Bilan récolte
Une année tout juste dans la moyenne

Françoise Thomas
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Cela a déjà été évoqué plusieurs fois : la sécheresse est venue fortement impacté les rendements des différentes cultures sur le département. Seul élément qui vient un peu compenser le manque à gagner : la qualité est au rendez-vous pour les cultures qui ont pu être récoltées.

Une année tout juste dans la moyenne

Le début de campagne des blés laissait espérer une belle récolte, en quantité et en qualité. Si au niveau sanitaire, rien n’est venu perturbé les plantes, le manque criant de pluie sur une période de croissance stratégique a malheureusement eu, selon les parcelles, des conséquences sur les volumes récoltés. « Avec des rendements en baisse et des assolements en réduction, le bilan récolte de blé n’est malgré tout pas catastrophique, il se trouve dans la moyenne quinquennale de la coopérative », relativise Christophe Marcoux, le directeur de Bourgogne du Sud.
Pour ses coopérateurs, il y a eu d’une part, une baisse des surfaces « de l’ordre de 7 à 8 % », et d’autre part une baisse de rendement de 10 %. Avec une moyenne estimée à 76 quintaux/ha, les sols profonds ont bien résisté quand les secteurs plateaux et coteaux marquent « des rendements nettement inférieurs ».
Du côté de la minoterie Gay, le constat est le même avec des situations hétérogènes : « selon les parcelles, cela va de 40 à 90 quintaux, avec une moyenne à 67 quintaux au lieu de 75 », détaille ainsi Pierre Gay. Soit une collecte pour la minoterie de 11.000 tonnes de blé, à comparer aux 14.000 tonnes de l’an passé…

La pluie toujours absente

Heureusement, la qualité est là : elle est « excellente en termes de protéines et de poids spécifique », précise Christophe Marcoux. « Les tests de panification sont pratiquement équivalent aux blés 2019, ce qui permet de fabriquer facilement de la farine. Si on n’avait pas de doute sur la qualité par rapport aux mycotoxines, on ne sait jamais la qualité finale tant qu’on n’a pas fait les tests de panification », signale Pierre Gay.
Actuellement pour la prochaine campagne, « les intentions de semis sont bonnes », reste à espérer que l’implantation pourra se faire dans les conditions idéales. Car en l’absence de pluie en perspective, les inquiétudes sont légitimes sur les semis.

À l’image du colza, pour lequel « seules 50 % des surfaces prévues début août ont pu être semées », relate ainsi Pierre Gay « et les 50 % non semés ne se sèmeront pas ! Il est donc certain que l’on aura une récolte de colza 2021 très faible ». Surtout que, comme le rappelle Christophe Marcoux « la problématique altise arrive par le nord et a un impact significatif sur les récoltes de certaines parcelles, jusqu’à la non récolte. On estime que la menace altise descend de 40 km chaque année », arrivant ainsi progressivement sur la Bresse... Ce qui conduit souvent à l’arrêt de la culture. « Alors que la qualité était tout à fait correcte, contrairement à l’an passé où les teneurs étaient faibles… ».

Les situations problématiques

Pour l’orge, les rendements sont décevants : « la virose de la JNO a vraiment pénalisé les rendements de l’ordre de moins 20 %, on atteint plutôt 60-70 quintaux ». En sachant que les solutions qui s’ouvrent aux producteurs s’amenuisent chaque année un peu plus. « Nos coopérateurs s’orientent de plus en plus sur des variétés résistantes à la JNO, mais qui ne sont pas forcément celles demandées par le marché ». Les orges privilégiées seraient donc dans ce contexte de plus en plus des orges fourragères « au détriment des orges aux qualités brassicoles », précise le directeur de Bourgogne du Sud.

Enfin pour le maïs, la saison est « catastrophique », comme le souligne Pierre Gay. « Nous allons être sur une même tendance qu’en 2003, avec 37 quintaux en moyenne » au lieu des 90 quintaux d’une année classique. « On a clairement vu l’impact des dates de semis, détaille le dirigeant de la minoterie de Baudrières. Les parcelles implantées tôt, début avril, affichent plutôt un rendement de 70 quintaux, quand celles implantées mi-mai sont à peine de 40, 45 quintaux », quand elles ont pu être récoltées…
« Il faut dire que le manque d’eau a été criant : sur notre secteur, en juillet, il est seulement tombé 3 mm de pluie », poursuit-il.
De façon générale, le mois d’août a été « néfaste » pour le développement des cultures d’automne : « on s’attend à moins 30 % des potentiels installés estimés à fin juin », explique Christophe Marcoux, quand Pierre Gay souligne que « peu de solutions simples à mettre en place existent »… Plus que jamais, la pluie est attendue mais pas encore au programme.

Plan protéine très attendu

Il y a quelques jours, le Premier ministre a annoncé toute une série de dotation pour le secteur agricole, dont 100 millions d’euros fléchés spécifiquement sur la filière protéine « nous sommes très heureux qu’il y ait enfin un plan protéines. Maintenant, si on en connait l’enveloppe, on n’a pas encore le détail de son contenu », avance prudemment Christophe Marcoux. Le directeur de Bourgogne du Sud attend beaucoup de ce plan « pour une protéine française, relocalisée et non OGM ».