Gaec Vincent à Rancy
Pour ne pas avoir à subir les dégâts de la BVD, le Gaec Vincent à Rancy s'est lancé dans le plan de prophylaxie mis en place par le GDS 71

Pour avoir vu les dégâts de la BVD sur un cheptel voisin, Jean-Marie Vincent s’est investi avec enthousiasme dans le plan de prophylaxie mis en place par le GDS 71 dans la zone Bresse. Depuis le début de sa nouvelle campagne de vêlage, l’éleveur pose des boucles de dépistage BVD à tous ses petits veaux.

Pour ne pas avoir à subir les dégâts de la BVD, le Gaec Vincent à Rancy s'est lancé dans le plan de prophylaxie mis en place par le GDS 71

A Rancy, le Gaec Vincent regroupe trois associés s’occupant d’un cheptel charolais de 150 vêlages ainsi que de volailles de Bresse en vente directe. La reproduction du troupeau de bovins est assurée par insémination artificielle et 80% des veaux naissent avant le 20 octobre pour une période de mise bas débutant en septembre. En pleine période de vêlage, Jean-Marie Vincent doit faire face à près de onze vêlages par jour ! Et pour cette nouvelle campagne, le Gaec s’est lancé dans le plan d’éradication de la BVD. Située en Bresse à l’est de la Saône, l’exploitation fait partie de la zone ciblée par le GDS 71 pour débuter la prophylaxie dans le département.

Sensibilisé au sujet de par son engagement au GDS, Jean-Marie n’a pas hésité un seul instant pour participer à cette prophylaxie collective. « La BVD, on en entend parler depuis vingt ans ici ! Mon père avait été confronté à la maladie dans le milieu des années 90. Un voisin avait eu la maladie dans son cheptel. Mon père avait alors décidé de faire rechercher les IPI dans son troupeau d’embouche et il avait trouvé des femelles de 18 mois IPI. Sur les conseils de son vétérinaire, il avait alors commencé à vacciner… », se souvient Jean-Marie qui avoue avoir été marqué par les dégâts que la BVD avait occasionné chez son voisin. « Il lui a fallu près de quinze ans pour s’en remettre ! La BVD favorise le développement d’autres maladies. Chez lui, c’est le « RS » (virus respiratoire) qui en a profité pour s’installer et la BVD a eu un impact sur la santé des veaux, la reproduction… », rapporte Jean-Marie.

« Le coût du vaccin n’est rien »

Depuis 2004, la famille Vincent vaccine son cheptel reproducteur avec un vaccin qui protège l’embryon pour éviter la formation d’IPI. Ce n’était pas le cas entre 2001 et 2004, indique l’éleveur. « Je vaccine toutes les génisses avant de les mettre à la reproduction et je fais un rappel annuel sur toutes les vaches ». Car pour Jean-Marie, il s’agit d’éviter à tout prix d’oublier de vacciner un animal. « Le coût du vaccin n’est rien en comparaison des ravages que peut faire la BVD dans un cheptel », fait remarquer l’éleveur bressan qui avoue avoir une vraie hantise de la maladie : « ce serait des dégâts dans la reproduction avec des décalages des naissances, des ventes ; des problèmes de croissance… Cela nous coûterait une fortune ! », résume Jean-Marie.

Pour la nouvelle campagne, le Gaec s’est lancé dans le dépistage systématique de tous les petits veaux qui naissent sur la ferme. « Je veux faire un état des lieux pour clarifier l’état sanitaire de mon cheptel. Comme je vaccine rigoureusement, j’espère ne pas découvrir d’IPI », confie Jean-Marie. Le Gaec a reçu les boucles et le matériel de dépistage au mois d’août. Le bouclage des veaux est pratiqué dès le lendemain de leur naissance.

Deux boucles, deux pinces

« Il y a toujours deux boucles, mais elles sont différentes et il faut donc deux pinces : une jaune pour le prélèvement de cartilage et une rouge pour l’identification conventionnelle. Je pars dans la stabulation avec mes deux pinces que j’équipe chacune de leurs boucles (parties mâles, partie femelles). Dans la poche, j’ai le tube à prélèvement de cartilage. Je pose la boucle à prélèvement en premier. Il faut éviter de pincer dans la nervure de l’oreille de sorte à ne pas avoir de sang dans le prélèvement. Sitôt la boucle posée, il faut clipser le tube de prélèvement, le glisser dans son sachet individuel puis insérer le tout dans l’enveloppe pour le laboratoire. Pour chaque prélèvement, j’indique la date sur l’étiquette que je colle sur le sachet. Sur l’enveloppe, j’indique la date du prélèvement le plus ancien et je colle une étiquette avec l’adresse du laboratoire. On peut mettre jusqu’à trois prélèvements par enveloppe et je dépose mes enveloppes tous les jours dans la boîte aux lettres de ma commune. Le week-end, je conserve les prélèvements au réfrigérateur pour les poster le lundi », détaille Jean-Marie. Les résultats sont communiqués à l’éleveur par mail dans les 48 heures.

Garantie commerciale

Le bouclage BVD n’est pas vraiment contraignant, assure Jean-Marie. Pour lui qui, en pleine période de vêlage passe beaucoup de temps auprès de ses animaux, l’opération oblige à être encore plus réactif dans les notifications de naissance. En outre, l’éleveur profite de la manipulation pour administrer un bolus de sélénium à ses petits veaux. Il leur mesure également le tour de taille pour évaluer leur poids.

Jean-Marie ne nie pas que pour un élevage qui vaccine, la détection d’un IPI serait un coup dur. « Mais pour des élevages qui subissent la BVD sans le savoir, la prophylaxie est une opportunité de sortir de ce contexte de vaches qui ne reprennent pas, de retard de fécondité, de veaux tordus… », fait remarquer l’éleveur. L’assainissement BVD sera aussi une garantie commerciale, conclut Jean-Marie Vincent.