Diversification
Une yaourterie dans la cour de ferme

Françoise Thomas
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Concilier investissement limité, réponse à une attente des consommateurs et garantie d’un revenu correct, c’est le pari que souhaitent relever auprès des producteurs laitiers les yaourteries Né d’une seule ferme. Présentation d’un concept clé en main.

Une yaourterie dans la cour de ferme
Après avoir sillonné les mers, les containers connaissent une seconde vie dans les cours de ferme.

Lancé lors du dernier salon de l’agriculture, le concept Né d’une seule ferme avait trouvé à cette occasion un certain écho auprès des producteurs de lait, « et nous n’avons pas encore répondu à toutes les demandes… », relate cependant Florence Loyer, la directrice des relations amont de la start-up, qui redoute ainsi de faire quelques déçus. « Nous n’implantons des yaourteries que dans les endroits où nous sommes assurés d’un débouché en face ».
Deux premières yaourteries sont ainsi déjà en service, l’une dans le Rhône et la deuxième en Haute-Marne, et l’on peut retrouver les yaourts nés dans ces fermes dans les Intermarchés régionaux de chacune d’entre elles. Trois autres yaourteries devraient être implantées d’ici la fin de l’année et leur nombre devrait atteindre la vingtaine à horizon fin 2021.

Un ancien de la FNPL

André Bonnard, ancien secrétaire général de la fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), et toujours producteur laitier dans la Loire est à l’origine de ce procédé.
« De sa propre expérience où son Gaec a dû faire face à une situation imprévue, il a souhaité mettre au point une solution réversible, avec un investissement le plus faible possible et surtout gage de revenu pour le producteur », explique Florence Loyer.
Ainsi, les yaourteries Né d’une seule ferme tiennent dans un container maritime reconditionné : « on y trouve un sas sanitaire, une zone de fabrication avec pasteurisateur et conditionneur, et une étuve réversible devenant chambre froide », détaille-t-elle.
Cet équipement clé en main est installé en location chez l’éleveur. Reste à sa charge malgré tout la mise en place de plots (ou une dalle) pour recevoir le container, la création d’une chambre froide complémentaire prenant le relais de la première pour poursuivre la fabrication des yaourts, voire la construction d’un local où stocker les consommables nécessaires à cette production. « On estime en tout qu’il reste environ 20.000 € maximum d’investissement à la charge de l’éleveur pour ces différents aménagements ». La location de la yaourterie est, elle, de 1.300 € mensuels.

En face de ces frais d’implantation, la commercialisation des yaourts est assurée. Et le modèle économique est parti sur une transformation annuelle de 50 à 52.000 litres de lait par an.
« Le prix de vente recommandé est fixé à un peu moins de 2 € les quatre yaourts nature », les objectifs étant de garantir à l’éleveur une valorisation du lait équivalente à 550 € les 1.000 litres…

Yaourts fermiers plébiscités

Il est encore un peu tôt pour déterminer précisément les retours clients des deux premiers mois de commercialisation des premières implantations, « mais les magasins qui ont joué le jeu de la mise en avant des produits ont tous renouvelé leurs commandes », détaille Florence Loyer, preuve s’il en était encore besoin que le yaourt fermier a son public, prêt à mettre un peu plus cher pour des produits dont il connait l’origine. « Les promesses du produit sont : fabriqué à la ferme, sans poudre de lait, traçable, garant d’une juste rémunération de l’éleveur », rappelle Florence Loyer.
Le volume de lait transformé préconisé nécessite de créer un emploi, « souvent la conjointe, d’ailleurs ». Cela représente cependant un 80 %, « mais rien n’empêche l’éleveur de fabriquer ses propres yaourts, pour de la vente directe… » et compléter ainsi jusqu'à un temps plein.

La traçabilité de chaque yaourt est l’un des engagements de la start-up.