EXCLU WEB / Du tourteau de tournesol à plus de 50 % de protéines

Dans une conférence de presse sur le Salon de l’agriculture, Cap protéines a présenté quelques pistes de réflexion pour renforcer le plan éponyme lancé en décembre 2020 par le ministre de l’Agriculture et appliqué depuis le 1er janvier 2021.

EXCLU WEB / Du tourteau de tournesol à plus de 50 % de protéines

« Lever les verrous technologiques et scientifiques ». Telle est l’ambition affiché par le ministère de l’Agriculture, dont le représentant, Rémi Proust, a exposé les grandes lignes le 1er mars sur le Salon de l’agriculture. Le programme global Cap Protéines, avec le concours de Terres Inovia et de l’Institut de l’élevage (Idele) entend répondre aux enjeux de la massification, de la diversification mais aussi apporter des solutions à la transition agroécologique. Le programme bénéficie d’une enveloppe globale de 20 millions d’euros qui lui permet de financer cinq thématiques. Il s’agit en premier lieu de diversifier les assolements par l’innovation (nouvelles variétés agronomiques, solution de protection des cultures…) par « l’introduction massive des légumineuses dans les systèmes de culture », a précisé Gilles Robillard, président de Terres Inovia. Cap Protéines entend également faire évoluer les pratiques culturales par le diagnostic agronomique, en particulier, « en pilotant les systèmes de culture par des outils numériques performants », a-t-il détaillé. Troisième thématique : Rechercher de nouveaux modèles de productions par la génétique animale et végétale, la nutrition des plantes et l’optimisation des intrants. Dans ce programme qui concerne 100 000 producteurs d’oléoprotéagineux et autant d’éleveurs et qui mobilise 330 fermes pilotes en élevage et 600 parcelles de légumineuses, Cap protéines souhaite « développer et diversifier les productions fourragères riches en protéines pour les troupeaux ». Avec l’objectif de « proposer des alternatives au tourteau de soja ».

-50 à -70 % de tourteaux

Les résultats après un an d’expérimentation dans des conditions climatiques parfois compliquées sont prometteurs. Côté productions végétales l’application myVar® s’enrichit de trois nouvelles espèces : le lupin, le pois chiche, et la lentille. Un observatoire de la qualité a été créé pour les deux dernières variétés. D’ailleurs Terres Inovia et ses partenaires ont mis en place de « nombreux observatoires agronomiques pour acquérir des références et les partager avec les conseillers, les techniciens et les agriculteurs », a précisé Gilles Robillard. En outre, des itinéraires techniques de rupture en colza sont testés avec des semis de variétés de printemps à l’automne. Surtout, Terres Inovia est parvenu à produire du tourteau de tournesol « à très haute valeur protéique », avec plus de 50 % de protéines quand ce taux n’atteint que 27 % maximum en non décortiqué. Ce qui ouvre une voie de substitution intéressante aux tourteaux de soja dont la France et l’Europe dépendent beaucoup. Côté élevage, un essai en Normandie, a permis de « confirmer l’intérêt des prairies multi-espèces pour l’engraissement des bœufs et des génisses. Ces prairies riches en légumineuses ont permis d’économiser environ 700 grammes de concentré d’azote par jour l’alimentation des animaux », a précisé Martial Marguet, président de l’Idele. De même une autre expérimentation en Pays-de-la-Loire a permis de réduire de 50 à 70 % l’utilisation de tourteaux grâce à une bonne intégration de l’ensilage d’herbe avec celui de maïs épi dans la ration des vaches laitières. Le programme Cap Protéines doit durer deux ans, jusqu’au 31 décembre 2022. « Mais on est sûr qu’il y aura un après », a indiqué Rémi Proust car il s’appuiera en partie sur le plan d’investissement France 2030.