Filière équine
Les conséquences immédiates du covid-19

Nous l’avons évoqué dans notre édition du 3 avril (le journal n°2902) : la filière équine est elle aussi bien évidemment touchée de plein fouet par la crise sanitaire du coronavirus. L’impact financier est immédiat pour plusieurs catégories de structures et avec des conséquences qui ne sont pas encore chiffrables. Certaines mesures de soutien se mettent en place mais ne vont pas concerner toute la filière.

Les conséquences immédiates du covid-19

Si certains secteurs du monde équin ont un peu plus de ressources pour pouvoir encaisser cette période d’arrêt complet d’activité (tel que le monde des courses), d’autres structures équestres se trouvent, elles, encore davantage insécurisées.
C’est notamment le cas des centres équestres sans aucune autre activité que celle des cours. À l’arrêt complet depuis mi mars, « ils redoutent de devoir faire face à une importante demande de remboursement pour les heures d’équitation non effectuées du fait du confinement », soulève ainsi Valérie Bizouerne de la chambre d’agriculture. Dans le même temps, ils n’enregistrent aucune nouvelle rentrée d’argent, comme cela devrait être le cas avec l’organisation de compétitions, de stages sur les weekends et les vacances scolaires. Avec la date de fin de confinement reportée au delà des vacances de printemps, certains s’inquiètent désormais des répercussions sur les vacances d’été…

Retour au pré

C’est pourquoi la section équine de la chambre d’agriculture a lancé un appel à la solidarité auprès des agriculteurs du département (voir notre édition du 3 avril), qui aurait la possibilité d’accueillir un ou plusieurs chevaux de centres n’ayant pas une surface suffisante de pâturage pour l’ensemble de leurs animaux. L’idée est ainsi de pouvoir alléger les charges financières en alimentation de ces structures en remettant au pré le maximum d’équidés. Ce qui représente par ailleurs un bénéfice bien-être pour les bêtes elles-mêmes qui se retrouvent privées de tout travail depuis plusieurs semaines et contraintes de rester en box, avec les risques que cela fait porter sur leur comportement et leur santé.
La remise au pré permettrait en parallèle de considérablement alléger les tâches incombant aux gérants des centres équestres : la situation les a très souvent contraint à placer en chômage partiel leur(s) employé(s), ils se retrouvent alors quasiment seuls pour tout assumer (nourrissage et pansage des chevaux).
Du côté des agriculteurs, une compensation financière est prévue. L’opération a très bien démarré (voir encadré).

Annulations et fermetures

La situation ne va pas être sans conséquences non plus sur les autres secteurs équins.
Ainsi depuis le 16 mars, toutes les courses ont été annulées et ce jusqu’à nouvel ordre. Les lieux emblématiques du département, tels que ÉquiVallée ou Chaintré, n’échappent pas eux non plus à la fermeture. Du côté des grands rendez-vous régionaux, on sait déjà que le Sprinter Sacré Show de Decize (58) n’aura pas lieu cette année et la plus grande incertitude demeure également quant au Chaser Day de Paray-le-Monial initialement prévu le 20 juin et qui pourrait être lui aussi reporté à l’automne, voire annulé pour cette année…
Des annulations qui ne se limitent bien évidemment ni à la Saône-et-Loire ni même à la France. Les répercutions financières seront donc à la hauteur de cet arrêt au niveau international.

Une organisation interne à France Galop et à Le Trot permet cependant aux acteurs concernés de bénéficier de soutien. France Galop a par exemple débloqué le fonds d’action sociale des entraineurs nationaux pour leur verser une allocation de 1.417 €.
Le PMU reste un financeur essentiel de tout le secteur. Pourtant, pas de course, pas de recette. Mais en référence aux montants habituellement engrangés par ce grand opérateur, « les professionnels de la filière redoutent d’être oubliés des dispositifs mis en place tant au niveau national que régional », souligne cependant Valérie Bizouerne.

Consignes strictes

Pour les éleveurs, leur activité de ces dernières semaines est elle aussi devenue plus compliquée : « entre les ordres et les contre ordres, assurer l’accès au centre de reproduction n’a pas été simple », relate la conseillère. Cependant, la mise en place rapide d’un protocole strict a malgré tout permis la poursuite de l’activité à la ferme de Jalogny notamment. « Le maximum d’éléments est géré avant l’arrivée du propriétaire et une fois sur place, les étalonniers gèrent toutes les manipulations, le propriétaire ne s’occupe plus de rien ».
Dans ce domaine, il faudra voir quelles seront vraiment les répercutions du confinement empêchant tout déplacement d’une jument en Normandie par exemple… Est-ce que le centre de reproduction va bénéficier d’un report d’activité sur les éleveurs locaux, il est encore trop tôt pour le dire.

Un appel à la solidarité entendu

De nombreux agriculteurs se sont fait connaître auprès de la chambre d’agriculture pour accueillir un ou plusieurs équidés et/ou proposer du fourrage à la suite de l’article paru dans L’Exploitant Agricole du 3 avril et d’un courriel envoyé la semaine dernière par la section équine.
« C’est une très belle occasion de rapprocher les filières bovines et équines et nous sommes très agréablement surpris des retours que nous avons. Les agriculteurs se montrent très solidaires », souligne Valérie Bizouerne.
En quelques jours, une vingtaine d’entre eux se sont rapprochés de la chambre ou ont répondu au questionnaire envoyé, leur demandant de renseigner leurs coordonnées ainsi que le fourrage ou la surface qu’il pouvait mettre à disposition. La section équine tient à jour une carte intéractive que les responsables de centres équestres peuvent également consulter. Les deux parties peuvent alors entrer en contact pour définir les modalités.  « L’idée est de véritablement mettre au vert chevaux et poneys quelques semaines dans un rayon le plus proche possible des structures équestres pour limiter les déplacements ».
Il se pourrait que l'initiative se trouve élargie à la région Bourgogne Franche-Comté. Une carte nationale est même en cours d'élaboration pour tous les départements souhaitant mettre en place la démarche.