Jean-Michel Aubinel
Une page se tourne

Cédric MICHELIN
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À l’issue de l’AG des vins Mâcon, au nom des nombreux élus des Conseils d’administration de l’UPVM, le président Jérôme Chevalier a appelé à la tribune son prédécesseur à ce poste, Jean-Michel Aubinel. 

Une page se tourne
Jean-Michel Aubinel et Jérôme Chevalier.

Jean-Michel Aubinel voyait son mandat d’administrateur UPVM se terminer en ce 1er juillet 2021 et un bel hommage était indispensable, légitime et mérité au vu de tout le travail qu’il a accompli au nom du collectif, que ce soit à l’UPVM comme dans d’autres organisations professionnelles agricoles, pas seulement viticole d’ailleurs.

Né le 27 juillet 1961 à Toulouse, Jean-Michel Aubinel a découvert la viticulture d’abord dans le sud de la France avant de rencontrer Marie-Thérèse Canard, fille de viticulteur dans le Beaujolais, qu’il épousera. Se présente à lui en 1991, une opportunité de s’installer à Prissé sur 5,80 ha. Le Domaine de la Pierre des Dames compte alors trois associés mais très vite s’agrandit à 25 ha d’appellations régionales et communales, dont 10% en cave coopérative et 90 % en cave particulière.

En 1992, Jean-Michel Aubinel s’implique dans le syndicalisme cantonal, départemental et régional. Il devient le premier président de CDJA, Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire, à être viticulteur de métier, en plus d’être membre de la chambre d’agriculture. En 1999, il devient président de l’Union des producteurs de vins Mâcon avant de céder la place à Pascal Gaguin. Ce dernier prendra ensuite la présidence de la Fédération viticole 71 laissant Jean-Michel Aubinel reprendre la présidence de l’UPVM en 2004 pour ne plus la quitter jusqu’en 2013. « Tu nous as donné une envie de te suivre, tu as su te battre, ton côté syndical toujours présent, donner la force, donner envie, tracer la voie… Jean-Michel, tu sais fédérer et travailler en équipe », saluait Jérôme Chevalier. Il a ainsi largement contribué à faire « rayonner l’appellation mâcon dans le monde entier » : Japon (2000), Russie (2006), Grande Saint-Vincent tournante de Bourgogne à "Mâcon" (2009), festival Mâcon Wine Note et 75 ans de l’AOC mâcon (2012)… 

De la CAVB vers le BIVB

N’allez pas croire que son implication s’est tarie, bien au contraire, surtout qu’en 2012, il est devenu président de la CAVB qui n’était alors encore qu’un syndicat naissant des vins d’appellations bourguignonnes : la Confédération des appellations et vins de Bourgogne. Un vestige sans doute de son passé de président de l’UDSD jusqu’en 2008, l’Union des syndicats de défense des vins AOC de Saône-et-Loire, dissoute alors.
Après deux mandats de président à la CAVB, maximum autorisés dans les statuts, en 2018, il aura finalement transformé la CAVB en syndicat d’hommes aussi. Il s’implique au côté de Michel Baldassini, président du BIVB, et sera d’ailleurs président de la Commission communication de 2002 à 2009 et aussi secrétaire général de la CAVB de 2007 à 2013. « Ta soif de syndicalisme viticole », comme la décrit Jérôme Chevalier, le mène à la Cnaoc à partir de 2003 pour en devenir aussi vice-président jusqu'en 2018. La présidence du BIVB lui tend alors les bras mais ce sera finalement François Labet qui sera élu, vigneron de Côte-d’Or et surtout plus "compatible" avec Louis-Fabrice Latour, élu par le négoce au BIVB.

« Je ne regrette pas »

« Une page se tourne », débutait Jean-Michel Aubinel qui avoue « maintenant regarder ce qui se passe et laisser la place aux jeunes », lui qui se félicitait de voir élu un jeune vigneron de Prissé à cette même AG. Remerciant les siens en ce jour, « j’ai passé beaucoup d’années au sein de l’UPVM (entré en 1995, NDLR), toujours avec un immense plaisir, ça a été beaucoup de challenges. La joie au quotidien d’être entouré d’une équipe et de gens motivés. De réaliser plein de choses et de découvrir le monde et ses marchés… Je ne regrette pas mon engagement même si parfois, cela s’est fait au détriment de mon Domaine. Je ne regrette pas, car on a une profession qui demande à être défendue et le sera encore à l’avenir », concluait-il invitant les jeunes générations à « prendre les relais car personne n’est irremplaçable ». À l’heure de l’individualisme, « croire qu’on peut s’en sortir tout seul, je pense que c’est faux, on aura toujours besoin d’une ODG, d’un syndicat d’appellation, d’une filière, d’être tous ensemble pour être plus fort et voir l’avenir avec de meilleurs yeux ». Un dernier discours qu’il continuera de porter dans les vignes même la retraite approchant.