Concours de Saint-Christophe-en-Brionnais
L’excellence pénalisée au concours de Saint-Christophe-en-Brionnais

Marc Labille
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180 bovins de boucherie étaient rassemblés pour le prestigieux concours de Saint-Christophe. Si 90% des animaux ont trouvé preneurs, cinq des championnes sont tout de même restées invendues, reflet d’un marché qui pénalise l’excellence.  

L’excellence pénalisée au concours de Saint-Christophe-en-Brionnais
Le Gaec Lorton (Daniel, Sébastien et Julien) réalise un magnifique triplé sur ce concours en remportant le super prix d’honneur mâle, le prix éleveur naisseur et le prix spécial label rouge. Uniquement des animaux nés dans cet élevage de Poisson, spécialisé dans les bêtes de haute qualité.

Samedi dernier, le concours de bovins de boucherie de Saint-Christophe-en-Brionnais a rassemblé 180 animaux sous le foirail du marché. Concourraient environ 70 génisses, une cinquantaine de vaches, une trentaine de génisses culardes, dix vaches culardes et douze bœufs. En dépit de l’état des prairies du Brionnais grillées par la sécheresse, les bêtes présentées étaient une fois de plus d’un très haut niveau avec des finesses de viande qui font la renommée du rendez-vous. Près de 90 % des animaux ont trouvé preneurs à l’issue des jugements. Un score honorable malheureusement terni par le fait que cinq des dix grands prix n’ont pas trouvé preneur. Des bêtes comptant parmi les toutes meilleures du concours, auréolées de prestigieuses plaques et que les acheteurs ont décidé de bouder, préférant se fournir avec des animaux un peu moins primés.

Des tarifs raisonnables

Dans les prix d’honneur, les invendus étaient déjà plus rares et les premiers et deuxièmes prix ont presque tous été vendus. Concernant les prix, sans surprise, quasiment aucune bête n’a franchi la barre des dix euros. Mais pour les prix d’honneur et premiers prix, les tarifs étaient somme toute assez convenables avec des génisses prix d’honneur payées 7,30 € - 8,30 € le kilo de carcasse ; des génisses 1er prix à 6,30 €, 7 € ou 7,50 € ; des culardes prix d’honneur à 8,50 €, 8 € pour des premiers prix. Quant aux vaches, des prix d’honneur se sont négociés à 6,80 € ; des 1er prix ont été payées 6 €- 6,50 € ; 5,80 € - 6 € pour des vaches 2e prix… Une vache cularde a été vendue 7,30 € et un bœuf 1er prix a été adjugé 6,10 €. À noter que le super prix d’honneur mâle a tout de même été acheté 9 € le kilo de carcasse.

Qualité pénalisée

Ce bilan mitigé était attendu par les connaisseurs. En ce moment, avec des cours de la viande toujours bien orientés en ferme, le marché pénalise les bêtes de qualité qui n’ont pas profité de l’embellie dans les mêmes proportions que la viande ordinaire. Cette tendance s’est retrouvée sur le concours avec des acheteurs qui n’ont pas fait de folie. Pour les engraisseurs de bêtes exceptionnelles, le coup est dur. C’est en effet démoralisant de voir le fruit d’un tel travail dévalorisé, d’autant plus au regard des frais engagés. Du côté des acheteurs, on entendait dire que les bouchers avaient beaucoup de mal à répercuter une hausse des prix au consommateur.

L’an prochain le 40e !

Avec seulement 10 % d’animaux invendus, le bilan était malgré tout satisfaisant pour les organisateurs. Cette année encore, le déroulement du concours de Saint-Christophe était irréprochable. « Les exposants apprécient notre infrastructure et le fait que le concours se déroule sur une seule journée », se félicitait le président Philippe Velut. Ce dernier annonçait que le prochain concours serait le quarantième. Un anniversaire que le comité organisateur ne manquera pas de fêter, promettait d’ores et déjà le président.

 

Palmarès

Super grand prix : SARL Chapon Négoce (42).

Super prix d’honneur femelle : Gaec Santiana frères (03).

Super prix d’honneur mâle : Gaec Lorton père et fils, Poisson.

Grand prix d’honneur label femelle : Jean Bresson, Ligny-en-Brionnais.

Grand prix d’honneur label mâle : Pascal Duret (03).

Super prix d’honneur vache cularde : Gaec Santiana frères (03).

Prix éleveur naisseur : Gaec Lorton père et fils, Poisson.

Grand prix spécial génisse : Gaec de l’Official, Montmort.

Grand prix spécial vache : Cédric Ducarouge, Sainte-Foy.

Prix spécial label rouge : Gaec Lorton père et fils, Poisson.

Prix d’honneur

Bœufs : EARL Cadot (42) ; Gaec de l’Official, Montmort.

Génisses : Jean Bresson, Ligny-en-Brionnais ; Jacques Chabannes (42) ; EARL Segaud Jérôme, Montmort ; Gaec des Chandons, Anzy-le-Duc.

Génisses culardes : Étienne Vollot, Couches (2) ; Gaec Lorton père et fils, Poisson ; EARL Alloin père et fils, Curbigny. 

Vaches : Chapon Négoce (42) ; Fabrice Lapray, Amanzé ; Gaec Lorton père et fils, Poisson ; Gaec Desvignes père et fils, Saint-Vincent-Bragny.

Vaches culardes : Gaec Santiana frères (03) ; EARL Segaud Jérôme, Montmort.

Une préparation d’athlète de haut niveau !
Pascal Duret et sa fille tout heureux d’avoir un bœuf grand prix d’honneur à Saint-Christophe.

Une préparation d’athlète de haut niveau !

Pour sa première participation au concours de Saint-Christophe, Pascal Duret a remporté le grand prix d’honneur label mâle avec un impressionnant bœuf qui devrait donner entre 760 et 780 kg de carcasse ! Venu de l’Allier et fréquentant déjà quelques concours de bovins de boucherie là-bas, cet engraisseur ne cachait pas sa fierté d’être primé à Saint-Christophe dont il connait la renommée. Double actif travaillant dans la nutrition animale, Pascal Duret est un passionné qui, aidé de sa fille, prépare chaque année une petite quinzaine de bêtes de boucherie qu’il commercialise en majorité auprès d’un chevillard de Vichy. Ses animaux ont la particularité d’être nourris avec une ration sèche à base d’épeautre (en plus de la pulpe, de la luzerne, du maïs floconné et du lin) qui garantit une meilleure tenue de viande, explique-t-il. Féru de diététique animale, Pascal Duret recourt à l’homéopathie pour favoriser la capacité respiratoire des bêtes à l’engraissement, optimisant du même coup le GMQ et l’indice de consommation. Autre volet de cette préparation d’athlète, Pascal Duret limite aussi le stress de l’animal, à travers une alimentation adaptée mais aussi en douchant les bêtes une fois par mois, en les tondant trois fois par an… Autant d’attentions qui favorisent la quiétude des bovins et qui font gagner des kilos en plus, assure l’engraisseur.