Fermes ouvertes
Des collégiens en immersion à l’EARL Limouzen

Marc Labille
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Le 17 mars dernier à Milly-Lamartine, l’EARL Limouzen recevait une classe de sixième du Collège Pasteur à Mâcon. S’inscrivant dans le cadre des Fermes Ouvertes organisées par les agricultrices de la FDSEA, cette rencontre s’est déroulée dans l’élevage de bovins limousins de François Perrin. 

Des collégiens en immersion à l’EARL Limouzen
Durant une matinée, l’EARL Limouzen a accueilli une classe de sixième du collège Pasteur de Mâcon.

Gérant de l’EARL Limouzen, François Perrin a pour habitude d’ouvrir sa ferme aux curieux. Convaincu que « la meilleure réponse à la désinformation est la transparence et l’accueil de visiteurs dans les exploitations », l’éleveur du Mâconnais n’en était pas à sa première visite de classe. Il avait déjà reçu des primaires les années passées et deux jours avant les collégiens, des écoliers étaient venus rendre visite aux animaux de l’EARL.

Un contact avec la nature

Cette ferme ouverte était une première pour les élèves de sixième et leurs professeures. La proposition de la Commission des agricultrices répondait pleinement aux attentes de Mélodie Faguet, professeure de SVT (science et vie de la terre). Dans le cadre de son enseignement des sciences naturelles, la jeune professeure confie « rechercher ce contact avec la nature », qui fait défaut entre les murs d’un collège de ville. Les thèmes préparés en amont avec l’éleveur s’inscrivent bien dans le programme scolaire de SVT. « Reproduction des animaux, croissance, alimentation, cycle de la matière organique, micro-organismes et fermentation… » : tous les concepts abordés dans le programme sont bel et bien à l’œuvre dans un élevage. Outre ces fondamentaux scientifiques, l’enseignement aborde aussi les notions d’élevage bio et industriel. Sur ces préoccupations très sociétales, rien de mieux que d’amener des enfants dans un vrai élevage pour une immersion sans filtre partisan.

Caresser les animaux

Pour guider le groupe d’adolescents dans leur découverte, François Perrin s’était fait seconder par son amie Léa. Très à l’aise avec le sujet puisqu’experte en élevage de son métier, la jeune femme a su captiver les enfants malgré la quantité d’informations délivrées. À la fin de la matinée, l’anatomie et la physiologie des bovins avaient déjà beaucoup moins de secrets pour les collégiens. Sans conteste, ce sont bien les animaux et le fait de pouvoir les toucher qui a le plus marqué les enfants. Captivés par des bovins à côté desquels ils paraissaient minuscules, les jeunes ont été littéralement fascinés par les traits de comportement des animaux ; par des détails parfois bien éloignés des préoccupations zootechniques d’un éleveur !

Dans leur découverte de l’élevage, les collégiens montraient une sensibilité touchante aux animaux. Le besoin de caresser les bêtes ; de toucher la toison frisée et soyeuse d’un jeune taureau était irrépressible. Nul doute que ces petits consommateurs sont très attachés au bien-être animal. Les explications très pédagogiques de Léa et François n’ont pas empêché quelques questions amusantes…

Les vaches ont toutes un prénom !

Au terme de cette visite qui s’est achevée par un verre de jus de fruit et un gâteau maison, les enfants livraient leur ressenti. Pour Sia, Lola et Loni, 12 ans, cette découverte était très « sympa ! ». Les trois collégiens confiaient ne connaître « qu’un peu » l’agriculture, n’ayant qu’un lien lointain avec le milieu : un copain de la famille agriculteur pour Lola ; des grands-parents à la campagne pour Loni… Tous trois ont apprécié « l’approche avec les animaux ; le fait que les vaches de François aient toutes des prénoms… ». Les trois enfants avouaient côtoyer des végétariens dans leur entourage, mais tous disaient manger de la viande, preuve d’une tolérance réciproque. « Je réduis un peu pour le bien-être des animaux », confiait cependant Sia. « Les agriculteurs cultivent la terre pour nous nourrir », retenait l’un des collégiens au moment de remonter dans le bus. Leur professeure de SVT promettait que cette visite riche allait servir de support pour des développements en classe, tout en remerciant les organisateurs de ces fermes ouvertes.

 

 

EARL Limouzen : une passion de la génétique limousine

EARL Limouzen : une passion de la génétique limousine

À deux pas de l’agglomération mâconnaise, côtoyant les vignes, l’exploitation de François Perrin couvre 70 hectares sur lesquels sont élevées une petite cinquantaine de vaches limousines et leur suite. Autrefois associé avec son frère Robert sur une exploitation diversifiée dans la viticulture et la production laitière, François a choisi de se concentrer sur l’élevage et, au milieu des années 2000, des vaches allaitantes de race limousine ont remplacé les prim’holstein. Authentique passionné d’animaux, François détient un cheptel inscrit avec lequel il produit des bovins reproducteurs. Toutes les femelles sont destinées à la reproduction. Celles qui ne servent pas au renouvellement du troupeau sont commercialisées à l’âge de 18 mois prêtes à saillir. Chaque année, François vend une dizaine de jeunes mâles pour la reproduction. Certains sont sélectionnés pour la station raciale nationale de Lanaud (87). Les autres mâles sont vendus en broutards. Jusqu’alors, l’EARL utilisait des taureaux en monte naturelle. Mais les dates de vêlage précoces et la configuration du bâtiment à logette rendaient complexe la reproduction hivernale. Pour ne plus avoir à faire saillir ses taureaux en « monte en main », François recourt désormais à l’insémination artificielle. Ce mode d’accouplement lui permet aussi d’accéder à « des taureaux au top », confie le sélectionneur qui, dans ses choix, conserve « les mêmes priorités : facilité de naissance, maintien du lait, finesse d’os… ». Après être parti sur une souche typée élevage, François Perrin « remet de la viande pour des limousins plus mixtes ». Il sélectionne aussi le caractère sans corne en utilisant des taureaux homozygotes sur ses primipares.