Fermoscopie BFC
Garder le cap, reconstruire ses repères
Bousculés par les aléas climatiques, les évolutions des modes de consommation et des niveaux records d’inflation, les agriculteurs sont stressés et peuvent s’épuiser… La présentation des résultats économiques de l’année 2022, organisée par les Cerfrance de la région, permet d’analyser plus objectivement les effets de ces paramètres sur les revenus agricoles.
Pour la cinquième édition de Fermoscopie, les Cerfrance de Bourgogne Franche-Comté se sont associés pour présenter en avant-première les résultats économiques de l’année 2022 au monde agricole. Cette présentation s’est faite à l’occasion d’une conférence donnée au lycée Granvelle, à Dannemarie-sur-Crête dans le Doubs. Elle a réuni plus de 120 participants, dont les deux tiers en visioconférence.
S’appuyant sur les données comptables d’un large échantillon d’exploitations agricoles, en production laitière, viande et céréales, les services de statistiques se sont livrés à un exercice de projection plus compliqué que d’habitude… comme l’a expliqué Mathilde Schryve, responsable études et prospectives de l’organisme : « Présenter les chiffres 2022, c’est une gageure, compte tenu du rythme inédit de changement des cours aussi bien des matières premières utilisées en agriculture que des prix de ventes des produits ». Un rythme qui peut désorienter les agriculteurs. « On constate de l’inquiétude, de la confusion sur le terrain, chez nos adhérents, avec l’impression d’être entrés dans un monde chaotique. Les repères techniques, économiques et sociaux bougent très vite, on ne peut plus se reposer sur ses habitudes, sur l’expérience acquise. L’exemple du pâturage est parlant : pendant des décennies, c’était d’avril à octobre, cette année, c’était de mars à juillet et de septembre à novembre ! »
Stratégies payantes et critères pertinents
Comme l’a relevé Vincent Landrot, le président régional de Cerfrance, lui-même expert foncier et gestionnaire forestier en Saône-et-Loire, « face aux défis immenses posés par le bouleversement du climat, les ravageurs et maladies plus nombreux, le manque criant de main-d’œuvre… une optimisation technique superficielle ne suffit plus. Il faut des transformations en profondeur. Transformer le système, et non l’optimiser ! ». Et de rappeler aussi « travailler avec le vivant, c’est aussi une responsabilité, car nos actions ont des impacts qui dépassent notre entreprise ».
Dans ce contexte de volatilité des prix, la comptabilité gestion peut fournir de nouveaux repères, utiles pour vérifier la bonne adéquation des choix techniques avec la stratégie de fond. « Le prix de revient est un repère économique pertinent. La stratégie permet de tenir le cap dans la tourmente : en sachant pour quel marché, à quelle qualité, et à quel prix de vente je produis, je peux analyser la productivité de mon système en fonction du prix de revient », assure Mathilde Schryve. En comparant les systèmes les plus efficaces économiquement (c’est-à-dire ceux qui dégagent le plus gros résultat courant par unité de main-d’œuvre), tant dans des stratégies de compétitivité que dans des stratégies de débouché valorisant, des points clés ressortent. « La stratégie n’explique pas les écarts de revenus : le secret, c’est d’abaisser le prix de revient, en travaillant sur ses charges, en augmentant l’autonomie ».