Bovins viande
Bovins viande : le manque de rentabilité accentue les décapitalisations

Publié par Cédric Michelin
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Depuis trois ans, la décapitalisation du cheptel allaitant s’accélère, principalement sous l’effet d’une faible rentabilité. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Idele (Institut de l’élevage), présentée lors de la conférence Grand angle viande, le 5 décembre. Entre décembre 2016 et décembre 2018, la France a perdu 151.000 têtes, soit une baisse de 4 %.

Bovins viande : le manque de rentabilité accentue les décapitalisations

Une « décapitalisation très rapide » qui s’est « poursuivie en 2019 », alerte Hélène Fuchey, économiste à l’Idele. Ce constat alarmant s’aggrave quand on analyse le nombre de détenteurs de plus de 20 vaches allaitantes. Régulière entre 2007 et 2016 (-800 éleveurs par an), l’érosion a vu son rythme doubler depuis 2017, à -1.500 éleveurs par an.

« Le manque de rentabilité est ressorti comme le principal facteur des arrêts dans toutes les régions », explique Hélène Fuchey, suivi par la charge de travail et le manque de main-d’œuvre. Un phénomène persistant en bovins viande, et aggravé par les sécheresses de 2018 et 2019. Ces difficultés économiques viennent alourdir la baisse démographique "naturelle" du nombre d’éleveurs. D’après les chiffres d’Agreste, la classe des 50-60 ans concentre 55 % des chefs d’exploitation et 49 % du cheptel de vaches allaitantes.

L’Idele, qui a étudié les dynamiques d’élevages dans quatre bassins de production, observe aussi des « contextes locaux contrastés ». L’Ouest (Vendée, Mayenne, Maine-et-Loire) semble le plus marqué, suivi par les zones historiques du Limousin et du Charolais, qui se situent dans la moyenne nationale. Comme partout ailleurs, la Lozère et le Cantal font face à des pertes d’éleveurs, mais leur cheptel progresse toujours. Des différences qui peuvent s’expliquer par « le contexte d’emploi local et la possibilité ou non de changer de production », avance Hélène Fuchey.

Combinée à l’incertitude sur les aides de la future Pac, cette évolution soulève des interrogations sur l’avenir de la filière. Une question qui concerne tout le secteur de l’élevage : pour Emmanuel Bernard, président du comité de filière bovins viande de l’Idele, « les chiffres ne montrent pas un transfert évident de la viande vers le lait et le cheptel laitier est aussi en érosion structurelle ».