Association laitière Jura Bresse
L'association laitière Jura Bresse au lendemain d’âpres négociations…

Pendant les deux années passées, l’association laitière Jura Bresse s’est battue pour trouver des solutions répondant à la baisse drastique de volume imposée par Danone. 57 producteurs ont trouvé une alternative à ce débouché et un nouveau contrat a pu être signé pour cinq ans.

L'association laitière Jura Bresse au lendemain d’âpres négociations…
Si de devoir trouver des solutions pour que des adhérents quittent leur organisation ne s’est pas fait de gaieté de cœur, le président de l’ALJB se félicite cependant que « tous ceux qui ont eu envie de continuer le lait aient pu le faire ».

Le 6 mars dernier, l’Association Laitière Jura Bresse (ALJB) était en assemblée générale à Serley. Sans surprise, les responsables de l’ALJB sont longuement revenus sur les conséquences de la réduction de collecte laitière annoncée par Danone à l’été 2017. Devant faire face à une érosion conjoncturelle sur les marchés des produits laitiers, le partenaire historique de l’organisation de producteurs (OP) avait en effet demandé de réduire le litrage de 70 à 45 millions de litres de lait sur la zone. Un « coup rude à encaisser », remémore le président de l’OP Anthony Écoiffier. Les deux années qui ont suivi ont donc été entièrement consacrées à trouver des solutions à ce nouveau défi imposé aux producteurs de lait du territoire Jura Bresse. L’organisation de producteurs a d’abord planché sur une solution collective qui a malheureusement échoué. Puis elle a essayé de se rapprocher des grandes entreprises laitières déjà présentes sur le territoire, sans succès. C’est finalement parmi les débouchés régionaux que l’ALJB a pu trouver des solutions pour ses adhérents. Une opportunité qui découle de l’engouement des consommateurs pour les produits locaux et de qualité.

57 « départs » mais seulement 40 adhérents de perdus

Les premiers contacts avec la fromagerie l’Ermitage (88) et la coopérative d’Étrez (01) datent de l’automne 2018. Une piste sérieuse sur l’AOP Morbier était également explorée dès le mois de mars. Ne manageant pas ses efforts, l’ALJB a obtenu de Danone un accompagnement financier pour les producteurs qui changeraient d’acheteur ou cesseraient le lait. Le contrat existant a été reconduit pour 2019.

Dans le courant de l’année 2019, cette quête de débouchés s’est soldée par 57 arrêts de livraison à Danone (lire encadré). Les quinze d’entre-eux qui se sont convertis au cahier des charges de l’AOP Morbier continuent d’adhérer à l’ALJB. Cela a permis de limiter la perte du nombre d’adhérents à quarante. « Passer son temps à trouver des solutions pour que ses adhérents quittent son organisation n’a rien eu de très gratifiant », reconnaissait amèrement Anthony Écoiffier. Ce dernier tenait à « remercier l’ensemble des producteurs concernés, sans lesquels il aurait été impossible de réaliser la baisse de volume demandée par Danone ».

Mais s’il a été difficile de voir partir des adhérents, il faut se réjouir que nombre de ces producteurs aient pu profiter de filières locales en plein développement garantissant de meilleures rémunérations, expliquait-on. « Tous ceux qui ont eu envie de continuer le lait ont pu le faire. La dynamique laitière a été maintenue », se félicitait ainsi le président.

Un nouveau contrat avec Danone

« Si toutes ces démarches nous ont considérablement mobilisées, tous ces efforts n’ont pas été vains puisqu’ils nous ont permis de renouveler le partenariat qui nous lie avec l’entreprise Danone », expliquait Anthony Écoiffier. Les négociations pour un nouveau contrat ont débuté au mois de mars 2019. Jusqu’à début 2020, les rencontres se sont multipliées entre l’ALJB et Danone, donnant lieu à « des discussions parfois rudes », confie le président. « Pour nous, la prise en compte d’un prix de revient à deux SMIC dans le calcul du prix du lait, le maintien de la gestion collective des volumes, la réactualisation des références et le renouvellement d’un contrat pour une durée de cinq ans étaient des points majeurs que nous avons ardemment défendus ». Du côté de Danone, les souhaits étaient de « reconnecter une partie du prix du lait au prix de l’environnement laitier et de contracter un volume de lait en phase avec ses besoins pour l’usine de Saint-Just (proche de 45 millions de litres de lait) ». L’industriel a aussi défendu des ambitions environnementales et sociétales avec son objectif qu’à l’horizon 2025, « la totalité de ses produits soient issus de l’agriculture régénératrice ». À la clé, deux grands axes de travail pour les exploitations : réduction de l’empreinte carbone et bien-être animal. Deux critères qui doivent désormais être intégrés dans le prix du lait payé aux producteurs. Une formule qui suscite beaucoup de réticence de la part des adhérents. Mais comme s’en expliquait Anthony Écoiffier, « face aux détracteurs de l’élevage », mieux vaut être « pro-actif » sachant « qu’impact environnemental et bien-être animal sont leurs deux principaux angles d’attaque… ».

Le rôle des OP conforté…

Le président y voyait aussi, « après cette longue période d’incertitude et de crainte », l’occasion « de travailler à nouveau collectivement sur les sujets de fonds et notamment l’amélioration des performances de nos exploitations sur le plan technique, économique et agroenvironnemental ». Parmi les actions à mener, « continuer à communiquer sur notre métier et nos produits » pour répondre à la décroissance chronique d’un marché de l’ultrafrais malmené.

« Dans un marché laitier qui n’est plus administré, le rôle des OP s’élargit », concluait Anthony Écoiffier se félicitant que l’ALJB ait pu « contribuer au maintien d’une filière laitière dynamique sur notre région ». Saluant « la prise de conscience de l’importance de la rémunération du producteur », le président redisait la nécessité de voir maintenue « une organisation forte de producteurs ; le maintien du partenariat avec notre partenaire historique, mais aussi l’importance de continuer d’explorer les opportunités qui peuvent s’offrir à nous ».

Bien-être animal et carbone entrent dans le prix de base

La nouvelle formule de prix comprend 50 % de prix de revient avec une rémunération du travail à deux SMIC et une indexation sur les concentrés, intrants de la production des fourrages, carburant, coût du travail salarié, prix de la viande. Remplaçant la prime qualité Danone, une majoration est désormais possible jusqu’à 11 € en fonction des résultats bien-être animal et carbone. La nouvelle formule intègre en outre 27,5 % de prix « vente industrielle France » ; 19,5 % de prix « marché export » et 3 % de prix « excédents ».

57 « départs » pour atteindre les 45 millions de litres

57 adhérents de l’ALJB ont cessé de livrer leur lait à Danone équivalant à une réduction de collecte de 25,7 millions de litres de lait. 16 ont arrêté la production pour 4,4 millions de litres. Un a rejoint l’AOP Comté (481.000 litres). Quinze livrent désormais leur lait en AOP Morbier à la fromagerie des Hautes Combes (Doubs) soit 6,5 millions de litres. Douze livrent à Mulin (Doubs) 4,5 millions de litres. Six ont rejoint Étrez (4,1 millions de litres). Cinq ont rejoint Foissiat (3,4 millions de litres). Un éleveur livre à l’Ermitage (172.000 litres). Un autre éleveur livre à Delin (21) 823.000 litres. À ces litrages s’ajoutent 1,23 millions de litres de réduction de référence pour sous réalisation.