Le Royaume-Uni en pénurie de main-d’œuvre

Les secteurs agricole et agroalimentaire britannique manquent de bras. La fin de la libre circulation des personnes européennes consécutive au Brexit a mis fin à l’arrivée massive de main d’œuvre en provenance des pays de l’Est. 

Le Royaume-Uni en pénurie de main-d’œuvre

Cet été, les exploitants comme les industries alimentaires ont eu de grandes difficultés à recruter des saisonniers. Certains ont même laissé pourrir les récoltes dans les champs, faute de cueilleurs voire ont distribué gratuitement leurs productions. Ce phénomène touche aussi les élevages, les abattoirs manquant de personnel, tout comme les distributeurs et les entreprises logistiques qui annoncent un manque de plus de 100 000 chauffeurs routiers. Le secteur de la transformation de viande manque de 14 000 employés sur un total de 95 000 travailleurs, la saison critique de préparation aux fêtes de Noël s’annonce « critique », selon Nick Allen, le directeur général de l’association de la viande britannique. Les raisons sont multiples, la pandémie de Covid tout comme le Brexit ont limité les déplacements de saisonniers étrangers. Avant le Brexit, la majorité des saisonniers venaient des pays de l’Est.

« Pick for Britain » 

Face à cette situation, certains producteurs envisagent de réduire leurs plans de culture la saison prochaine, faute d’une main-d’œuvre suffisante. Pourtant certains exploitants n’ont pas hésité à doubler les salaires de saisonniers, mais les zones rurales n’attirent plus. Déjà en octobre 2020, la National Farmers Union (NFU) annonçait que seulement 11 % des saisonniers étaient des résidents britanniques. En conséquence, le gouvernement avait augmenté le nombre de visas disponibles pour les saisonniers étrangers de 10 000 en 2020 à 30 000 en 2021 et augmenté le nombre d’opérateurs agréés faisant venir des saisonniers étrangers sur le territoire. Mais c’était peine perdue. Le Brexit a fait son œuvre, les saisonniers qui pouvaient se déplacer librement avant le Brexit ne le peuvent plus depuis le 31 décembre 2020. Le programme national lancé à l’automne 2020 par le gouvernement « Pick for Britain » (« Choisissez la Grande-Bretagne ») n’a pas eu l’effet escompté. Sur les 30 000 candidatures, seulement 4 % ont été employées et seules 1 % sont restés après six semaines de travail. Face à cette situation, la filière alimentaire britannique a rendu un rapport le 27 août 2021 au gouvernement pour pointer du doigt les difficultés, estimant que ces dernières pourraient avoir des répercussions importantes sur l’économie du pays.

Renforcer les formations

Selon ce rapport, le taux de vacance d’emploi serait de 13 % dans le secteur, soit plus de 500 000 postes vacants. Ce phénomène entraîne une hausse significative du coût de l’alimentaire pour les consommateurs. Il serait nécessaire, selon la filière agroalimentaire, qu’un programme dédié aux saisonniers soit révisé et élargi à toute l’activité agricole et alimentaire, qu’il soit flexible pour répondre aux besoins urgents de tous, avec l’introduction d’un visa Covid 19 de 12 mois. Un examen sur l’impact de la fin de la libre-circulation des saisonniers a été demandé au Comité consultatif sur les migrations (MAC). La filière demande aussi de « renforcer les formations pour les rendre plus adaptées aux profils recherchés par le secteur alimentaire ». Cet été, le gouvernement britannique a ouvert d’avantage ses frontières aux saisonniers de ses anciennes colonies. Tant et si bien que ceux en provenance de pays situés à plus de 6 000 miles (9 600 km) du Royaume-Uni, avait plus que doublé. Plus de 16 000 travailleurs ont débarqué de 37 pays différents incluant même la Barbade, le Népal, le Tadjikistan, le Kenya et les Philippines. Ils n’étaient que 7 000 la saison précédente.