EXCLU WEB / Pertes de confiance et de valeurs avec la francisation des produits alimentaires

Les consommateurs souhaitent privilégier l’origine France. Des fraudeurs tentent de profiter de cet engouement.

EXCLU WEB / Pertes de confiance et de valeurs avec la francisation des produits alimentaires

« La francisation des denrées alimentaires : une tentation très tendance » : tel est le titre du rapport publié récemment par la DGCCRF. « Avec l’engouement des consommateurs pour les produits ‘origine France’, la commercialisation de produits français est un enjeu stratégique pour les industriels et les distributeurs. Certains opérateurs malhonnêtes sont dès lors tentés de présenter des produits étrangers comme français », explique en préambule la direction de Bercy en charge de la concurrence, de la protection des consommateurs et de la répression des fraudes. Le document rend compte de l’action menée par la DGCCRF en 2020, des investigations qui ont donné lieu à 826 actions de contrôles dans 452 établissements. Francisation de divers fruits et légumes, tromperies sur l’origine de champignons, de miels ou de jus de fruits : le spectre des malversations est large. Les pratiques mises en œuvre, à la production, à la vente en gros ou au détail, sont variées : étiquetage non-conforme, marquage trompeur, non-respect des règles de traçabilité ou de facturation… Parmi les fraudes repérées et sanctionnées, on peut citer un trafic de miel avec la Bulgarie, la commercialisation de “jus de pommes bio et local” qui arrivait par citerne d’Allemagne ou d’Italie. « Des céleris raves prétendument français ont été identifiés comme venant en réalité de Belgique notamment grâce aux analyses faites en laboratoire ayant révèlé la présence de substances non autorisées en France », explique aussi la DGCCRF. 

Fraudes délétères

L’étude des documents comptables permet également de mettre en avant des fraudes. Par ce biais, les enquêteurs ont découvert « la francisation de jeunes pousses (épinard, roquette, laitue...) par un producteur d’Occitanie qui les achetait en Italie pour les mélanger à sa propre production et les vendre avec des étiquetages et des factures mentionnant l’origine France ». Un opérateur a été convaincu d’avoir procédé à la francisation « ponctuelle » de melons et de nectarines espagnols, et « à plus grande échelle de poires belges et néerlandaises ».  Au total, en 2020, 30 % des points contrôlés au stade du détail non sédentaire (marchés et foires) étaient non-conformes ; 25 % des contrôles réalisés au stade de détail présentaient une anomalie ; le taux de non-conformité au stade de la production était de 16 % ; le taux de non-conformité au stade de gros de 5 %. La plupart des contrevenants ont reçu un simple avertissement. Mais 20 procès-verbaux pénaux pour tromperie et pratiques commerciales trompeuses ont été rédigés. « En matière de denrées alimentaires, les fraudes sont particulièrement délétères : le consommateur perd confiance, les opérateurs loyaux perdent des marchés, ce qui conduit à une perte de valeur des produits concernés » constate la DGCCRF. Dès lors, « cette lutte contre la francisation est primordiale pour protéger les intérêts des consommateurs, la loyauté́ des transactions commerciales, mais aussi le fonctionnement loyal des marchés ».