Filière ovine
Prolificité et intensification, facteurs de sobriété énergétique. L’agneau à 10 €/kg à Pâques 2025 ?
Rapportés à la quantité de viande produite, les systèmes d’élevage les plus intensifs et les plus prolifiques sont les plus frugaux en énergie, selon l’Institut de l’élevage (Idele). La consommation de carburant plombe le bilan énergétique des systèmes pastoraux. De quoi faire bondir plus d'un. Mais, ce ne sont pas les seuls paramètres à considérer pour être vertueux...
L’Institut de l’élevage a comparé les consommations en énergie de 159 exploitations du réseau Inosys « Ovin viande », représentatives de la filière ovine, à leurs performances technico-économiques. Parmi ces exploitations, cinq systèmes d’élevage ont été identifiés. Les fermes les plus intensives rattachées au système « Fourrager » consomment, 13,1 mégajoules par hectare de SAU (MJ/SAU) alors que leurs consœurs « Plaine herbager » (6,3 MJ/ha) sont bien plus frugales. En fait, l’énergie consommée par les exploitations ovines d’Inosys est répartie en quatre postes : carburant, électricité, aliments achetés et engrais minéraux. Dans le système « Pastoral » (11.724 MJ/ha), le poste carburant des exploitations affiliées représente 59 % de l’énergie consommée alors que les fermes des quatre autres systèmes sont proportionnellement plus sobres.
Effet de dilution
Au sein du système « Fourrager », les aliments achetés par les exploitations affiliées équivalent à 41 % de l’énergie consommée contre 27 % pour leurs consœurs « Pastoral collectif ». Enfin, les deux postes engrais et électricité des élevages des cinq systèmes représentent 4 % à 14 % de la consommation totale d’énergie.
Rapportés à la viande produite, les élevages les plus intensifs et les plus productifs sont les plus frugaux : environ 5.000 MJ par 100 kilogrammes équivalent carcasse (kgéc) pour les systèmes « Fourrager » et « Plaine herbager » et un peu plus de 7.000 MJ/100 kgéc pour « Pastoral collectif » et « Pastoral individuel ». La sobriété énergétique des deux premiers systèmes s’explique par un effet de dilution. Le chargement par hectare de surface fourragère principale (SFP) très élevé (jusqu’à 1,8 UGB) et la prolificité de leurs troupeaux permettent de répartir sur un nombre important d’animaux les coûts des énergies consommées. A contrario, le poste carburant très important et les autres dépenses énergétiques pénalisent les exploitations rattachées au système « Pastoral » car ces charges sont supportées par des élevages moins productifs. En attendant, ces consommations d’énergie directe et indirecte génèrent des charges de structure qui pèsent sur les résultats économiques des exploitations ovines passées au crible.
Perspectives d’amélioration
Or le seuil de rémunération des producteurs de deux Smic par unité de main d’œuvre (UMO) n’a été atteint dans aucun de cinq systèmes ovins l’an dernier. Le revenu par UMO des producteurs y oscille entre 0,6 smic et 1,2 smic. En fait, la stabilité des charges à des niveaux très élevés (flambée en 2022) n’a pas permis de dégager, l’an passé, des marges suffisantes pour générer des revenus rémunérateurs alors que le prix de la viande a globalement augmenté de 5 %. Mais les montants des aides Pac ont baissé dans la plupart des exploitations ovines. Par ailleurs, les producteurs d’ovins céréaliers ont vu leur revenu s’effondrer consécutivement à la chute des prix des grains. Surtout, la disparité des revenus entre éleveurs rattachés à un même système est aussi importante que celle observée en matière de consommation d’énergie. Toutefois, la sobriété des exploitations modèles offre des perspectives d’amélioration pour les autres. Parmi les élevages les plus performants économiquement, nombre d’entre eux recourent aux Cuma pour réaliser leurs travaux. Et l’installation de panneaux photovoltaïque réduit aussi leur facture d’électricité. Par ailleurs, produire en abondance des fourrages et des protéines végétales, diminue les quantités d’aliments achetés et par conséquent la consommation d’énergie indirecte des exploitations. Enfin, finir les agneaux à l’herbe et allonger autant que possible la durée de pâturage font aussi partie des pistes tout à fait envisageables pour rendre, à la fois, les systèmes ovins plus sobres en énergie et plus performants économiquement.
L’agneau à 10 €/kg à Pâques 2025 ?
« Il est difficile et trop tôt pour évaluer un effet de la fièvre catarrhale ovine (FCO 3 et 8) sur les élevages ovins, mais celle-ci pourrait impacter la production ovine dans les mois à venir : la filière est particulièrement attentive aux approvisionnements pour Pâques 2025 », analyse l’Institut de l’élevage (Idele). Au mois d’octobre, le marché de l’agneau a été équilibré. Semaine 40, close le 7 octobre dernier, l’agneau cotait 9,56 €/kg, soit 1,52/kg de plus que l’an passé. Après deux mois de hausse, son cours s’est stabilisé au niveau atteint le printemps dernier pendant la période de Pâques et l’Aïd. Il avait alors gagné plus d’un euro en moins de 6-8 semaines. Si le prix de l’agneau devait de nouveau augmenter au printemps prochain, il pourrait atteindre, voire dépasser les 10 €/kg à Pâques... en France seulement ? Une hypothèse « plausible », selon l’Idele. Au cours des neuf premiers mois de l’année, les achats de viande ont diminué de 9 % comparés à 2023 et le disponible avait entre-temps baissé de 5 % entre janvier et août. La production abattue de viande ovine était alors en recul de -5 % d’une année sur l’autre, à 50.000 téc (- 13 % versus 2019 -2023) et les importations de – 5 % à 54.000 téc.