Elevage et Covid-19
En élevage, la filière s’adapte au Covid-19…

A l’heure du bouclage de ce journal, la collecte du bétail était relativement préservée dans le département. Si les rassemblements étaient interdits, les broutards et les bêtes de viande continuaient d’atteindre leurs destinations. Vitale, la chaîne alimentaire devrait être préservée.

En élevage, la filière s’adapte au Covid-19…

En début de semaine, le commerce de bovins allaitants n’était pas vraiment impacté par l’épidémie de coronavirus. Des broutards continuaient de partir pour l’Italie. En dépit de sa situation vis-à-vis de la maladie, le pays n’était pas fermé aux bovins français et les engraisseurs italiens avaient encore besoin de remplir leurs ateliers, confirment l’ensemble des opérateurs en Saône-et-Loire. Moyennant l’application de toutes les précautions sanitaires, le travail avec l’Italie était toujours possible en milieu de semaine, confiait Yves Jehanno de Feder. Mardi matin, juste avant l’obligation de confinement, le marché de Moulins-Engilbert s’est déroulé sans encombre. Volume, prix, demande étaient au rendez-vous, rapportait le responsable Martial Tardivon. La seule différence avec la semaine précédente, c’est qu’acheteurs et vendeurs ont du se plier aux règles de prévention contre la propagation du Covid-19 : un acheteur par table espacé d’un mètre de son voisin ; respect des « gestes barrières » pour les vendeurs ; accès interdit aux visiteurs ; buvette fermée…

Marché de Saint-Christophe annulé

Au même moment, le directeur du marché de Saint-Christophe-en-Brionnais apprenait que le marché du mercredi – lendemain de la mise en place du confinement - ne pourrait avoir lieu. Mardi, Bourg-en-Bresse a pu être maintenu alors qu’Ussel a été annulé et Sancoins devait quand même avoir lieu mercredi…

Autre tendance rapportée dans le maigre, les animaux destinés à l’Espagne auraient perdu de la valeur cette semaine. Le pays étant en effet plus impacté par les restrictions liées au coronavirus que l’Italie.

En viande bovine, l’activité se maintenait en ce début de semaine. La demande était toujours là du côté des abattoirs mais avec des différences selon la clientèle. En grande distribution, « l’approvisionnement en viande était encore actif en début de semaine », confiait de son côté Yves Jehanno. Un constat confirmé mardi à Moulins-Engilbert avec des prix en hausse. Mais certains abattoirs commençaient à diminuer leur volume, signalait Gilles Danière d’UNEC. C’est le cas des opérateurs qui fournissent la restauration hors foyer interdite depuis le week-end dernier. L’arrêt des restaurants et des cantines commençait à se ressentir sur la demande de certaines catégories de bêtes, révélait le négociant. « On aurait pu penser que la viande destinée à la RHF, en partie importée, profiterait à la demande de viande en grande distribution et en boucherie… Mais on commence à voir des commandes s’annuler au jour le jour », révélait François Chaintron pour Sicarev.

Concours de bovins de boucherie interdits

Autre mauvaise nouvelle dans la viande de boucherie, tous les concours de bovins gras pour Pâques sont annulés. En Saône-et-Loire, cela concerne Autun et Romenay qui devaient avoir lieu la semaine prochaine. 210 bêtes appartenant à 68 élevages étaient engagées pour Autun, informe Roger Brochot, président de la société d’agriculture. Des animaux de boucherie de haute qualité qui ont coûté cher à produire et qui risquent de ne pas être valorisés à la hauteur. Maigre consolation, la société d’agriculture d’Autun espère pouvoir remettre aux engagés les diplômes qu’elle avait déjà fait éditer.

On travaille différemment

En milieu de semaine, le commerce d’animaux demeurait donc possible en Saône-et-Loire, à condition de respecter les consignes des autorités. Si les rassemblements semblent interdits pour de bon, l’enlèvement d’animaux en ferme, l’approvisionnement des outils d’abattage et l’expédition en Italie étaient encore de mise. Par contre, tous les opérateurs confiaient travailler de manière différente. Les acheteurs ne vont voir que les bêtes dont ils sont sûrs. Les interlocuteurs privilégient le téléphone et limitent les visites en élevage. En milieu de semaine, faisant preuve d’un certain sens des responsabilités, la filière s’était adaptée. Ne sous-estimant pas le risque lié au Covid-19, les opérateurs prenaient des précautions et appliquaient les consignes. Si la discipline est respectée, la continuité de la chaîne alimentaire devrait pouvoir être assurée. Le principal facteur limitant à ce stade était les moyens humains. La contamination du personnel des abattoirs pourrait gêner les flux. De manière générale, la question du maintien du travail des salariés était posée. Au vu des contraintes pour gérer les équipes, certaines entreprises n’excluaient pas la possibilité d’interrompre temporairement leur activité, confiait Robert Corneloup, président des négociants.

« Même s’il ne faut pas céder à la panique, la situation est sérieuse », concluait Christian Bajard, président de la FDSEA. « En élevage, l’impératif est aussi d’assurer la continuité des approvisionnements (alimentation du bétail carburant, etc…) ainsi que de la main-d’œuvre. Dans les fermes, il faut se réorganiser, faire jouer la solidarité en faisant en sorte d’éviter à tout prix la propagation de la maladie ».

La collecte de lait se poursuit

Dans le lait, la collecte était toujours maintenue en début de semaine. En plein pic de production, on pouvait toutefois espérer que la demande demeure à la hauteur, confiait Stéphane Convert, président de la section laitière de la FDSEA. Sans quoi, certains opérateurs pourraient être tentés de revoir leurs prix à la baisse. L’autre incertitude portait sur la continuité de la main-d’œuvre dans les entreprises de transformation laitière. Le FDSEA a interrogé les acteurs économiques et va sonder également les autres filières très prochainement.

Vente directe maintenue…

A condition de respecter les mêmes règles de discipline que dans les autres magasins alimentaires (gestes barrières, distances, gestion des files d’attente, hygiène stricte…), la vente directe de produits à la ferme est autorisée dans le cadre du confinement imposé à la population. Sous couvert d’autorisation spécifique, les producteurs peuvent aussi assurer les livraisons à domicile. En milieu de semaine, les marchés de plein-vent étaient également autorisés sous certaines conditions, indiquait Christelle Bonnot, responsable à la Chambre d’agriculture. Cette dernière diffuse des consignes détaillées aux producteurs en vente directe (lire par ailleurs). « Tout doit être fait pour limiter le risque de contamination en magasin », résumait Jean-Philippe Bonnefoy, président du syndicat des éleveurs caprins. Si la continuité de l’activité vente directe semble pouvoir être assurée, en revanche, le coronavirus a un impact indéniable sur les ventes. La baisse de fréquentation sur les marchés est importante et en milieu de semaine, l’avenir de ces marchés était tout de même incertain. L’arrêt des restaurants scolaires pèse lourdement aussi. Marché de producteurs, foires, salons, portes ouvertes sont par ailleurs suspendus, énumérait Christelle Bonnot. En transformation fromagère, les producteurs réfléchissent à des solutions de report via du stockage. Cela va de la confection de tommes à une éventuelle monotraite des chèvres qui permettrait de réduire un peu le volume de lait, évoquait Jean-Philippe Bonnefoy. Le devenir des chevreaux est aussi d’actualité. A priori, les engraisseurs les enlèveraient. Mais pour quelle rémunération sachant que l’Italie est le principal débouché de la viande chevreau…