EXCLU WEB / Italie : La Coldiretti s’inquiète du devenir des exploitations

Christophe Soulard
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Comme partout en Europe, la sécheresse sévit en Italie. La Coldiretti, principal syndicat agricole italien (équivalent à la FNSEA) a interpelé le Gouvernement. La moitié des exploitations italiennes est en danger.

EXCLU  WEB / Italie : La Coldiretti s’inquiète du devenir des exploitations

Dans un communiqué du 24 juillet, la Coldiretti, s’inquiète des conséquences climatiques qui secouent actuellement la péninsule. « La sécheresse a en effet eu un impact dévastateur sur la production nationale, qui a diminué de 45 % pour le maïs et le fourrage destinés à l'alimentation des animaux, de 20 % pour le lait dans les étables dont les vaches sont stressées par la chaleur accablante, et de 30 % pour le blé dur destiné à la fabrication de pâtes dans les régions du sud », affirme le communiqué. Les tomates accusent déjà une chute de rendement de 11 %. Les pertes pour les exportations de fruits et légumes sont estimées à plus d'1 milliard d'euros (Md€) sur un chiffre d’affaires annuel de 5 Md€. Cette sécheresse est pour le moins inédite en Italie : Au cours des six premiers mois 2022, les températures ont bondi de 2 degrés comparées aux moyennes historiques en Italie. Au cours de l'hiver et du printemps dernier, les moyennes saisonnières de neige et de pluie qui alimentent en particulier la plaine du Pô, se sont effondrées respectivement de 60 % et de 80 %. D’une manière globale, les précipitations ont diminué de moitié sur l’ensemble du territoire.

« L'emprise de la chaleur fait des dégâts dans toute la péninsule, les agriculteurs essayant de se mettre à l'abri en faisant de l'ombre à leurs produits. Les brûlures thermiques endommagent de manière irréversible les fruits et légumes au point de les rendre invendables. On essaie d'avancer la récolte quand c'est possible ou d'éclaircir les fruits sur les arbres, en enlevant ceux qui ne peuvent pas survivre, pour essayer de sauver au moins une partie de la production », indique-t-on à la Coldiretti.

 

Revenu négatif

La Coldiretti s’inquiète aussi des dégâts causés par les violents orages, de pluie et de grêle, « car la terre ne peut pas absorber l'eau qui tombe et a tendance à s'éloigner en glissant, provoquant des glissements de terrain et des coulées de boue », précise le syndicat italien. Réclamant un plan d’urgence à un gouvernement réduit à gérer les affaires courantes (le Premier ministre Mario Draghi a démissionné), la Coldiretti a élaboré avec l'Association nationale de bonification des terres « un projet pouvant être mis en œuvre immédiatement pour la construction d'un réseau de bassins de stockage (de véritables étangs) permettant de recueillir 50 % de l'eau de la pluie ». Selon la Coldiretti, la survie de près de la moitié (46 %) des entreprises agricoles serait aujourd'hui menacée. En effet, plus d'une exploitation sur 10 (11%) se trouve dans une situation si critique qu'elle a conduit à la cessation d'activité. Ce sont 30 % des exploitations, selon le syndicat agricole italien qui sont actuellement contraintes de travailler dans une condition de « revenu négatif » en raison de l'augmentation des coûts de production. Comme leurs homologues européens, les agriculteurs italiens sont confrontés à d’importantes augmentations de prix pour l'achat d'engrais, d'emballages, de gasoil, d'outils et de machines : des augmentations de coûts allant de +170 % pour les engrais ;  +90 % pour les aliments pour animaux ; +129 % pour le gasoil, auxquelles s'ajoutent des augmentations de prix de plus de 30% pour le verre, 15 % pour le tetrapack, 35 % pour les étiquettes, 45 % pour le carton, 60 % pour les boîtes de conserve, et même 70 % pour le plastique, selon l'analyse de la Coldiretti. Le gouvernement a récemment débloqué une enveloppe de 36,5 millions d’euros. Il n’est pas certain que cela suffise. En effet, la Coldiretti a commencé à évaluer les dégâts. Ils sont déjà de plus de trois milliards d'euros et devraient atteindre six milliards d'euros d'ici la fin de l'été, soit 10 % de la valeur de la production agricole nationale.