Association Charolais Label Rouge
Le Label Rouge avance doucement, mais sûrement !

Marc Labille
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En 2020, le Charolais Label Rouge a connu une progression de + 33 % malgré le Covid. S’adaptant aux exigences des consommateurs et profitant du déploiement du plan de filière consécutif aux EGAlim, le label vit une petite révolution. Mais le chemin reste difficile quand il faut écrire les contrats tripartites et défendre la rémunération des éleveurs. Mais la loi s’appliquera et l’association sera là pour veiller au grain.

Le Label Rouge avance doucement, mais sûrement !
Pour promouvoir la viande charolaise label rouge auprès de nouvelles cibles nationales et internationales, l’ACLR a noué un partenariat avec l’équipe de France féminine de Beach Volley qui tentera de se qualifier pour les JO de Paris en 2024.

Avec près de 12.800 bovins labellisés, l’Association Charolais Label Rouge (ACLR) a battu son record d’activité en 2020 avec une hausse de + 33,6 % par rapport à 2019. Cette progression, reflet d’un développement qui semble se confirmer en 2021, a généré un surcroit de travail pour l’association. À tel point que le conseil d’administration de l’ACLR a décidé d’étoffer l’équipe par l’embauche d’un responsable développement et d’une chargée de mission. Ces deux collaborateurs permettront « de renforcer la présence sur le terrain ainsi que la communication et le suivi qualité », justifiait Didier Perichon, président.

Petite révolution

Cette évolution favorable est le fruit d’une petite révolution en cours dans la filière. D’abord, l’ACLR a entrepris il y a quatre ans de revoir sa communication pour s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs, intégrant ainsi « l’environnement, le bien-être animal, la rémunération des éleveurs », rappelait le président. Les plans de filière issus des États Généraux de l’Alimentation (ÉGAlim) sont allés dans ce sens avec la mise en avant des viandes label rouge, des moyens de communication importants (Interbev) et une adaptation des conditions de production communes. « Nos opérateurs historiques se sont impliqués fortement pour développer nos marques avec de nouveaux circuits de distribution tels que la restauration, les UVCI (Unité de Vente Consommateur Industrielle). Nous avons également de nouveaux abatteurs, groupements, grossistes qui nous ont rejoints élargissant notre zone d’implantation », se félicitait Didier Perichon.

Impact limité du Covid

En 2020, la crise du Covid a eu un impact plutôt limité sur la vie de l’ACLR. En dépit des restrictions, la filière a continué de fournir de la viande label rouge à des consommateurs qui ont redécouvert la boucherie traditionnelle. Néanmoins, le confinement a sérieusement perturbé le programme de promotion de l’association. Seul le salon de l’Agriculture a été épargné par le Covid. Une chance car la Charolaise était l’invitée d’honneur du SIA à Paris et le Charolais Label Rouge a été un partenaire de tout premier plan de Charolais France dans cet évènement grand public. 

Faute d’avoir pu accomplir toute la promotion prévue auprès des points de vente, le conseil d’administration de l’ACLR a choisi de réattribuer ce budget « à la prise en charge d’une partie du coût supplémentaire engendré par les nouvelles contraintes des cahiers des charges », révélait Didier Perichon.

Un coup de pouce bienvenu pour les éleveurs alors que ces derniers ont dû consentir de gros efforts pour répondre aux nouvelles exigences dictées par les consommateurs et les ÉGAlim (non OGM, bien-être animal, diagnostic Boviwell). Efforts d’autant plus méritoires que pour atteindre les objectifs fixés par la loi, beaucoup d’élevages ont été habilités sans pour autant avoir pu tous livrer des animaux en filière label. « Subissant les contraintes sans en retirer le juste retour financier », regrettait le président.

Pas à la hauteur des attentes…

Car malgré les bons chiffres de 2020, l’essor tant attendu du label rouge et promis par les ÉGAlim n’est encore pas à la hauteur des espoirs. La crise du Covid a surtout profité à la viande hachée et la fermeture de la restauration commerciale a pesé. « La mise en avant du local, qui rappelons-le, n’est pas un signe de qualité, vient encore complexifier la situation », poursuivait Didier Perichon qui redoute que le label ne finisse par ne devenir qu’un « label socle au service de marques de distributeurs, d’enseignes ou de démarches régionales…», s’inquiétait le président. Cette crainte a motivé une réflexion collective nationale au sein des labels sur le rôle futur des ODG (Organisme de défense et de gestion). Avec en tête cette nécessité de « garder la maîtrise des cahiers des charges » avec « des contraintes supportables par les éleveurs ».

La contractualisation avance doucement

Quant à la rémunération des éleveurs, Didier Perichon reconnaissait que « s’il y a certes des améliorations, le bout du tunnel semble encore loin ». Il faudrait d’abord que le nombre d’animaux livrés par élevage progresse. La moyenne est aujourd’hui d’environ 5,3 bovins par élevage mais un quart d’entre-eux ne valorisent qu’un seul animal en label dans l’année, ce qui est trop peu. On attend aussi beaucoup de la contractualisation, seule voie crédible pour ramener enfin une plus-value digne de ce nom. Dans la construction du prix, « les contrats doivent obligatoirement intégrer la qualité, le coût de production et la cotation de marché », rappelait le président d’Interbev Bourgogne Franche-Comté, Yves Largy. Et la loi impose que tous les labels soient contractualisés, complétait-il. Si la mise en place de ces contrats est laborieuse, elle semble tout de même avancer un peu, rassurait-on. Toute la difficulté semblant résider dans le fait « de devoir se mettre d’accord à trois (éleveur, abatteur, distributeur) », rapportait Olivier Jame, vice-président de l’ACLR qui convenait qu’in fine, « il faudra bien arriver à valoriser à l’achat ».

« Pari 2024 » : la viande rouge partenaire du sport féminin

L’association Charolais Label Rouge vient de nouer un partenariat avec l’association « Pari 2024 » qui soutient l’équipe de France féminine de Beach Volley dans son projet d’être aux JO de Paris dans trois ans. C’est un partenariat original pour l’association Charolais Label Rouge qui devrait lui assurer une exposition inédite auprès de cibles auxquelles elle n’avait pas accès jusqu’alors. La démarche est intéressante à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle associe l’image du sport féminin de haut niveau avec la viande rouge. Présentes à l’assemblée générale de l’ACLR le 28 juin dernier à Baron, Alexia Richard et Lézanna Placette, toutes deux joueuses en équipe de France de Beach Volley, revendiquent manger de la viande rouge ! Alexia préside elle-même l’association PariI 2024 qu’elle présente comme fédérant amateurs de beach volley, bienfaiteurs, entreprises… tous solidaires autour de leur défi d’être aux JO de 2024. Bien plus qu’un club de supporters, cette association motivée par le parcours prometteur des deux jeunes femmes, compte parmi ses membres des ambassadeurs du bien manger français. Une véritable philosophie que les futures prétendantes au titre olympique ne manquent pas de faire partager sur leurs réseaux florissants !  

 

12.800 bovins, 10.500 agneaux

L’ACLR compte 2.400 éleveurs apporteurs de bovins et 304 d’ovins. 12.800 bovins ont été labellisés en 2020 pour environ 5.700 tonnes de viande (poids de carcasse moyen 445 kg). La viande bovine Charolais Label rouge est commercialisée dans 313 points de vente en France (77 % GMS, 23 % boucherie). La filière ovine Tendre Agneau a quant à elle valorisé 10.500 agneaux en 2020 ce qui représente 206 tonnes de viande, en hausse de 3,7 % (poids moyen de carcasse 19,5 kg).