Le 22 mars au Vinipôle Sud Bourgogne à Davayé a été posée la première pierre... pardon, le premier conteneur du Vitilab. Et voilà ! En moins de deux jours, les huit conteneurs étaient installés et presque prêts à l’emploi pour accueillir un concept d’un nouveau genre : tiers lieu, Fablab, start-ups… la viticulture de Saône-et-Loire passe en mode 4.0 pour une viticulture de précision.

La viticulture 4.0

Côté "architecture", ce nouvel espace ne laissera personne indifférent : on aime ou on déteste. Incontestablement en tout cas, les conteneurs sont à la mode, comme le confirme Thibault Ressy, architecte DPLG à Lyon qui croule sous les demandes pour des conteneurs aménagés en espaces modulables que ce soit des bureaux ou autres. Ici, en l’occurrence, il s’agit de huit conteneurs de 20 pieds. Après une vie de globe-trotters, leur « recyclage » a nécessité quatre mois en atelier pour les découpes, l’isolation par l’intérieur pour garder l’aspect industriel, les raccordements électriques, les baies vitrées et portes… À l’aide d’une grue, le conteneur est soulevé du camion pour être délicatement positionné. Comme un Légo, le Vitilab prenait forme ce 22 mars. Deux jours ont suffi pour monter la structure complète. Des raccords, isolations et quelques fixations suffisaient. Ne restera plus qu’à rajouter un escalier extérieur et la création artistique d’un grapheur reconnu.

Passer de l’idée au concept

L’idée est née en juillet 2017, suivie d’une étude de faisabilité en 2018, puis soutenue par le Conseil régional, le PETR Mâconnais-Beaujolais et le Département en 2019. L’objectif étant de doter la viticulture de Saône-et-Loire d’équipements numériques de pointe : scanner 3D, découpe laser, fraiseuse numérique, impression 3D… pour permettre de créer des prototypes de machines ou équipements viticoles. Un tiers lieu permettra également aux start-ups de « brainstormer » (réfléchir) avec des viticulteurs et autres professionnels de la filière. Le lieu est idéal puisque touchant le Vinipôle Sud Bourgogne (chambre d’agriculture, BIVB, Coeb) et le lycée viticole de Davayé et son domaine. Sans oublier le site Viticonduite, le CFPPA… Un lieu pas uniquement pour réfléchir mais pour produire aussi. Le laboratoire - Lab en anglais – doit donc permettre de fabriquer (Fab) des solutions pré-industrielles. Dans les cartons, on trouve déjà des solutions proposées par des industriels ou start-ups : exosquelettes pour décupler la force ou soulager les douleurs, des robots (Vitibot, Naïo, etc.), des enjambeurs autonomes,  des capteurs d’analyse, sur des drones… Ou encore des solutions numériques « maison » telle que l’application Agricivis de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire permettant d’informer les riverains des travaux de saison, notamment des épandages et délais de ré-entrées. Un fil d’information est d’ores-et-déjà envoyé par le service Vigne & vin aux mairies comme le proposait la Charte ZNT. Ainsi, de nouveaux outils d’aides à la décision verront le jour pour les viticulteurs comme pour la filière. À l’image d’un prototype pour numériser le processus de traitement à l’eau chaude, pour connecter, sécuriser les données (par lot et par clients) « pouvant aller jusqu’à un pilotage intégral de la température à terme », anticipe Guillaume Paire, l’animateur de Vitilab pour la chambre d’agriculture. Une révolution peut-être demain pour les pépiniéristes et les vignerons.

Passer du concept au produit

Tout ceci devrait au final surtout permettre le transfert de savoirs et passer plus facilement de l’expérimentation à la preuve de concept avec des prototypes, intéressants ou non ensuite des investisseurs ou partenaires industriels. L’autre avantage sera de concentrer dans un même lieu un centre de ressources pour tous autour de la viticulture de précision. Des entreprises pourront être « hébergées » et tester leurs solutions à proximité avec les parcelles de vignes de la chambre d’agriculture ou du lycée éventuellement. Les démonstrations sur place seront facilitées. Le Vitilab fait partie du réseau des Fablabs permettant aussi des échanges ou l’organisation d’événements comme à Chalon (Nicephore Cité, Niepce), Mâcon (Locow), Belfort (Crunchlab) ou Dole par exemples. Les viticulteurs pourront évidemment venir chercher des réponses à leurs questions ou proposer des idées de recherche. « On attend les remontées du terrain pour une expertise fine des besoins pour une viticulture de précision », encourage donc Guillaume Paire qui invite vivement les vignerons à s’approprier le lieu pour proposer ou réaliser leurs idées les plus simples comme les plus folles.