ODG Cru Saint Veran
Un quinquagénaire proactif

Françoise Thomas
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C’est le bilan d’une année marquée par plusieurs évènements qui a été dressé lundi soir lors de l’assemblée générale de l’Union des producteurs du cru saint-véran qui s’était réunie à Prissé. Les « turbulences » n’ont cependant pas pris le pas sur les annonces festives et les projets du cru.

Un quinquagénaire proactif

Même si ce ne fut pas le premier sujet abordé, les 50 ans du cru saint-véran ont été l’un des points importants présentés lors de cette assemblée générale. Pour rappel, cet anniversaire aurait dû se dérouler en juin 2021, l’appellation ayant été créée en 1971, mais le contexte sanitaire avait l’an passé conduit à son report.

Les festivités vont donc se dérouler les 18 et 19 juin prochains au château de la Balmondière à Saint-Vérand. « Le samedi est à destination du grand public, a détaillé Kévin Tessieux le président de l’ODG, avec des animations prévues tout l’après-midi, de la restauration, des expositions et une soirée spectacle avec Magali Ripoll (musicienne dans l’émission N’oubliez pas les paroles sur France2, N.D.L.R.) et le groupe de musique Memphis ». Le tout pour entraîner les spectateurs dans une ambiance « conviviale entre vin et gastronomie ». Le lendemain va être réservé « au banquet vigneron, uniquement sur réservation, pour se retrouver entre nous ». Un anniversaire autour duquel la campagne de communication va débuter ces jours, permettant de contribuer à la notoriété de l’appellation, une pierre de plus espérée au long édifice du dossier porté auprès de l’INAO.

Le long dossier premiers crus

Lancé depuis plusieurs années maintenant, une nouvelle étape pourrait être franchie cette année dans ce dossier premiers crus. En effet, parmi les autres "chantiers importants" évoqués lundi soir, la création du logiciel de traitement des données Ping Terroir vise à faire gagner du temps à tout le monde « et notamment à l’INAO », dans le cadre de la gestion et du suivi des éléments clés en vue du classement en premiers crus. « Chaque viticulteur va recevoir très prochainement ses codes d’accès au logiciel qui lui permettra de renseigner, pour chacun de ses climats, sa déclaration de récolte, ses prix de ventes, ses médailles, etc. », relate Kévin Tessieux. Cette base de données sera accessible au viticulteur, à l’ODG et à l’INAO. Seule une partie non confidentielle sera visible du grand public. « Cela permettra aussi de répertorier la notoriété des saint-véran, complète Pierre Beaubernard de la commission premiers crus. Il nous faut défendre le fait que la notion de lieux dits est déjà utilisée. L’INAO va se baser dessus comme critères d’étude pour sélectionner les futurs premiers crus ». Petite fierté de l’équipe de l’ODG : « c’est nous qui avons eu l’idée de la mise en place de ce logiciel, dans le but de véritablement faciliter l’administration des dossiers, précise Kévin Tessieux. L’INAO nous a déjà fait savoir que d’autres vignobles étaient intéressés par son déploiement chez eux… ».

Quelques turbulences

En parallèle de ces dossiers, cette AG n’a pu que relater le bilan chiffré de la récolte 2021. Des éléments évidemment perturbés pour les saint-véran comme pour les autres appellations ayant subi le gel d’avril 2021. Résultat, alors que la surface de production s’établit à 741 ha (contre 733 ha par exemple en 2019), le volume collecté n’est lui que de 25.000 hl, représentant un rendement de 34 hl/ha (contre 62 hl/ha en 2020 avec une récolte de 46.000 hl).

Côté bilan comptable, l’ODG clôture avec un résultat d’exercice en déficit de -28.000 €, s’expliquant d’une part par un montant de cotisation (40 €/ha) bien moindre qu’habituellement (63 €/ha) et d’autre part par des frais inhérents aux 50 ans qui auraient dû se dérouler l’an passé. Les fonds propres de l’association ont pu absorber ce déficit.

Côté stock, Philippe Longepierre du BIVB a pu établir un point à partir des données Dematvin. « Le stock de l’AOC saint-véran s’établit à -28 % à fin mars 2022 par rapport à fin mars 2021, sans surprise après une récolte à - 45 % ».

Pour ce qui est des exportations, les quatre pays phares restent les mêmes mais dans un ordre différent d’une année sur l’autre. Pour 2021, la Belgique est en tête (27 %), suivie du Royaume-Uni (21 %), des États-Unis (12 %) et du Canada (11 %).

Bouger les lignes

Des « turbulences » pour la partie commerciale qui doit jongler avec un manque de produits, mais aussi côté production : « il y a une vraie problématique de recrutement de personnels ce qui a forcément un impact sur la gestion des domaines », souligne Kévin Tessieux.

Dans ce contexte général, « deux attitudes : ou l’on continue de subir, ou l’on se met en phase proactive en testant des choses », interpelle le président.

Parmi les éléments sur lesquels l’ODG a choisi de « sortir de sa zone de confort », la prospection flavescence dorée. « Nous allons lancer cette année les tests sur une prospection individuelle domaine par domaine ». Deux premiers secteurs vont faire l’objet de cet essai : Chasselas (117 ha, 57 exploitants, surtout des caves particulières) et Prissé (446 ha, 113 exploitants, majorité de coopérateurs). Si des phases de contrôle seront malgré tout prévues, le principe de cette prospection est véritablement basé sur l’engagement de tous les producteurs du secteur. « Il faut tous jouer le jeu » a insisté Vincent Nectoux, de la commission technique.