Tendance commerciale des marchés bovins viandes semaine 12

Après la Peste porcine africaine venue de Chine qui a profondément bouleversé le marché du porc, c'est au tour du Covid-19 de venir modifier le reste des marchés viandes. Analyse.

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Tendance commerciale des marchés bovins viandes semaine 12

Bovins de boucherie – Les annonces du président de la République destinées à endiguer la pandémie de Covid19 sont importantes avec des conséquences en cascades qui prennent de court de nombreuses entreprises. Même si celles-ci étaient prudentes dans leur activité et sur le qui-vive, elles doivent dans l’urgence réorganiser leur fonctionnement et les flux de production, avec l’arrêt de la restauration scolaire et collective. Les commandes en provenance des magasins sont en revanche très soutenues face à la folie des consommateurs qui ont dévalisé les rayons pour faire des stocks. L’irrationnel prend le dessus, car dans les pays qui ont déjà pris des mesures drastiques de confinement (Italie, Espagne..), l’alimentaire reste ouvert. C’est le cas en France où les GMS sont réapprovisionnées en permanence. La difficulté pour les abatteurs est non seulement d’écouler les stocks de viande destinés à la RHF vers les GMS où les standards ne sont pas les mêmes, mais les abatteurs comme beaucoup d’entreprises vont devoir composer avec l’absence de personnel, en adaptant leur activité. La crainte n’est pas dans la capacité de produire mais dans celles de transformer. Certaines entreprises ont anticipé une réduction des tueries alors que d’autres ont une activité accrue avec une demande de local pour les GMS, pas simple à servir.
L’activité de cette semaine est assez régulière avec un bon équilibre offre/demande. Certains abatteurs ont repoussé leurs achats de race à viande sur la fin de semaine pour pouvoir écouler les stocks destinés à la RHF et aux cantines. Les transactions sont assez fluides, mais les tarifs sont sans changement dans les bonnes femelles Charolaises de qualité bouchère avec des boucheries qui ont des besoins après le rush de ce début de semaine. Avec des congélateurs pleins, la demande risque de se tasser un moment, ce qui complique l’organisation et la lisibilité du marché. Les transactions sont régulières avec des tarifs qui se maintiennent sans difficulté dans les races pures de choix secondaire, alors que les croisées ont plus de mal à trouver un débouché dans les magasins depuis la campagne sur les « viandes racées ».
Les marchés se ferment les uns après les autres ce qui va rendre très difficile l’observation des prix dans les semaines à venir. En réformes laitières, la dynamique commerciale est chamboulée, avec une réorientation des flux vers les GMS ou la vente à emporter. Les abattoirs adaptent leurs activités avec des soucis de personnel sur les ateliers de transformation. La tendance haussière est stoppée dans les vaches Frisonnes, Normandes et Montbéliardes. En jeunes bovins, le carême orthodoxe impacte fortement le commerce des avants sur la Grèce. Les expéditions sur l’Italie sont moins difficiles que prévu avec des besoins pour réapprovisionner les magasins dévalisés comme en France.
Bovins d’embouche et d’élevage – La proximité de la mise à l’herbe maintient une activité commerciale assez soutenue. Les tarifs sont reconduits dans les bonnes génisses ou jeunes vaches Charolaises lourdes destinées à l’embouche. La vente est fluide dans les animaux à herbager.

Broutards – L’activité export perdure, même si les contraintes sont plus fortes, notamment pour les chauffeurs qui ne trouvent plus où se nourrir et où faire leurs toilettes sur la route. Les gros opérateurs sont demandeurs alors qu’il est plus compliqué de livrer des petits ateliers que ce soit en Italie ou en Espagne. Les disponibilités saisonnières sont modestes, avec des animaux qui attendent la mise à l’herbe. L’équilibre offre/demande reste favorable aux éleveurs avec un maintien des cours sur pratiquement toutes les catégories. Les bons laitons d’automne de 250/300kg sont prisés et très bien valorisés. En revanche, la réalisation de PCR pour l’export sur l’Espagne risque d’être plus compliquée dans les semaines à venir avec des laboratoires qui devront donner la priorité à la détection du Covid-19. Dans les femelles, le commerce est régulier et les tarifs sont stables dans les bonnes Limousines ou Charolaises de 300/350 kg, vaccinées pour l’Italie.


Veaux d’élevage et d’engraissement – Le commerce est très perturbé par les mesures sanitaires pour les mouvements des personnes. Cela modifie les circuits de ramassage et de regroupement des veaux. L’activité export permet de tenir les prix dans les bons Noirs ou les Monbéliards. La tendance est plus lourde dans la gamme intermédiaire avec des intégrateurs qui profitent de cette perturbation pour mettre ponctuellement la pression sur les prix en pratiquant un tri plus sévère dans les Holsteins, Abondances ou Montbéliards ordinaires. Les acheteurs maintiennent la pression sur les taupes ou Blanc bleus d’entrée de gamme. Les croisés jaunes ou Blanc bleus plus lourds trouvent des débouchés à l’export avec PCR et sont reconduits. La tendance est au maintien des prix dans les veaux de bonne conformation.

Ovins – L’activité est très compliquée et très inquiétante à une période cruciale pour le commerce ovin. De nombreuses opérations commerciales devaient être mises en place avant Pâques, mais tout est remis en cause avec un commerce complètement désaxé. Cela n’annonce rien de bon pour des agneaux qui ont été préparés et qui vont sortir en masse pour Pâques.

Porc – Le contexte particulier lié à l'épidémie du Coronavirus crée beaucoup d'incertitude quant à la demande intérieure et extérieure et laisse peu de marge de manœuvre aux éleveurs pour résister à la pression des abattoirs. La baisse du cours au MPB à 1,563€.