POLITIQUE
Les femmes encore sous-représentées parmi les élus

Dans un milieu politique encore très masculin, pas facile pour les femmes de parvenir aux plus hautes responsabilités dans leur commune, leur département ou leur région. Rencontre avec trois femmes, élues en milieu rural, qui ont su briser ce plafond de verre.

Les femmes encore sous-représentées parmi les élus
Marie-Pierre Monier, sénatrice (PS) de la Drôme et vice-présidente de la délégation sénatoriale aux droits des femmes à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. ©Sénat

Alors que le monde entier célébrait ce lundi 8 mars la Journée internationale des droits des femmes, notre pays affiche encore des lacunes en matière d’accès aux mandats politiques pour les femmes. Avec 40,8 % de députées, 34,8 % de sénatrices ou encore 19,8 % de femmes maires, la France apparaît encore loin de respecter la parité. Ces chiffres progressent de scrutin en scrutin mais l’évolution des mentalités est beaucoup trop lente. Pour le mandat de maire par exemple, la part de femmes élues n’a progressé que de 3,8 % entre 2014 et 2020. D’autant plus marquée en milieu rural, cette inertie inquiète les élus de tous bords. Travaillant au quotidien sur cette problématique de parité, la délégation sénatoriale aux droits des femmes à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes organisait jeudi 4 mars dernier une table ronde sur l’accès des femmes aux responsabilités dans les collectivités territoriales rurales.

« Faire ses preuves quand on est une femme »

« Cette table ronde a permis à des femmes de raconter les freins qu’elles rencontrent lorsqu’elles veulent s’impliquer dans la vie politique : conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, comportements masculins décourageants, questionnement sur leur propre légitimité… En milieu rural plus qu’ailleurs, il faut faire ses preuves quand on est une femme », explique Edith Gueugneau, maire de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) et co-présidente du groupe de travail de travail « égalité femmes-hommes » de l’Association des maires de France (AMF). Réélue en 2020, Edith Gueugneau estime par ailleurs que le moindre poids des partis politiques dans les communes rurales complique la promotion de la parité. Pour autant, elle réfute l’argument prôné par certains selon lequel il serait difficile de trouver des femmes volontaires pour s’impliquer au niveau local. « Nous sommes largement minoritaires mais des femmes qui veulent s’engager dans les campagnes, il y en a beaucoup », confirme Cécile Gallien, maire de Vorey (Haute-Loire) depuis 2008 et également co-présidente du groupe de travail « égalité femmes-hommes » de l’AMF. L’édile déplore aujourd’hui que si les mentalités des électeurs ont évolué, celles des élus ne sont pas toujours irréprochables. « Les hommes sont beaucoup dans l’entre-soi, parfois sans même s’en rendre compte. Si certains sont tout à fait modernes et traitent tout le monde sur un pied d’égalité, d’autres ont du mal à considérer qu’une femme puisse être l’égale d’un homme. Certains nous coupent plus facilement la parole, font aussi des remarques déplacées qu’ils ne se permettraient pas avec d’autres hommes. »

Imposer la parité aux communes de moins de 1000 habitants

Pour contrer cette trop lente évolution des mentalités, plusieurs réformes ont été engagées ces dernières années. Désormais, les scrutins électoraux de listes imposent par exemple une composition paritaire, même si dans les faits les têtes de liste féminines restent encore trop rares. Seule exception à cette règle : les 24 869 communes françaises de moins de 1000 habitants. Contrairement aux villes de plus de 1000 habitants dans lesquelles a été institué un scrutin de liste paritaire, les villes de moins de 1000 habitants peuvent présenter aux élections municipales des candidatures isolées ou groupées mais sans contrainte de parité. C’est aujourd’hui le principal combat de la délégation sénatoriale aux droits des femmes à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. « Les communes de moins de 1000 habitants représentent plus de 70 % des communes françaises et sont en très grande majorité situées en milieu rural. Le fait que peu de femmes soient maires se répercute d’ailleurs au niveau des intercommunalités dans lesquelles les représentants des communes sont le plus souvent des hommes. L’AMRF et l’AMF portent cette proposition depuis deux ou trois ans, il faut maintenant que les législateurs s’en saisissent », affirme la sénatrice drômoise, Marie-Pierre Monier, vice-présidente de la délégation sénatoriale aux droits des femmes à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Débattue en 2019, cette question avait été supprimée en commission mixte paritaire. Malgré ce premier coup d’arrêt, elle devrait revenir sur le devant de la scène d’ici la fin d’année.

Pierre Garcia