Le monde a changé
Pas l’univers de la viande bovine…

Structurer la production, contractualiser, tracer, communiquer sont les maîtres mots du changement qui attend la filière viande bovine, selon le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, lequel a dressé un état des lieux sans concession des problématiques de la filière. Retour sur un rapport remis en juin dernier et dont les conclusions méritent d’être relues à l’aune de la crise actuelle…
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« Le monde a changé, celui de la viande a moins changé, il s’est même accroché avec succès aux outils du passé », affirmaient Yves Geffroy et Michel Reffay du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), lors de la remise de leur "Rapport de situation et de propositions sur la filière bovins viande" le 11 juin dernier.
Très attendu, ce rapport a été sujet à de nombreuses discussions, ce qui a conduit à son retard de publication, laquelle est survenue en juin, au cœur de la crise de la filière bovin viande justement !

Des faits avérés…


Ce rapport confirme les revenus « structurellement bas » des éleveurs et l’effet ciseau charges/coût qu’ils subissent depuis longtemps, trop longtemps… « Il apparait clairement que le revenu courant par UTH avant impôts des producteurs spécialisées "Viande bovine" est le plus bas de toute les productions agricole en 2014, se disputant du reste chaque année ce classement avec le secteur "Ovins viande" », lit-on dans le rapport. Dans le Massif central, les prêts à court terme avaient progressé de +25 % entre 2011 et 2014 et les dossiers de ré-étalement de prêts ont été multipliés par vingt, selon le Crédit agricole. « Les fournisseurs pointent eux-mêmes un sensible allongement des délais de paiement et une augmentation des impayés », note le rapport.
Les rapporteurs dénoncent une production de cueillette, peu structurée et organisée, sans anticipation sur les marchés et avec des tensions en interprofession.

Manque de consensus…


Les coûts de production passent du simple au double : de 191 à 408 € de coût de production par 100 kg de poids vifs. « Ces différences reposent sur un niveau de maîtrise zootechnique et sur une aptitude à maîtriser les coûts extrêmement variable, qui appellent à l’évidence à examiner et à améliorer les modalités du travail de développement tant technique qu’économique », affirme le rapport.
Yves Geffroy et Michel Reffay proposent une série de leviers et surtout de structurer une stratégie commune entre acteurs de la filière. Segmenter la production « pour s’opposer à la massification du produit viande, qui naturellement s’aligne sur le prix le plus bas », développer les approvisionnements en RHF, relancer des campagnes de communication « avec pugnacité », indiquer l’origine France sur les produits, « sortir du débat sur le poids des animaux pour se focaliser sur le marché et la demande des consommateurs », « rationaliser et clarifier les itinéraires techniques », prévoir la production par le biais de contrat… Pour autant, les rapporteurs ne s’en cachent pas : « il y aura des crises ».
Le fonctionnement de l’interprofession serait également à revoir, selon les auteurs, avec l’intégration d’un représentant du secteur laitier. Yves Geffroy et Michel Reffay ajoutent que « l’interprofession bétail et viande rénovée, a clairement pris la mesure de l’enjeu, lequel n’est pas partagé par toutes ses composants internes. Elle mérite, nous semble-t-il, d’être soutenue par les pouvoirs publics, sans s’y substituer ».