Aude Pocchiola est professeur des écoles, femme d’agriculteur et maman. Elle cumule donc à elle seule trois casquettes et est plus que jamais sollicitées en cette période de confinement, pour assurer la classe, s’occuper de sa fille et de la maison, aider sur l’exploitation. Si la situation demande des efforts, elle offre aussi de belles compensations.

L’école à la ferme
La vidéo, un excellent moyen de garder le contact avec les élèves.

« Ça change tout de travailler derrière un écran plutôt que face aux élèves ! ». Pour réduire cette distance imposée par les circonstances, Aude Pocchiola innove. Cette professeure des écoles de cours moyens à Navilly a 18 élèves en CM1, dont sa fille, et huit élèves en CM2.
« Je suis obligée de beaucoup diversifier les activités pour ne pas désintéresser les enfants ». Et si la routine mise en place les premières semaines était très appréciée des parents, Aude Pocchiola s’est vite aperçu que les enfants témoignaient, eux, de beaucoup plus de lassitude. De ce fait, elle a fait évoluer sa façon de préparer et de présenter ses cours. « Je passe beaucoup par des vidéos, des tutos explicatifs ». L’élevage de coccinelle qu’elle avait prévu de faire en classe a été maintenu, mais maintenant « je les observe pour eux et après les élèves posent leurs questions grâce à un document intéractif qui leur permet de suivre l’évolution des larves ».

Pas de panique

Elle alterne ainsi du « travail plus répétitif » et « des choses plus visuelles ou sonores ». Et cette maîtresse se veut rassurante envers les parents : « nous nous focalisons sur des révisions. Le rôle des parents est donc d’aider au maximum leurs enfants à conserver leurs acquis et pas du tout de se substituer à nous en enseignant de nouvelles notions ». Et si la période représentera forcément "un trou dans la raquette", « le fait de fonctionner en cycle de trois ans permet de lisser les apprentissages. Soit les notions ont déjà été vues, soit elles seront rattrapées sur le reste du cycle ». Ce qui l’inquiète plus en revanche, c’est s’il n’y a pas de retour à l’école : « les élèves de CM2 n’auront pas eu la période de transition très importante avant l’entrée au collège ». Mais on n’en est pas encore là et un retour sur les bancs de l’école est pour l’instant annoncé…

Reconnaissances

En tout cas, Aude Pocchiola constate aussi l’évolution des rapports avec les familles. « En milieu rural, les liens étaient déjà là mais cette période permet de les renforcer » grâce notamment à des contacts téléphoniques réguliers. « Il y a beaucoup de remerciements et de messages de reconnaissance pour ce que l’on fait ».
Une autre reconnaissance qui touche particulièrement celle qui est par ailleurs femme d’agriculteur, c’est l’évolution du regard sur ces professionnels. « Nous voyons plus de parents d’élève à la boutique de la ferme, c’est l’occasion de beaucoup de mots de soutien aux agriculteurs ». Ces parents, comme l’ensemble des consommateurs, semblent prendre « plus conscience que les producteurs sont indispensables ». Elle conclut, le sourire dans la voix, « et cela fait du bien à entendre pour mon mari ! ».