Litières animales
Quelles alternatives à la paille ?

Mis en ligne par Cédric MICHELIN
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La plaquette de bois à partir des haies de l’exploitation ou broyat de déchets verts sont des alternatives intéressantes à la paille pour la litière des animaux en bâtiment.

Quelles alternatives à la paille ?

Dans de nombreux systèmes d’élevage, la paille est la principale litière utilisée dans les bâtiments d’élevage. Cette paille peut être produite en totalité ou en partie sur l’exploitation. Dans le contexte de changement climatique en cours, notamment avec les sécheresses plus fréquentes, la paille peut venir à manquer certaines années et représenter un poste important de dépense. Ceci pèse d’autant plus si l’exploitation produit peu ou pas de paille (système tout herbe) et dispose de bâtiment nécessitant beaucoup de paille (système aire paillée). Par conséquent, il est important de réfléchir à des alternatives à la paille.

Utiliser du broyat de déchets verts

Le broyat de déchets verts est un bon produit de substitution à la paille, car il a un pouvoir d’absorption important des déjections. Son utilisation permet l’obtention d’une litière compacte et sèche.
Trois utilisations sont possibles : pour former la sous-couche de l’aire de couchage, une fois avant l’hiver ; pour combler une marche, avec un curage régulier ; pour pailler et assurer l’entretien hebdomadaire.
En revanche, quelques conditions doivent être respectées :
- les déchets verts initiaux doivent être soigneusement triés : sans souche, sans plastique et autres indésirables (papier, ferraille, etc.),
- le bois doit être défibré pour pouvoir se dégrader facilement,
- le broyat doit être fin tout en gardant un rôle structurant,
- le broyat doit être stocké préalablement trois à quatre semaines pour assurer une montée en température, qui évitera sa fermentation lors de son utilisation dans la stabulation.
Afin d’assurer la qualité et la propreté du broyat, il est important de s’approvisionner dans une filière bénéficiant d’un suivi qualité.

La plaquette, une autre alternative crédible

La plaquette, issue de déchiquetage du bois, est un produit calibré d’une taille de 30 à 50 mm. Tout comme le déchet vert, c’est un bon produit de substitution à la paille, car il a un bon pouvoir absorbant s’il est bien sec (25 % d’humidité). Ces plaquettes peuvent être utilisées pour de la litière animale. De nombreux éleveurs ont déjà une bonne expérience d’utilisation de ces plaquettes de bois en litière.
Ces plaquettes peuvent s’utiliser : en sous couche d’une litière de paille ; en couche renouvelable ; en logettes creuses ; sur les aires raclées ; autour des râteliers extérieurs, etc.

D’après les retours d’expériences, tant au niveau du bien-être animal, du sanitaire ou de l’agronomie des sols, les plaquettes n’ont rien à envier à la paille.
En revanche, on considère que pour remplacer une tonne de paille, il faut 4 m3 de plaquettes sèches. Par conséquent, la plaquette ne sera pas, dans la majorité des cas, un produit de substitution totale à la paille, mais permettra tout de même des économies de paille significative.

François Debrosse, chambre d’agriculture de la Loire

Produire ses plaquettes à partir des haies de son exploitation

Produire ses plaquettes à partir des haies de son exploitation

Serge et Virginie Couzon, éleveurs laitiers sur la commune de Saint-Christo-en-Jarez (Loire), témoignent comment ils produisent des plaquettes de bois à partir des haies présentes sur leur exploitation.

Après avoir suivi en 2019 une formation animée par la mission Haie Auvergne, Serge Couzon a décidé d’essayer la plaquette en litière. Sur le parcellaire de son exploitation, on compte près de 20 km de haies qui n’étaient jusqu’alors pas valorisées, les exploitants ne se chauffant pas au bois. En 2019, après broyage du bois issu des tailles de ses haies, mais aussi de donneurs extérieurs (voisins, paysagistes, etc.), Serge Couzon a obtenu environ 160 MAP (mètre cube apparent plaquette), ce qui correspond à environ 40 t de paille (4 MAP = 1 tonne de paille). Ces plaquettes, les exploitants ont choisi de les utiliser après séchage pour le paillage du bâtiment des 28 génisses (ancienne étable aménagée en aire paillée intégrale), mais aussi des box à veaux et du box de vêlage.
Les génisses ont été paillées du 15 novembre à début mars en plaquettes suivant un cycle de quatre semaines avant curage et stockage sur fumière : un apport de 10 m3 pour 15 jours, puis un autre de 1,5 m3 par semaine, soit 13 m3 de plaquettes utilisées pour quatre semaines pour 14 génisses sur une aire paillée. À noter que l’exploitant a réalisé un passage de cultivateur en cours de cycle afin de décompacter la litière et permettre une utilisation optimum de la plaquette. Serge Couzon a apprécié le côté pratique de la plaquette, qui est facile à épandre en litière, avec une fréquence de paillage moindre qu’un paillage classique, ce qui permet de diminuer le temps de travail dédié au paillage. Par ailleurs, l’éleveur a observé que les animaux sont aussi propres, voire même plus qu’avec de la paille. Il a noté particulièrement que les veaux dans leur box étaient très propres et que la litière était assainie (absorption des urines). Le fumier de plaquette stocké sur fumière a fermenté très facilement suivant un processus de compostage (montée en température, humification du produit). Serge Couzon a réalisé ses premiers épandages de fumier de plaquette au mois de février dernier sur une prairie naturelle. Reste maintenant à apprécier et évaluer les intérêts agronomiques pour les sols et les plantes.