Association Institut Charolais : « à nous de donner l’impulsion ! »
L’association Institut Charolais a changé de président. Retraité depuis peu, Henri Guillemot a décidé de passer la main et c’est Jean-Jacques Lahaye qui lui a succédé. Réunis à l’occasion de ce passage de témoins, les deux hommes ont répondu aux questions de L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire. L’ancien président livre un bilan sans concession de vingt années d’innovation non sans mal. Son successeur promet de poursuivre l’oeuvre de cohésion engagée. Avec cette conviction partagée par les deux responsables que l’atout numéro un de la viande charolaise, c’est son lien unique avec son territoire.

Jean-Jacques Lahaye, pouvez-vous vous présenter et nous dire comment vous en êtes venus à vous proposer à la présidence de l’Institut Charolais ?
Jean-Jacques Lahaye : je suis éleveur-engraisseur sur une exploitation charolaise de 80 vêlages à Neuvy-Grandchamp. Vice-président de CERFrance71 depuis douze ans, j’ai été élu à la Chambre d’agriculture il y a tout juste un an. J’ai la responsabilité de l’agriculture en difficulté ainsi que de la modernisation de la Ferme expérimentale de Jalogny. Je suis aussi en charge des dossiers de territoire. L’Institut Charolais est une structure que je connaissais assez peu je l’avoue. Je l’ai découverte en siégeant pour la première fois en tant qu’élu Chambre. Lorsqu’Henri a parlé de se retirer, je me suis dit qu’il était indispensable de poursuivre tout ce travail engagé. Car l’intérêt de cet outil pour l’élevage allaitant est indiscutable. Et je crois beaucoup au lien de la charolaise avec ce territoire exceptionnel.
Comment envisagez-vous l’avenir pour l’Institut Charolais et la viande charolaise ?
J.-J. L. : un travail énorme de communication et d’innovation a été fait depuis 15-20 ans et il ne faut pas que cela retombe. Demain, on ne mangera pas comme on mange aujourd’hui. Chaque époque à ses habitudes alimentaires et tout change de plus en plus vite : des nouveaux produits apparaissent et sont presqu’aussitôt obsolètes ! Pour être en mesure de suivre ce rythme effréné, un travail d’innovation permanent est nécessaire. D’autre part, avec la Maison du Charolais et le parc des expositions de Charolles à côté, nous avons un formidable outil pour faire monter en puissance notre territoire charolais et ses produits. Car le produit passera par le territoire, j’en suis convaincu.
Henri Guillemot, pouvez-vous nous retracer les grandes étapes de l’existence de l’Institut Charolais ; les réalisations majeures ?
Henri Guillemot : il faut se souvenir que tout remonte à la crise de l’ESB de 1996. Sous l’impulsion d’une poignée de personnalités dont un conseiller général de l’époque, est né l’idée d’un endroit où se retrouvent toutes les composantes de la charolaise. Cela a débouché sur une première réunion de 35 acteurs locaux de la filière… qui a échoué faute de consensus ! Devant l’éclatement du charolais, c’est une éleveuse de Bresse – Gisèle Cornier qui a du prendre la présidence de la nouvelle structure ! Faute de soutien des acteurs de la filière, l’embauche d’un premier directeur issu de la recherche fondamentale a été un échec. Finalement, ces débuts houleux ont conduit à scinder la première association en deux : d’un côté la régie reprise par le Conseil Général propriétaire des murs ; de l’autre l’association dépouillée de la gestion de la maison du Charolais et présidée par Paul Chevalier. Toujours aidée par le Conseil Général, l’association s’est vue mettre à sa disposition par la Chambre d’agriculture les compétences techniques de Martine Marquet et d’Yves Durand. Avec trois grandes missions : maintenir un lien avec la recherche ; développer des solutions innovantes pour un meilleur équilibre matières (valorisation des avants) et communication.
Après cette naissance laborieuse, la création de la halle technologique a été un tournant pour l’Institut Charolais. Comment en est venue l’idée ?
H. G : en se rendant au Lycée Wittmer de Charolles, Martine avait fait la découverte d’une salle de dégustation à l’aveugle qui ne servait que dix jours par an ! Nous y avons fait la connaissance d’une équipe d’enseignants dynamiques et c’est ce qui nous a donné envie de faire quelque chose ensemble. Là encore, la création de la Halle technologique n’a pas été simple… Le projet est devenu possible grâce au label Pôle d’Excellence rurale qui permettait une subvention de 80%. S’il n’a pas été évident à mettre en place, le lien avec la formation a été essentiel.
Les conséquences financières de la loi NOTRe et le départ en retraite de Martine Marquet ont été de nouvelles épreuves. Une réorganisation a permis l’arrivée de Frédéric Paperin qui, en devenant le directeur unique de la Maison du Charolais et de l’Institut, a remis du lien dans l’outil.
Aujourd’hui, la halle technologique transforme de la viande pour une soixantaine de clients (agriculteurs, bouchers, restaurateurs). De 3.400 vérines en 2015, l’activité de la Halle est passée à 48.000 en 2019 et on est aujourd’hui en mesure de calculer le coût de revient de chaque produit.
Nous avons aussi racheté la marque Charolais dans l’Assiette et en dépit d’un budget communication restreint, nous menons des actions au Festival du Bœuf et lors de Made in Viande.
Malgré la perte de certaines subventions, nous avons redressé la situation financière. L’association est stabilisée et saine aujourd’hui.
Jean-Jacques Lahaye, comment allez-vous poursuivre le travail engagé ?
J. - J. L. : les propos d’Henri me confortent et je les partage à 200% ! Je suis convaincu que si on n’y va pas en rang serré, c’est fichu ! Je vais poursuivre dans cette recherche de cohésion autour d’une orientation claire et partagée. Notre défi sera de trouver des moyens pour une communication commune pour promouvoir la viande de qualité produite dans le bassin charolais. Concernant la halle technologique, la hausse du volume de production de + 47% nous obligera à prendre des décisions en 2020. Face à la demande croissante en circuits courts, faudra-t-il se lancer dans la salaison, la transformation des légumes ? Enfin, tout ce travail est indissociable de ce territoire unique qu’est le bassin charolais avec ses agriculteurs, ses familles, ses paysages. Nous avons un produit exceptionnel à vendre et le territoire en fait partie. Il faut saluer le soutien énorme du Conseil départemental sans lequel nous ne serions pas en mesure de promouvoir le produit et son territoire. L’association a acquis une crédibilité qui lui permet de taper du point sur la table. C’est à nous de donner l’impulsion !
Association Institut Charolais : « à nous de donner l’impulsion ! »

Jean-Jacques Lahaye, pouvez-vous vous présenter et nous dire comment vous en êtes venus à vous proposer à la présidence de l’Institut Charolais ?
Jean-Jacques Lahaye : je suis éleveur-engraisseur sur une exploitation charolaise de 80 vêlages à Neuvy-Grandchamp. Vice-président de CERFrance71 depuis douze ans, j’ai été élu à la Chambre d’agriculture il y a tout juste un an. J’ai la responsabilité de l’agriculture en difficulté ainsi que de la modernisation de la Ferme expérimentale de Jalogny. Je suis aussi en charge des dossiers de territoire. L’Institut Charolais est une structure que je connaissais assez peu je l’avoue. Je l’ai découverte en siégeant pour la première fois en tant qu’élu Chambre. Lorsqu’Henri a parlé de se retirer, je me suis dit qu’il était indispensable de poursuivre tout ce travail engagé. Car l’intérêt de cet outil pour l’élevage allaitant est indiscutable. Et je crois beaucoup au lien de la charolaise avec ce territoire exceptionnel.
Comment envisagez-vous l’avenir pour l’Institut Charolais et la viande charolaise ?
J.-J. L. : un travail énorme de communication et d’innovation a été fait depuis 15-20 ans et il ne faut pas que cela retombe. Demain, on ne mangera pas comme on mange aujourd’hui. Chaque époque à ses habitudes alimentaires et tout change de plus en plus vite : des nouveaux produits apparaissent et sont presqu’aussitôt obsolètes ! Pour être en mesure de suivre ce rythme effréné, un travail d’innovation permanent est nécessaire. D’autre part, avec la Maison du Charolais et le parc des expositions de Charolles à côté, nous avons un formidable outil pour faire monter en puissance notre territoire charolais et ses produits. Car le produit passera par le territoire, j’en suis convaincu.
Henri Guillemot, pouvez-vous nous retracer les grandes étapes de l’existence de l’Institut Charolais ; les réalisations majeures ?
Henri Guillemot : il faut se souvenir que tout remonte à la crise de l’ESB de 1996. Sous l’impulsion d’une poignée de personnalités dont un conseiller général de l’époque, est né l’idée d’un endroit où se retrouvent toutes les composantes de la charolaise. Cela a débouché sur une première réunion de 35 acteurs locaux de la filière… qui a échoué faute de consensus ! Devant l’éclatement du charolais, c’est une éleveuse de Bresse – Gisèle Cornier qui a du prendre la présidence de la nouvelle structure ! Faute de soutien des acteurs de la filière, l’embauche d’un premier directeur issu de la recherche fondamentale a été un échec. Finalement, ces débuts houleux ont conduit à scinder la première association en deux : d’un côté la régie reprise par le Conseil Général propriétaire des murs ; de l’autre l’association dépouillée de la gestion de la maison du Charolais et présidée par Paul Chevalier. Toujours aidée par le Conseil Général, l’association s’est vue mettre à sa disposition par la Chambre d’agriculture les compétences techniques de Martine Marquet et d’Yves Durand. Avec trois grandes missions : maintenir un lien avec la recherche ; développer des solutions innovantes pour un meilleur équilibre matières (valorisation des avants) et communication.
Après cette naissance laborieuse, la création de la halle technologique a été un tournant pour l’Institut Charolais. Comment en est venue l’idée ?
H. G : en se rendant au Lycée Wittmer de Charolles, Martine avait fait la découverte d’une salle de dégustation à l’aveugle qui ne servait que dix jours par an ! Nous y avons fait la connaissance d’une équipe d’enseignants dynamiques et c’est ce qui nous a donné envie de faire quelque chose ensemble. Là encore, la création de la Halle technologique n’a pas été simple… Le projet est devenu possible grâce au label Pôle d’Excellence rurale qui permettait une subvention de 80%. S’il n’a pas été évident à mettre en place, le lien avec la formation a été essentiel.
Les conséquences financières de la loi NOTRe et le départ en retraite de Martine Marquet ont été de nouvelles épreuves. Une réorganisation a permis l’arrivée de Frédéric Paperin qui, en devenant le directeur unique de la Maison du Charolais et de l’Institut, a remis du lien dans l’outil.
Aujourd’hui, la halle technologique transforme de la viande pour une soixantaine de clients (agriculteurs, bouchers, restaurateurs). De 3.400 vérines en 2015, l’activité de la Halle est passée à 48.000 en 2019 et on est aujourd’hui en mesure de calculer le coût de revient de chaque produit.
Nous avons aussi racheté la marque Charolais dans l’Assiette et en dépit d’un budget communication restreint, nous menons des actions au Festival du Bœuf et lors de Made in Viande.
Malgré la perte de certaines subventions, nous avons redressé la situation financière. L’association est stabilisée et saine aujourd’hui.
Jean-Jacques Lahaye, comment allez-vous poursuivre le travail engagé ?
J. - J. L. : les propos d’Henri me confortent et je les partage à 200% ! Je suis convaincu que si on n’y va pas en rang serré, c’est fichu ! Je vais poursuivre dans cette recherche de cohésion autour d’une orientation claire et partagée. Notre défi sera de trouver des moyens pour une communication commune pour promouvoir la viande de qualité produite dans le bassin charolais. Concernant la halle technologique, la hausse du volume de production de + 47% nous obligera à prendre des décisions en 2020. Face à la demande croissante en circuits courts, faudra-t-il se lancer dans la salaison, la transformation des légumes ? Enfin, tout ce travail est indissociable de ce territoire unique qu’est le bassin charolais avec ses agriculteurs, ses familles, ses paysages. Nous avons un produit exceptionnel à vendre et le territoire en fait partie. Il faut saluer le soutien énorme du Conseil départemental sans lequel nous ne serions pas en mesure de promouvoir le produit et son territoire. L’association a acquis une crédibilité qui lui permet de taper du point sur la table. C’est à nous de donner l’impulsion !