A manier avec précaution
conduits en association avec des couverts à l’automne. Les premiers
résultats semblent prometteurs pour réduire les apports d’azote au
printemps sur colza et stabiliser son rendement face aux aléas
climatiques. Encore faut-il choisir les bonnes espèces de couverts et
respecter certaines règles à l’implantation.
Trois types d’interaction peuvent exister entre colza et couvert d’automne (figure 1) : des échanges d’azote supplémentaires entre le couvert et le colza à l’automne ou au printemps, une compétition entre couverts et mauvaises herbes au début de l’automne pour réduire les herbicides, une perturbation du cycle des insectes d’automne (altises, mouche du chou, tenthrède ou charançon du bourgeon terminal).
Eviter la compétition entre colza et couvert
Pour espérer atteindre ces objectifs, les couverts à associer au colza doivent accompagner la culture à l’automne sans la concurrencer et être détruits par le gel en début d’hiver pour éviter d’utiliser des herbicides de rattrapage. Seules quelques espèces de légumineuses ressortent comme intéressantes. Il s’agit du fenugrec, de la gesse, de la fèverole, de la lentille, des vesces pourpre et commune et du trèfle d’alexandrie, à conditions de vérifier la gélivité de la variété choisie en particulier pour ce dernier.
Mutualiser les bénéfices
Si les sept légumineuses identifiées ont des résultats comparables, il ne faut pas hésiter à les mélanger pour mutualiser les atouts de chacune (tableau 1).
Certaines ont plus de capacité à piéger l’azote minéral du sol à l’automne, d’autres améliorent la structure du sol, d’autres encore sont plus couvrantes… Il ne faut pas non plus négliger le risque parasitaire en cas de présence d’aphanomyces dans certaines parcelles.
Faire varier les tailles des graines évite une stratification dans les caisses du semoir. Cela permet également d’assurer au moins la levée d’un couvert au colza, quelles que soient les conditions de levée de l’année.
Il est nécessaire d’avancer le semis du colza et du couvert de 4 à 5 jours par rapport aux dates normales notamment en sols argileux sans dépasser le 15 août. Cela laisse le temps aux deux cultures de se développer et d’augmenter la sensibilité du couvert au gel. Il ne faut pas chercher à favoriser le développement du couvert en le semant plusieurs jours avant le semis du colza. Le couvert ne doit pas concurrencer la culture.
Si l’association de légumineuses s’inscrit dans une démarche d’évolution des systèmes de culture, la qualité d’implantation reste le facteur déterminant de la réussite d’une culture. Une croissance racinaire précoce et dynamique sécurise le rendement final. Les légumineuses présentent des atouts profitables au colza, dans la mesure où celui-ci ne montre pas de caractère limitant comme l’enracinement ou la structure de peuplement par exemple. Il ne faut donc pas envisager l’association colza et couvert comme une garantie ou une solution de rattrapage à une mauvaise implantation. Sur ce point, la gestion de l’interculture reste déterminante et contribue largement à la réussite du colza, qu’il soit seul ou associé.
De la même manière, on évitera cette technique sur les parcelles où l’enherbement est mal maitrisé. Dans le meilleur des cas, les plantes compagnes réduisent la concurrence adventices. Mais elles ne limitent pas l’infestation ; ce qui signifie que le couvert à peu ou pas d’influence sur le nombre d’adventices. Le couvert seul ne peut en aucun cas être une solution de désherbage. Il ne peut qu’accompagner d’autres leviers plus efficaces comme le travail du sol, le désherbage mécanique ou bien encore la chimie avec la difficulté du compromis efficacité herbicide/sélectivité couvert. Le gaillet et les matricaires restent les adventices les plus difficiles à gérer avec cette technique.
Jouer la complémentarité des techniques
Dans certains contextes tels que les sols argilo-calcaires superficiels, la complémentarité des techniques permet toutefois d’atteindre plusieurs objectifs. C’est ce qu’ont montré les trois ans d’essais menés dans le Berry en ce qui concerne le colza associé et le semis direct. Ensemble, ils permettent de trouver un équilibre dans l’implantation du colza : le semis direct évite de perturber la terre qui provoque les levées des géraniums et l’association avec des légumineuses aide le colza à accéder aux ressources pour sa croissance automnale puis printanière.
Se lancer trop précipitamment dans la technique des couverts associés peut mener à des situations d’échecs. L’acquisition d’au moins une année d’expérience sur une surface limitée est nécessaire afin de vérifier la faisabilité du couvert dans son propre contexte pédo-climatique (développement végétatif, gel, concurrence colza ou adventices…) et avec ses techniques d’implantation (travail du sol, matériel de semis…).
Un prochain article fera état des résultats d’expérimentations menées au Cetiom en 2012.