Bernard Desroches
Une carrière au service de remplacement

Marc Labille
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Durant 30 années, Bernard Desroches était salarié au service de remplacement d’Autun. De cette carrière pleine de rencontres et de missions variées dans les fermes de l’Autunois-Morvan, Bernard ne garde que de bons souvenirs.

Une carrière au service de remplacement
Marc Andriot et Bernard Desroches, qui a été salarié pendant 30 ans au service de remplacement d’Autun.

Titulaire d’un brevet de technicien agricole, Bernard Desroches a été agriculteur à son propre compte pendant sept ans avant de rejoindre le service de remplacement d’Autun. Double actif, il élevait des moutons et des lapins à Broyes sur une petite exploitation hors cadre familial. En 1990, l’opportunité de devenir salarié dans un service de remplacement l’a immédiatement séduit. « J’ai toujours préféré être remplaçant plutôt que permanent », justifie aujourd’hui Bernard Desroches qui a passé trente années au service de remplacement d’Autun. Craignant de se lasser s’il avait dû travailler pour une seule et même exploitation, il a préféré la diversité du travail de remplacement. Un métier « où il faut constamment s’adapter à des situations différentes ». Une fonction où Bernard a « multiplié les rencontres, vécu des échanges enrichissants, avec cette sensation d’avoir appris tous les jours… ». En trente ans de carrière, cet homme, qui dans sa jeunesse a travaillé en Afrique et en Suisse, n’a jamais connu de frustration dans sa mission de remplaçant dans l’Autunois. « Tous les matins, c’était un nouveau challenge », raconte-t-il avec une certaine nostalgie.

« Se glisser dans la vie de la ferme… »

Apprécié pour son tempérament calme et posé, Bernard a su, par son sens de l’écoute et une ouverture aux autres, « s’entendre avec tout le monde ». Une appétence pour les rencontres assortie de qualités humaines et de discrétion bien utiles dans ce métier par lequel on entre dans la vie de nombreuses fermes ; où l’on se retrouve à partager le repas à la table des exploitants. « Notre mission consiste à se glisser où il faut quand il faut. Un remplaçant doit toujours apprendre à lire l’exploitation ; comment elle fonctionne », décrit Bernard Desroches. En trois décennies, l’ancien salarié a été témoin d’une grande évolution du métier d’agriculteur et par là même de celui de remplaçant. La mécanisation a un peu pris le pas sur le reste et le rythme effréné des exploitants les incite à déléguer aux salariés des tâches pour lesquelles ils manquent de temps (broyage des haies, tonte des bovins, etc.).

« Savoir se débrouiller en toute autonomie »

L’intervention du service de remplacement implique souvent de « savoir se débrouiller du jour au lendemain », confie Bernard. « En plein hiver, en cas de maladie, d’accident, il faut savoir faire la part des choses. C’est à nous de juger ce qui est urgent et moins urgent. Le salarié n’a qu’un nombre d’heures limité à consacrer à l’exploitation et il lui faut donner des priorités dans ce qu’il peut faire : par exemple, soigner les bêtes ». Un exercice délicat car cela peut modifier les habitudes de l’exploitant. Lui aussi doit faire preuve d’un minimum d’adaptation, confie Bernard. Et tout l’art d’un bon salarié est de parvenir à « lui faire comprendre les choses ». Car l’adhérent doit aussi savoir faire confiance au salarié qui a besoin d’autonomie dans son travail, complète-t-il.

Si l’expérience lui a fait connaître tous les aspects du métier, Bernard avoue que son domaine de prédilection a toujours été les animaux. Tonte, écornage, traitements, vêlage, soins aux veaux, intervention du vétérinaire… : il était en mesure de remplacer l’éleveur sur toutes ces tâches et son savoir-faire animalier était reconnu par les adhérents. Dans les coups durs, le service remplacement se révélait même un précieux réseau pour Bernard qui pouvait toujours appeler à l’aide un voisin lui-même adhérent. Il les connaissait tous et la solidarité a toujours été de mise, apprécie-t-il.

« Une grande famille »

Dans sa carrière, Bernard a vécu un tournant au milieu des années 1990 lorsque son contrat a été transformé en contrat à durée indéterminée avec salaire fixe. Mettant un terme à une certaine précarité, il l’a vécu comme une véritable reconnaissance professionnelle. Cette amélioration lui a permis de se projeter au niveau personnel avec notamment l’achat d’une maison pour sa famille. Durant ces trente années, Bernard Desroches a pu compter sur la pérennité et le soutien de l’employeur qu’est le service de remplacement. Une structure qu’il décrit aujourd’hui comme « une grande famille ». Fin novembre dernier, c’est avec un réel plaisir qu’il a répondu à l’invitation des responsables du service de remplacement d’Autun pour la dernière assemblée générale. Le bonheur de retrouver ses anciens employeurs dont il avoue s’ennuyer un peu aujourd’hui… Même si le jeune retraité ne manque pas d’activité dans sa nouvelle vie, lui qui continue de cultiver l’ouverture aux autres dans le théâtre, l’art créatif… Tout en pratiquant la marche et le jardinage.

 

Le service de remplacement recrute !
Le service de remplacement d’Autun est présidé par Marc Andriot, éleveur à Monthelon. La responsable travail est Annick Bertin et le trésorier Guy Jacquet, tous deux de Tavernay.

Le service de remplacement recrute !

Créé en 1978, le service de remplacement d’Autun rayonne sur un grand territoire constitué des cantons d’Autun, Lucenay-l’Évêque, Épinac, Saint-Léger-sur-Dheune et une partie du canton de Saint-Léger-sous-Beuvray. Employant 5,5 équivalents temps plein, il réalise en moyenne 1.000 journées de remplacement par an auprès de 115 adhérents ce qui en fait le troisième service de remplacement de Saône-et-Loire en volume d’activité. « À la création du service, le besoin était surtout un complément de main-d’œuvre ponctuel, à la construction d’un bâtiment par exemple. L’agriculteur était présent la plupart du temps. Aujourd’hui, les motifs du remplacement sont les congés, les congés maternité ou paternité, un arrêt de travail…, car les agriculteurs se soignent, s’arrêtent… Les besoins sont différents », confie Marc Andriot président du SR d’Autun. Face à ce changement, toute la difficulté est de parvenir à équilibrer l’offre avec la demande, fait valoir le responsable qui confie que le succès des congés de maternité et de paternité n’est pas toujours facile à gérer. « En 2020, nous avons dû faire face à trois congés maternité en même temps ! », illustre Marc Andriot. « De plus en plus, le service de remplacement doit répondre à l’urgence (maladie, accident…) », poursuit-il. Ce qui donne du fil à retordre à la responsable travail. « Il nous est arrivé de devoir faire face à huit arrêts de travail en même temps ! », confie le président. L’activité se singularise par un excès d’activité en hiver et un manque de travail en été. La main-d’œuvre est donc une question cruciale au sein du service de remplacement. « En été, nous n’avons pas de quoi occuper cinq permanents. En hiver et en cas de congé maternité, nous sommes obligés de recruter. L’idéal est d’avoir trois permanents + 2,5 en CDI intermittent », explique Marc Andriot. Trouver des salariés à recruter est un défi pour les services de remplacement. « Nous avons réalisé dix embauches en deux ans ! », confie le président du SR d’Autun. Les adhérents sont de plus en plus appelés à la rescousse pour prospecter autour d’eux : trouver eux-mêmes parmi leurs connaissances le bon candidat. « Il faut aussi se débarrasser de la mauvaise image dont souffre le salariat en service de remplacement. On ne leur fait plus faire le sale boulot comme cela a pu être le cas autrefois. On peut faire carrière au service de remplacement. Nos deux plus anciens salariés ont 15 et 25 ans de boutique. Un salarié compétent et qui donne satisfaction aux adhérents est toujours très demandé. Le volume d’activité s’en ressent », conclut Marc Andriot.