Variétés résistantes au mildiou et oïdium
Que signifie résistance "polygénique" ?

Publié par Cédric Michelin
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Pour une viticulture durable et de qualité, les résistances génétiques sont au cœur d’une stratégie globale. La filière en a fait une priorité et a demandé à l'Inra de rechercher en ce sens. L'institut de recherche agronomique s'intéresse donc aux variétés résistantes notamment au mildiou et à l’oïdium. Mais de façon durable...
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En France aujourd’hui, l’amélioration de la vigne pour la résistance au mildiou et à l’oïdium est conduite par l’Inra, en partenariat avec l’IFV depuis 2012. L’Inra a développé de façon historique une recherche forte dans ce domaine, qui a conduit notamment à une solide connaissance de la génétique des résistances et de leur provenance, et à la mise au point de marqueurs pour détecter ces gènes.
A partir de 1974, des travaux sont menés pour incorporer à la vigne européenne (Vitis vinifera) des facteurs de résistance originaux à ces deux maladies et portés par une espèce sauvage (Muscadinia rotundifolia). Ce programme a abouti au bout de 25 ans aux variétés monogéniques baptisées “Bouquet”, portant un gène de résistance au mildiou et un gène de résistance à l’oïdium. Le dépôt pour l’inscription de sept variétés de cuve de ce type est en cours.
A partir de 2000, l’Inra engage un programme de création variétale à partir des variétés Bouquet, axé sur le couplage de résistances d’autres provenances, et ayant pour objectif de conforter la durabilité des résistantes en associant d’autres gènes. Ces variétés polygéniques sont appelées “Resdur” et plus de trente d’entre elles font ou feront l’objet d’un dépôt pour l’inscription en 2017. Les premières seront normalement inscrites au catalogue en décembre 2017.

Durabilité des résistances



Pour étudier la durabilité de ces résistances et le comportement des variétés Bouquet et Resdur en cours d’inscription (mais aussi de variétés étrangères), en respectant les règles liées au classement temporaire des variétés, l’Inra et l’IFV mettent en place un observatoire national du déploiement des cépages résistants (OsCaR). Ce dispositif constitue un enjeu majeur pour l’ensemble de la filière viti-vinicole, le déploiement efficace de ces nouveaux cépages conditionnant sa capacité à réduire l’usage des pesticides.
L’enjeu de cet outil unique pour la recherche et précieux pour les professionnels est d’évaluer en grandeur réelle la durabilité des résistances, c’est-à-dire surveiller l’évolution des populations d’oïdium et de mildiou, évolution qui pourrait conduit à une perte d’efficacité des gènes s’ils étaient contournés. Les pratiques agronomiques et œnologiques seront enregistrées. La production et la qualité des vins seront analysées, car elles constituent bien sûr des éléments clés de la réussite de ces nouveaux cépages. Ce dispositif repose sur un partenariat avec les viticulteurs, et repose notamment pour la collecte des données sur les Chambres d’agriculture ou les comités interprofessionnels.

Eviter les contournements de résistance



L’ensemble des données collectées grâce à ce dispositif de terrain de l’observatoire sera utile dans une approche innovante de modélisation. Elle permettra de prévoir les risques de contournement en fonction des milieux et des conduites. Elle permettra également de tester des configurations originales comme l’organisation de trame paysagère combinant des polygéniques et des monogéniques, ce qui est impossible expérimentalement.

L’objectif de cette stratégie pour une viticulture durable et de qualité est de créer les conditions pour un déploiement aussi rapide que possible des innovations sur le terrain. Elle actionne à la fois l’accélération des créations variétales et leur déploiement opérationnel, notamment grâce au partenariat avec l’IFV et la filiale Entav-International IFV-AgriObtentions, et avec les viticulteurs engagés dans la démarche.

Activité économique majeure, la viticulture doit en effet répondre à des attentes
sociétales fortes, en matière de qualité, de diversité des produits
viticoles et de modes de production, notamment pour leurs impacts liés
aux intrants phytosanitaires. L’application de produits de protection de
la vigne est présente dans tous les vignobles, et tous modes de production, contre un certain nombre
de parasites, principalement contre deux maladies foliaires : le mildiou
et l'oïdium. Parmi les options pour réduire l’utilisation des
pesticides, la résistance génétique des variétés apparaît bien comme une
alternative efficace et sûre. Mais sans parler d'OGM...
L’Inra et l’Ifv, un partenariat privilégié pour une viticulture durable et compétitive
Compte tenu de leurs objectifs partagés et de leur complémentarité, l'Inra et l’Ifv ont signé, en juin 2012, un accord-cadre portant sur la sélection végétale vigne. Ce contrat a eu pour objectif de mettre à disposition des pépiniéristes et des vignerons français la meilleure sélection végétale au monde. Il consacre la marque commune ENTAV-INRA® et une société commune chargée de la diffusion des sélections, ENTAV International, associant l’Ifv et Agri Obtentions, filiale de l'Inra. Ce contrat cadre a permis également de mutualiser les compétences et les moyens dédiés de l'Inra et de l'Ifv, de développer leur collaboration scientifique, technique et économique, et de favoriser la diffusion coordonnée des résultats de leurs travaux et les transferts de technologie auprès des différents acteurs de la filière viti-vinicole pour une viticulture française compétitive, durable et des vins de qualité
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