Gaec des Geoffroys à Neuvy-Grandchamp
10 tonnes d’aliments économisées pour l’engraissement des babys !

Marc Labille
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L’ensilage d’herbe de fauche précoce a permis au Gaec des Geoffroys d’économiser 10 tonnes d’aliments pour l’engraissement de ses babys. Ce nouveau régime rend l’exploitation bovine moins dépendante du maïs ensilage et des tourteaux et contribue à améliorer son autonomie alimentaire.

10 tonnes d’aliments économisées pour l’engraissement des babys !
Depuis deux ans, Loïc Lacroix et son père récoltent de l’ensilage d’herbe de fauche précoce. La première coupe intervient fin avril et une seconde coupe d’ensilage de qualité équivalente est effectuée un mois plus tard.

Le Gaec des Geoffroys est l’exploitation de Loïc et Jean-François Lacroix à Neuvy-Granchamp. Sur une surface de seulement 93 hectares, les deux associés ont un élevage bovin viande de 70 mères, quatre poulaillers label rouge ainsi qu’un atelier de démarrage de volailles de chair. Tous les bovins qui naissent sur l’exploitation sont engraissés. Les meilleures femelles sont valorisées en filière AOP Bœuf de Charolles (lire encadré) et les mâles sont vendus en babys.

Nés de novembre à fin février, les mâles sont sevrés début août, notamment pour soulager les mères en cas de sécheresse, justifie Jean-François. Avant cela, les veaux mâles reçoivent déjà une petite ration d’entretien au pré. Moins riche qu’un aliment broutard, elle apporte surtout de la fibre pour préparer la panse du ruminant, explique l’éleveur. Au sevrage, les jeunes mâles continuent de disposer de cet aliment de préparation complété par du foin à volonté. Les animaux subissent alors une transition progressive de deux mois et demi pendant laquelle ils commencent à manger du blé et du tourteau.

Ensilage d’herbe dans la ration des babys

Jusqu’à 2019, les futurs babys étaient engraissés au maïs ensilage (14 kg), complété de blé produit sur l’exploitation et de tourteau. Mais en 2018 et 2019, les récoltes de maïs ont été durement impactées par les sécheresses successives. Un essai a été tenté pour engraisser un lot de mâles avec une ration sèche de maïs grain moulu, blé aplati et tourteau. Mais l’expérience n’a pas été convaincante du fait d’une transition plus compliquée et d’un risque accru d’acidose, confie Jean-François. En 2020, sur les conseils de leur technicien de groupement Pierre-Antoine Comte, les associés ont introduit de l’ensilage d’herbe de fauche précoce dans la ration de leurs babys tout en diminuant la part de maïs ensilage et la quantité de tourteau. « L’objectif était, avec un maïs de qualité très moyenne, d’économiser du tourteau », commente Jean-François. Pendant les 270 jours d’engraissement, la quantité de maïs ensilage dans la ration quotidienne a évolué entre 9 et 11 kg. L’ensilage d’herbe a quant à lui été distribué à hauteur de 2,5 kg à 3 kg. Le blé oscillait pour sa part entre 2 et 3,5 kg et le tourteau entre 1,9 kg et 2 puis 2,4 kg. Les animaux ont reçu aussi de la paille (environ 0,5 kg) ainsi que du minéral.

Ration sécurisante et croissance régulière

Grâce à ce nouveau régime, le Gaec a réalisé une économie de 10 tonnes d’aliment (à 350 €/tonne) pour le lot de 23 mâles engraissés ! Les performances ont été au rendez-vous avec un GMQ très régulier de 1.650 grammes par jour et par animal, indique Loïc qui signale aussi que la durée d’engraissement a été raccourcie d’un mois. Une croissance plus régulière grâce à une ration plus sécurisante et des animaux mieux classés après abattage (11 animaux U- ; 9 U = ; 2 R + ; 1 U + pour un poids de carcasse moyen de 452 kg).

Première coupe avancée de trois semaines

Pour arriver à ce résultat, le Gaec a changé sa stratégie de récolte des fourrages de printemps (une vingtaine d’hectares de ray-gras italien + trèfle violet). Désormais, la première coupe intervient dès la fin avril (avant épiaison), soit trois semaines plus tôt que les années passées, font valoir Loïc et Jean-François. Moins volumineuse, cette première récolte est plus riche en protéines et elle permet de faucher une seconde coupe d’ensilage de qualité équivalente un mois plus tard. Avec cette conduite hâtive, les associés sont parvenus à faucher quatre coupes en 2021, dont les deux dernières en foin.

Autonomie fourragère

Grâce à ce fourrage riche en protéines, les associés ont pu opter pour une formule de tourteau plus économe avec moins de matière azotée et plus de matière grasse, font-ils valoir. L’hiver dernier, la qualité de l’ensilage d’herbe a aussi permis de ne plus distribuer de tourteau aux vaches, complète Jean-François. En gestation, les vaches ont reçu 23 kg d’herbe, 5 kg de maïs ensilage et 3 kg de paille. En lactation, elles ont eu droit à 28 kg d’herbe, 5 kg de maïs et 3 kg de blé, mais sans tourteau. « Le Maïs sert à tamponner la richesse de l’herbe », commente Loïc.

« Aujourd’hui, nous avons trouvé la bonne ration, en adéquation avec nos stocks, notre chargement, nos disponibilités en fourrages », confie le jeune agriculteur qui reconnaît que sur son exploitation très chargée, les surfaces doivent être productives. En 2021, le Gaec devrait approcher l’autonomie alimentaire. État des stocks, bilan fourrager, analyses de fourrages et plan d’alimentation ont été réalisés en amont de l’hiver. Pour aller encore plus loin dans l’autonomie fourragère, Loïc s’est lancé dans le pâturage tournant après avoir suivi la formation dispensée par la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.

 

 

Des femelles valorisées en filière AOP Bœuf de Charolles
Les vaches en finition sont allotées dans une case unique avec du foin à volonté et un aliment.

Des femelles valorisées en filière AOP Bœuf de Charolles

Le Gaec des Geoffroy fait partie des exploitations agréées dans la filière AOP Bœuf de Charolles. Chaque année, l’exploitation valorise ainsi entre 5 et 8 femelles en AOP par l’intermédiaire de son groupement Sicarev. « Des génisses et jeunes vaches bien conformées, fines de viande », commente Jean-François Lacroix. Ces femelles bouchères sont engraissées à l’herbe ou au foin, avec des céréales et un aliment agréé Bœuf de Charolles contenant du lin. Sans ensilage (de maïs ou d’herbe), la conduite est moins poussée qu’en filière standard et la durée d’engraissement plus longue (4 à 5 mois), conviennent les associés. Mais l’allongement de la finition profite à la qualité avec des carcasses plus grasses et une viande plus goûteuse, argumente Jean-François Lacroix qui précise que le gras favorise une meilleure maturation des viandes. Cette conduite particulière est appliquée à toutes les femelles de boucherie de l’exploitation. Elles sont d’ailleurs toutes finies dans une case unique d’une dizaine d’animaux avec du foin à volonté. Jean-François et Loïc Lacroix ne sont d’ailleurs pas convaincus que cette finition revienne plus cher qu’un engraissement plus intensif. Et puis, pour les bêtes en AOP, la valorisation est au rendez-vous : environ 2.000 € pour une carcasse AOP de 450 kg classée R +. Elle vaudrait 130 € de moins en label, font remarquer les associés qui apprécient aussi le principe d’une grille de prix établie à l’année.