Enseignement et filière avicole
Les filières volailles mises en avant à Fontaines

Publié par Cédric Michelin
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Depuis 2017, la commission Enseignement de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire organise une journée dédiée - à un secteur ou à une filière – pour présenter les possibilités d’installation ou d’emploi (salariés, technicien OPA…) à l’ensemble des élèves des établissements agricoles du département. Rendez-vous était donné ce 17 octobre au lycée de Fontaines pour faire le tour complet de la filière avicole, avant de partir en visites (standard, Label, AOC, poules pondeuses…).

Les filières volailles mises en avant à Fontaines

Après l’agroéquipement en 2017, après le maraichage et l’horticulture en 2018, place cette année à la filière avicole. Devant 140 jeunes en formation Bac Pro, BTSA, BPREA venant de Fontaines, Mazille, Anzy-le-Duc et de jeunes inscrits au Point accueil Installation, la présidente de la commission Enseignement et présidente de l’EPL de Fontaines, Anne Gonthier présentait la journée permettant de voir « toutes » les catégories et productions avicoles - œufs ou de chair, standard, Labels, AOP, canard, pintades, dindes, vente directe… - se faisant dans le département.
La responsable des filières avicoles à la chambre régionale d’Agriculture, Catherine Challan-Belval présentait alors les principaux chiffres de chacune des filières. D’un point de vue économique, il n’y a pas de règle unique. Chaque marché étant différent. Par exemples, les labels Volailles de Bourgogne ou du Charolais ont connu une forte augmentation depuis 2015 pour atteindre « trois millions de mises en place en 2018 (+5%) » alors que le marché national en label baissait de -0,5%. Cette vérité d’un jour n’est pas forcément valable demain. « On a tendance à freiner la création de nouveaux bâtiments en label maintenant. Cette dynamique repartira avec les prochains départs en retraite ».

De nombreux marchés cohabitent

Le responsable avicole à la chambre d’Agriculture, Louis Accary en témoignait lui qui s’est installé en Label en 1980. « L’idée de cette journée était de faire le tour des possibilités mais aussi que vous nous posiez des questions et que vous repreniez ensuite contact avec nous. Il y a plein de possibilités d’adaptation à votre projet d’installation à vos envies, en analysant vos conditions de travail et de vie ». Y compris aussi pour être salariés sur une exploitation ou pour devenir technicien en OPA, entreprises ou coopératives par exemple.
Sans opposer les systèmes, bien au contraire, il rappelait aussi une évidence : « il ne peut y avoir de Label que s’il y a du standard ». Ce qui n'empêche pas certaine « révolution » à l'image du secteur des œufs en cage qui basculent actuellement massivement en œufs de poule « alternatifs » dits « plein air ». Même si certains acheteurs en Grande distribution semblent en revenir...

Et de finir donc sur une mise en garde face aux questions de la salle semblant rejeter le système standard : « sur 10 volailles consommés aujourd’hui en France, 4,5 sont importés. Les clients veulent du bien-être animal mais ne sont pas prêt à le payer car les normes ont un coût ».

Une contestation grandissante

Un peu plus tôt dans la matinée, le conseiller entreprise à la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Thierry Michel avait justement posé les « problèmes de voisinage et la contestation » d’une partie du public ou d’associations. « Industriel, personne ne sait ce que cela représente en nombre », rappelait-il. Dernièrement à Rully, un projet de 700 poules pondeuses en vente directe a été « vilipendé » par 60 personnes en réunion à la Mairie, déplorait Benoit Regnault, représentant la FDSEA de Saône-et-Loire. Loin donc d'un bâtiment de 30.000 poulets ou des 100.000 poulets abattus chaque jour à LDC Branges.

Une contestation d'autant plus dommageable que la filière avicole a de nombreux atouts à faire valoir pour produire localement. La production nécessite peu de foncier, peut venir en complément (allaitant, céréales…), peut rapidement dégager un revenu « en un an », peut apporter des fertilisants et permettre des économies…
Reste l’inconvénient majeur pour un jeune notamment, l’investissement important au départ en standard (500.000 € environ) ou label. Derrière, ce sont des productions techniques demandant une grande rigueur de travail. Ce qui n’avait en rien l’air de décourager nos jeunes élèves même si beaucoup semblaient plus intéressés par les « bovins ».

Facilite toutes installations

Ce à quoi rétorquait gentiment Thierry Michel comme quoi ce n’est pas incompatible : « pour une installation en Gaec avec vos parents, l’atelier volailles ou œufs créé rapidement un revenu tout en limitant l’agrandissement. L’amortissement est amorti lors du départ en retraite et n’occupe que 0,5 à une unité de main d’œuvre, pouvant payer un salarié. Ce qui laisse libre le jeune de faire ce qu’il veut derrière… ».
De quoi relativiser aussi la contractualisation « trois points » (poussins, alimentation, reprise) en intégration qui a aussi pour intérêt d’assurer une visibilité pluriannuelle pour stabiliser une partie des revenus de l’exploitation, loin de la variabilité des cours mondiaux des autres productions (viandes, céréales…). A réfléchir donc.