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Menues Pailles

+20 % de rendement à l’hectare

Les trois moissonneuses de la Cuma La Croisière de La Bruffière en Vendée ont
récupéré, l’été dernier, 600 tonnes de paille supplémentaire destinées
aux éleveurs. Reportage.
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« Du temps de nos grands-parents, on récupérait bien les menues pailles. Aujourd’hui, au prix auquel est commercialisée la paille, ce sous-produit ne peut plus être gaspillé ; d’autant qu’il faut aller l’acheter dans le Nord », témoigne Michel Durand, vice-président de la Cuma La Croisière de La Bruffière, en Vendée. L’an dernier, les responsables ont fait le choix d’équiper leurs trois moissonneuses du système "Turbo paille" qui dépose les menues pailles directement sur l’andain. Le dispositif comprend une vis horizontale placée à la sortie des grilles et une turbine qui projette, via un tuyau PVC, les menues pailles sur l’andain. Le tour est joué : la presse à balles cubiques ou un round-baller peut récupérer ensuite la paille et les menues pailles.

10.000 € amortis sur 5 ans


« Nous avons préféré ce système au caisson installé à l’arrière de la machine car son coût est moins élevé. L’investissement pour l’équipement sur nos trois moissonneuses, par le constructeur Thievin, s’est élevé à 30.000 €. Ce qui représente le prix d’un seul caisson », relève Olivier Fonteneau, président de la Cuma du Nord-bocage. Pour les adhérents, le coût supplémentaire d’équipement leur revient à 6 €/ha avec un amortissement sur cinq ans. Aujourd’hui, les responsables se frottent les mains. Ils ont pu récupérer 600 tonnes sur les 1.100 hectares de triticales et d’orges moissonnées en juillet. Avec un prix de la paille à 100 €/t, cela fait une économie de 60.000 € dont il faudra déduire les frais de récolte de la menue paille. « La quantité récupérée va de 500 à 800 kg/ha. On est même monté sur une parcelle de triticale à 1,2 tonne ». Tout dépend de la variété, de la date de récolte et de l’état sanitaire de la céréale. « On obtient plus de rendement de jour que de nuit. Et il faut éviter de moissonner après des averses car la menue paille sèche plus difficilement que de la paille », prévient Daniel Guichet, producteur de lait et aviculteur à La Bruffière.

Absorbante et appétante


Aujourd’hui encore, ses logettes sont paillées avec le mélange paille et menue paille et ses prim'holstein se régalent de ce fourrage appétant. « Je trouve les bottes plus lourdes. Plus la paille est longue, plus elle se retrouve dans le couloir. Plus elle est courte, plus son pouvoir est absorbant », estime Daniel Guichet. Même constat dans ses poulaillers. « Les poulets bougent plus ; ils grattent plus facilement la menue paille pour y trouver des graines. Et la litière croûte moins ». Et, pour lui, lorsqu’il utilise sa pailleuse, il n’y a pas plus de poussière qu’avec de la paille. Grâce au choix de la Cuma, il a pu économiser cinquante tonnes d’achat de paille. Et dans ses bâtiments, il dispose encore d’un stock en ce début mai. « L’an dernier, je n’avais plus de paille disponible dès le mois d’avril ». Pour optimiser les chantiers des prochaines moissons, la Cuma a fait installer des tuyaux en inox car les coudes du tuyau en plastique avaient tendance à se percer. Elle a choisi également d’installer, dans les cabines des moissonneuses, des capteurs de charge hydraulique pour détecter les bourrages. L’initiative de la Cuma a suscité la curiosité. Les responsables ont reçu quinze groupes cette année : des Cuma mais aussi des entreprises de travaux agricoles et des agriculteurs. Aujourd’hui, l’utilisation de la menue paille pour la litière et l’alimentation des élevages pourrait-elle s’étendre à la fabrication d’un sous-produit pour le chauffage ? À la Cuma La Croisière, les responsables ont tranché sans aucune hésitation : « Avant d’en faire un combustible, il faut la réserver aux éleveurs ».