Davayé
La botanique au service de l’enherbement en vigne ?

Régis Gaillard
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À l’occasion de la Journée d’animation scientifique et technique sur la qualité des sols viticoles qui s’est déroulée à Davayé avant le confinement lié au Covid-19, Bruno Chauvel s’est intéressé au rôle de la botanique dans la problématique de l’enherbement en vigne.

La botanique au service de l’enherbement en vigne ?

Représentant l’Inrae, centre de Dijon, Bruno Chauvel s’est penché, dans un premier temps, sur la question de la couverture de la vigne par un enherbement. Cela répond à des objectifs très variés. À commencer par l’alimentation hydrique et minérale pour obtenir une amélioration de la structure des sols et par la lutte contre l’érosion. Il s’agit aussi de mieux contrôler le rendement et d’améliorer la qualité du vin. Il y a, bien évidemment, d’autres possibilités de couverture des sols. On pense au mulch « mort » à l’image du paillage, des écorces… Mais cela suppose une épaisseur importante d’où un tonnage conséquent, une imperméabilité du couvert (croûte) ou encore l’absence d’entretien ainsi que le renouvellement des apports. Quant aux mécanismes en jeu, force est de constater que des individus d'une même espèce (intraspécifique) ou d’espèces différentes (interspécifique) se concurrencent pour l’accès à des ressources alimentaires, territoriales et partenariales quand ces ressources sont exploitées au même endroit et de façon simultanée.

La botanique comme recours

Pour sa part, la botanique a un vrai rôle à jouer. À travers des espèces annuelles qui peuvent se resemer ou être resemées ou des espèces vivaces qui peuvent se maintenir ou être resemées. On évoquera aussi des espèces faciles à gérer, c’est-à-dire aisées à faucher et tondre ou des espèces qui meurent naturellement. Sans oublier des espèces qui peuvent rendre des services entre faible compétition, production d’azote, structuration du sol, production de pollen et de nectar. Quant à savoir si le couvert doit être composé d’une espèce unique ou de plusieurs, cela dépend de l’objectif recherché. S’il y a un objectif de gestion facile, il convient d’avoir plutôt une espèce unique. S’il y a un objectif de diversité, il est préférable d’avoir plutôt une communauté. L’enherbement du sol ne peut se faire sans avoir réfléchi aux problématiques d’herbicide et de préservation de la diversité biologique. En outre, il convient de ne pas introduire des espèces nouvelles dans l’agrosystèmes (espèces envahissantes), de privilégier les espèces « naturelles » aux espèces horticoles (association végétales locales) ou encore d’adapter les mélanges aux besoins agronomiques, environnementaux, écologiques, paysagers et commerciaux. Par contre, un enherbement avec la flore naturelle n’est pas vraiment à conseiller. Par crainte de certaines espèces adventices trop concurrentielles, de certaines espèces adventices dégradant la qualité et d’espèces pouvant échapper au contrôle.