récolte affiche une progression de 58,2 %.

Céréales 2020 : la récolte en partie compensée par les prix

Dans une note parue le 23 juillet, Agreste explique que « les prix [des grandes cultures] sont très fermes » en 2020-2021, compensant « partiellement » la mauvaise récolte 2020. Le service de statistique du ministère de l’Agriculture s’appuie sur une estimation du Conseil international des céréales (CIC) parue en juillet : l’indice synthétique des prix des grains et des oléagineux a augmenté de 37 % par rapport à juillet 2020. Une hausse qui résulte « du dynamisme des importations chinoises, des craintes liées aux aléas climatiques et des effets de la crise sanitaire qui incitent certains États à effectuer des achats de précaution », indique la note. Les analystes du ministère observent que le prix du blé tendre rendu Rouen était de 208,5 €/t en moyenne pour la campagne 2020-2021, contre 178,8 €/t pour la campagne précédente. Au dernier trimestre de la campagne 2020-2021, les cours du maïs rendu Bordeaux sont évalués à 216,3 €/t en moyenne, contre 155,6 €/t un an plus tôt. Quant au colza (rendu Rouen), son prix moyen atteint 517 €/t au dernier trimestre de la campagne 2020-2021, contre 361 €/t. Par ailleurs, « la faiblesse des récoltes en 2020 en France fait exception parmi les hausses au niveau mondial », rappelle Agreste. L’année dernière, les récoltes françaises de céréales totalisaient 57,5 Mt, contre 71,3 Mt en 2019.