Mouton charollais
Ses performances séduisent l’Iran

Les promoteurs du mouton charollais poursuivent leurs efforts pour assurer un débouché aux agnelles reproductrices. Si la FCO a eu raison de la seconde vente aux enchères d’agnelles prévue mi septembre, en revanche, un nouveau marché export est en train de se concrétiser avec l’Iran, très intéressé par les performances exceptionnelles de la race.
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Les évènements de 2015 auront une fois de plus chamboulé les projets des éleveurs de mouton charollais. Le 3 juillet dernier à Charolles, ils avaient réussi à mettre sur pied leur première grande vente d’agnelles reproductrices. Un évènement préparé de longue date, qui devait avoir une suite en septembre et qui était destiné à remplacer les marchés export, devenus trop incertains. 140 agnelles avaient ainsi trouvé preneurs aux enchères électroniques et ce nouveau mode de commercialisation de la génétique avait été remarqué au niveau national. L’objectif d’une telle vente était aussi de revenir au marché français, en promouvant le développement d’élevages en race pure.
Les organisateurs attendaient beaucoup de la seconde vente en septembre. Malheureusement, la FCO a contraint d’annuler le rendez-vous, coupant ainsi les organisateurs dans leur élan. Un nouveau coup de malchance après le faux bon essuyé en 2014 avec un client turc. Après avoir acquis un total de 1.250 femelles en 2012 et 2013, ce dernier avait en effet subitement disparu de la circulation au moment où il promettait de nouveaux achats conséquents. C’est cette déconvenue qui avait conduit les responsables de l’OS à se recentrer sur le marché hexagonal plus sûr. Mais cette fois, c’est la FCO qui est venue jouer les trouble-fête. Du coup, c’est de nouveau à l’export que les éleveurs de moutons charollais se sont trouvé un nouveau débouché d’ampleur.

En quête de génétique


« Depuis le printemps, nous avions de la demande sur l’Iran, mais une telle destination représentait un dossier lourd pour notre structure », confie Pascal Chaponneau, président de l’OS Mouton charollais. Les Iraniens étaient pourtant très intéressés par la race. « L’Etat iranien souhaite aujourd’hui intensifier sa production ovine en produisant autant de kilos de carcasse, mais avec moitié moins d’animaux. D’où leur choix d’investir dans le mouton charollais dont les potentiels de croissance et les poids de carcasse sont sans commune mesure avec leurs races locales », explique Pascal Chaponneau. De fait, un mouton charollais a la capacité de produire 19 à 20 kg de carcasse en seulement 110 à 120 jours. En Iran, il faut compter le double de temps avec les races autochtones.
Face à cette demande, l’OS Mouton charollais s’est rapproché d’autres structures de la génétique ovine française, notamment ROM Sélection (races rustiques du Massif central) et GEODE (OS regroupant plusieurs races à viande à Montmorillon). Le maître d’œuvre de l’opération est Jean-Luc Chauvel, président de ROM Sélection et par ailleurs président de Races de France, indique Pascal Chaponneau.

219 agnelles et vingt agneaux


Le 23 novembre dernier, l’OS Mouton charollais recevait une délégation iranienne en Saône-et-Loire. « Nous leur avons présenté les 219 agnelles et 20 mâles que nous leur avions triés. Ces animaux ont été vaccinés contre la FCO grâce à des doses qui nous ont été attribuées en urgence pour l’export. Le lot pourrait être prêt à partir pour l’Iran à compter du 8 décembre », confie Pascal Chaponneau.
Pour le choix des animaux, les acheteurs ont imposé un cahier des charges draconien validé par leur ministère. Ces reproducteurs doivent disposer d’index au moins égaux à la moyenne raciale voire supérieurs, indique-t-on à l’OS. Et la demande ne s’arrête pas à l’acquisition d’animaux. Les trois partenaires français se sont engagés ensemble pour fournir un appui technique de plusieurs années aux éleveurs iraniens. Un technicien dédié devrait ainsi être formé à cet effet. Là-bas, la conduite des moutons charollais prendrait la forme d’un élevage hors-sol. Le troupeau serait ainsi élevé en bâtiment, nourri avec une ration spécifique, pour laquelle les compétences françaises sont sollicitées ; Laurent Solas de la chambre d’agriculture est chargé de caler ces rations. Si l’Iran ne dispose pas des herbages verts du Charollais, en revanche le pays disposerait de terrains aptes à produire des cultures. Pour la ration, les Iraniens utiliseraient du maïs grain, de l’ensilage de sorgho, du tourteau de soja et de la luzerne déshydratée…

Concours national à Charolles en 2016


S’il n’est pas encore complètement finalisé, ce nouveau marché représente une véritable aubaine pour les sélectionneurs de moutons charollais. Il permettra de compenser la seconde vente annulée en septembre. En comptabilisant les autres animaux vendus en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Suisse, en Irlande, en Italie, cela ferait près de 500 reproducteurs commercialisés en 2015. Un débouché réconfortant pour les éleveurs. Si l’affaire s’avère concluante, les Iraniens pourraient importer d’autres troupes d’agnelles plus nombreuses, confie Pascal Chaponneau.
Ce nouveau marché ne remet pas en cause la tenue de ventes d’agnelles à Charolles, au contraire. L’an prochain, le concours national de la race sera transféré de Palinges à Charolles et se tiendra le vendredi 5 août 2016. Au concours proprement dit, succèderont, comme de coutume, la traditionnelle petite vente aux enchères d’agneaux, puis la vente des agneaux de station. Mais la journée ne s’arrêtera pas là puisque l’OS prévoit d’enchaîner avec une vente aux enchères d’agnelles triées sur le volet. Une seconde vente de femelles pourrait également être organisée en septembre… Affaire à suivre.


Changements dans l’indexation


A compter de 2016, des changements interviendront dans l’indexation de tous les ovins. Le système de notation + ou –, devenu complexe et pénalisant, sera abandonné au profit d’une indexation sur une base 100, à l’image de ce qui se fait en races bovines. Autre tendance : les éleveurs seront incités à favoriser davantage de connexion entre élevages. Ce taux de connexion entre élevages étant un gage de crédibilité pour l’indexation. Concrètement, pour y parvenir, les éleveurs sont invités à acheter des agneaux de station pour les utiliser à plusieurs ou encore de recourir à des béliers d’insémination du schéma de sélection.