Viticulture de précision
Bientôt des pulvés "intelligents"

Publié par Cédric Michelin
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Un démonstrateur capable de caractériser en temps réel la haie foliaire, soit le volume de feuilles présent sur une vigne, développé par le Le2i (1) a été présenté à l’occasion des Grands Rendez-vous Techniques de Bourgogne, à Beaune, les 4 et 5 novembre derniers. Un outil qui intéresse d’autant plus les viticulteurs que son utilisation permettrait alors d’adapter la pulvérisation en fonction de données fournies, avec à la clé une réduction significative des intrants. Prochaine étape pourle Vinipôle Sud Bourgogne et Nicéphore Cité, bâtir un consortium, en collaboration avec Vitagora®, autour d’un projet visant à développer un démonstrateur de pulvérisateur dit « intelligent ».
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« C’est dans ce cadre que Nicéphore Cité, le Pôle Image de Chalon-sur-Saône, avec lequel nous partageons un même intérêt pour l’utilisation d’outils d’imagerie afin de développer des solutions alternatives permettant d’utiliser moins d’intrants en viticulture, nous a mis en contact avec le Le2i », résume
Didier Sauvage, chef de service Vigne et Vin de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire et par ailleurs directeur du Vinipôle Sud Bourgogne (2). L'objectif de ce dernier est de promouvoir l’ensemble des techniques à destination des viticulteurs afin de mettre en œuvre des stratégies de production durable. Un certain nombre de travaux, d’expérimentations et de recherches appliquées, est ainsi mis en place dans le domaine viticole mais aussi œnologique.
Ce laboratoire regroupe plus de 200 personnes, dont le gros des équipes est localisé à Dijon et travaille sur l’électronique et l’informatique appliquée à l’image. D’autres chercheurs, basés à Auxerre, s’intéressent à la métrologie. Quant à ceux qui sont à Chalon-sur-Saône, au sein de l’Institut Image, ils font de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Enfin, au Creusot, les travaux menés portent à la fois sur la vision appliquée à la robotique mobile et la vision dite « non conventionnelle » comme l’imagerie thermique, ou encore dans l’ultraviolet, voire par polarisation.
Ingénieur de recherche au CNRS, c’est au Creusot que Ralph Seulin mène ses travaux qui, depuis sa thèse, l’ont conduit progressivement du contrôle qualité à la vision 2D puis, plus récemment, 3D. « Nicéphore Cité savait que nous étions très en pointe sur la vision embarquée. Aussi nous ont-ils contactés suite à la demande du Vinipôle Sud Bourgogne », explique-t-il. Un ingénieur d’autant plus satisfait de cette opportunité que les attentes du Vinipôle Sud Bourgogne correspondent parfaitement à un type d’étude qu’il souhaitait réaliser. Car effectuer des mesures en extérieur est un défi beaucoup plus complexe à relever que dans un environnement très contraint comme une usine. La météo change, les conditions atmosphériques sont variables, les formes évoluent au fil du temps… Autant de facteurs qui font que si beaucoup de techniques fonctionnent correctement en intérieur, elles sont vite
mises en défaut dès que l’on tente de les utiliser en extérieur.

Caractériser une haie en temps réel



« Un cahier des charges a été rapidement bâti pour réaliser une étude pouvant se résumer par une question : peut-on caractériser en temps réel une haie viticole ? ». Les travaux menés au cours de ces derniers mois ont déjà permis de boucler la partie caractérisation de la vigne en temps réel à l’aide de mesures 3D, qui a été démontrée puis validée. Un démonstrateur a pu ainsi être présenté lors des Grands Rendez-vous Techniques de Bourgogne.
« Le Le2i a réalisé un travail remarquable », déclare Didier Sauvage qui estime qu’il s’agit à présent de concevoir un prototype avant de transférer cette solution à des fabricants afin qu’ils puissent l’intégrer à leurs outils. « Ils ont l’air très intéressés. Avec Ralph Seulin, nous avons pu nous en rendre compte à Beaune, début novembre, quand nous avons fait des présentations des solutions proposées », ajoute-t-il. De leur côté, les viticulteurs présents à Beaune, ont eux aussi été très intéressés, d’autant plus que leur objectif est de réussir à proposer des outils de régulation automatisée faciles à mettre en œuvre et qui n’entraînent pas ou peu de surcoûts importants. Aussi les deux partenaires ont-ils désormais l’ambition de franchir une nouvelle étape en bâtissant un consortium, avec l’appui de Vitagora, autour d’un projet dont l’objectif serait de concevoir un prototype permettant de travailler à l’échelle d’un rang de vigne pour procéder à des essais en vraie grandeur. « C’est une étape intermédiaire un peu délicate puisqu’elle nécessite d’intéresser un certain nombre de partenaires, notamment financiers », observent-ils. Pour le Le2i et le Vinipôle Sud Bourgogne, 2015 apparaît donc comme une année-charnière qui va décider de la suite à donner à cette aventure pleine de promesses.

(1) Unité Mixte de Recherche CNRS/Université de Bourgogne/AgroSup Dijon/Arts et Métiers ParisTech
(2) Association fondée par la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, le Conseil Général de Saône-et-Loire et le Bureau Interprofessionnel des
Vins de Bourgogne (BIVB).