Transition agroécologique
Sept recommandations qui font consensus

Cédric MICHELIN
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Six experts (du CGEDD et du CGAAER) proposent une trajectoire d’évolution commune de l’agriculture intégrant à la fois un changement de modèle agricole et un renforcement du contrôle des ressources en eau. 

On ne compte plus le nombre de rapports réalisés par le ministère de l’Agriculture et par le ministère de la Transition écologique sur la transition agroécologique de l’agriculture française et la gestion de la ressource en eau ! Mais celui-ci remis aux deux ministères est différent. Il propose, sur des sujets jusqu’à présent traités séparément, « une trajectoire d’évolution intégrant à la fois un changement de modèle agricole et un renforcement des ressources en eau valorisables afin de réduire les tensions à venir ».

Dépasser les clivages

Aussi, ce nouveau rapport permet de « développer un discours commun entre les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique sur l’eau et l’agriculture en direction des différents acteurs de l’eau et ses consommateurs », défendent ses auteurs. La transition agroécologique de l’agriculture impose des efforts de recherche importants « pour réussir la massification de la transformation agricole », expliquent les contributeurs. L’installation d’une nouvelle génération d’agriculteurs formés à l’agroécologie facilitera cette transformation. Le « panier de solutions » proposé dans le rapport doit être « engagé sans attendre » car leur mise en œuvre nécessite du temps. Il faut une décennie pour enrichir les sols en matière organique et améliorer leur capacité de rétention en eau !

Le sol, le socle de la transformation 

Parmi les sept recommandations, les experts suggèrent de « faire des sols le socle de la stratégie d’adaptation de l’agriculture au changement climatique ». Il s’agirait de mettre les sols « sous la sauvegarde de la nation, de promouvoir les pratiques de l’agriculture de conservation des sols (ACS) et d’accompagner les recherches sur des itinéraires sans pesticides ». La séquestration du carbone dans les sols serait encouragée financièrement. La polyculture-élevage, particulièrement résiliente face au changement climatique, serait promue en imaginant un nouveau modèle à l’échelle d’un territoire pour y associer les systèmes de grandes cultures. Ces derniers fourniraient des fourrages en échanges de déjections animales. Parmi les recommandations du rapport, plusieurs portent sur l’eau. Ses auteurs suggèrent de « concevoir et de mettre en place une irrigation “de résilience”, plus économe en eau » ou encore de renforcer la ressource en eau pour l’agriculture en édifiant des retenues d’eau et en réutilisant les eaux usées traitées. Les deux Conseils proposent aussi une gestion collective et territoriale de l’eau « en renforçant l’efficacité des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) et en élargissant l’implication des collectivités dans ce domaine ». Évidemment, ces programmes ne sont pas envisageables sans financements publics. Une chose est sûre : la Bourgogne, du Sud notamment, est depuis longtemps sur cette "bonne" voie...