Fop et Plan protéines végétales
Le plan face à de « nombreux obstacles »

Cédric MICHELIN
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Phytos, biocarburants, NBT (nouvelles techniques de biotechnologies)... La Fop (producteurs d’oléoprotéagineux) a alerté, le 17 novembre en AG, sur les « nombreux obstacles » que subit la filière dans la perspective du Plan protéines végétales, que Julien Denormandie annonce pour les « tout prochains jours ».

Le plan face à de « nombreux obstacles »

« On ne réussira pas le plan protéines sans phosmet », a lancé le président Arnaud Rousseau. La ré-homologation de cet insecticide par l’Union européenne est menacée, d’après le syndicat. Sans lui, « c’est moins 200.000 hectares » de productions oléagineuses. Le retrait de phytos sans alternative « est une des causes de la perte d’intérêt pour nos cultures », considère-t-il. S’y ajoutent davantage de contraintes dans l’utilisation des produits. Exemple avec le plan pollinisateur qui devrait aboutir à une interdiction plus large des épandages en période de floraison, selon les propos de Barbara Pompili, ministre de l'Environnement, lors d’une audition parlementaire le 5 novembre.

« Nous refusons un plan pollinisateur qui serait une contrepartie aux néonicotinoïdes », affirme le patron de la Fop, en référence au projet de loi autorisant le retour du produit pour les betteraves. Le syndicat s’inquiète du plan d’accompagnement des dérogations à cet insecticide qui, d’après lui, pourrait se traduire par des restrictions à la culture de plantes mellifères « longtemps derrière les betteraves ». Or le colza affiche 25 % de surfaces en zone betteravières, selon ses chiffres.

Les biocarburants en proie à des « attaques »

Les phytos mais aussi d’autres moyens de production voient leur accès limité, à savoir les semences, l’eau, déplore Arnaud Rousseau. Partisan de la mutagénèse, il souhaite que les obtenteurs profitent des dernières techniques d’amélioration variétale « utilisées partout dans le monde ». Mais certaines variétés de colza sont sur la sellette, avec un projet de décret qui les soumet à la réglementation OGM. « L’État affiche sa volonté d’accroître notre souveraineté protéinique mais, en même temps, tout est fait pour mettre à mal la production d’oléoprotéagineux, clé de voûte de la diversification et de la transition agro-écologique », s’est exprimé un agriculteur dans le rapport d’activité de la Fop. Plus en aval de la filière, « les attaques sur les biocarburants de première génération sont permanentes et d’abord à Bruxelles », déplore Arnaud Rousseau.

Venu promouvoir le plan protéines de « plus de 100 millions d’euros », qui sera présenté « dans les tout prochains jours », Julien Denormandie a, dans une vidéo diffusée lors de l’assemblée générale, souligné en parallèle les efforts du gouvernement pour « une meilleure gestion de l’eau ». Le projet de loi Asap (simplification de l'action publique), récemment adopté, permet de « simplifier le cadre de concertation », laquelle « ne peut pas durer près d’une décennie », selon lui. « Nous sommes en train de mettre en place au sein du ministère une organisation dédiée pour accélérer les projets de gestion de l’eau », a-t-il par ailleurs signalé.

Protéines végétales et animales

S’il fallait résumer en une phrase l’assemblée générale de la Fop, ce serait très certainement : « Donnez-nous les moyens de produire ». En effet, après une récolte plus que moyenne, les producteurs d’oléoprotéagineux s’inquiètent des nombreuses menaces sur leurs facteurs de production. Pour le président de la Fop, la souveraineté alimentaire est une « opportunité à saisir » et les producteurs sont pleinement « au cœur des enjeux de la biodiversité ». Il n’est pas question pour son organisation d’opposer les protéines végétales et les protéines animales, estimant que le "Plan protéines" annoncé par le gouvernement et doté d’un budget de 100 millions d’euros peut « être une source de valeur » y compris auprès des productions animales. Julien Denormandie a insisté sur cette crise Covid qui « révèle nos dépendances aux intrants, aux aléas climatiques » mais aussi « aux importations en matière de protéines végétales, un quart des protéines destinées à l’élevage ».

 

Une récolte très contrastée 

La récolte 2019-2020 restera dans les annales agricoles pour avoir été la première année depuis 2007 où le rendement moyen de colza est en dessous de la barre des 30 quintaux/ha (qx/ha). Le rendement était de 31,6 qx/ha en 2019, il n’est plus que de 29,3 qx/ha cette année. Conséquence logique, la récolte n’atteint que 3,3 millions de tonnes (Mt) en 2020 contre 3,4 Mt la campagne précédente, en chute de -31 % sur la moyenne quinquennale (2015-2019). En cause : les conditions climatiques qui ont pesé sur les semis mais aussi « la gestion ardue des ravageurs », a indiqué le rapport d’activité de la Fop. Les pois et féveroles ont aussi connu une décroissance marquée d’une campagne à l’autre : -8,4 % pour les premiers et -4,6 % pour les secondes. Le tournesol s’en sort mieux avec une hausse des surfaces de 170.000 ha et une augmentation de production de +27,7 % par rapport à la campagne 2018-2019. Le soja poursuit sa progression passant de 163.000 ha à 187.000 ha et de 415.000 tonnes de graines (2019) à 450.000 tonnes, battant ainsi le record de production de 2017 (420.000 tonnes).