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Bourgogne du Sud

Bien produire, acheter et vendre

Vendredi 9 décembre à Chalon-sur-Saône, Bourgogne du Sud tenait son
assemblée générale. Le chiffre d’affaires de la coopérative augmente de +
28 % pour atteindre 205 millions d’€ (M€). « Pas d’euphorie » cependant
mais « un sentiment de détente » avec le redressement des prix des
céréales collectées et avec la progression des ventes
d’approvisionnements sur les trois métiers : viticulture, élevage et
grandes cultures.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Tout va mal, pourvu que ça dure ! », commençait ironiquement Didier Laurency, le président. Dans un contexte de crise financière, économique et politique –notamment en Europe– le bilan de Bourgogne du Sud sur l’exercice 2010/11 « contraste ». Un retour du chiffre d’affaires (CA) « à la normale » après une année difficile (160 M€ en 2009/10) a permis de « sécuriser le revenu de ses adhérents » en redistribuant sous forme de ristournes et de compléments de prix, plus de 28 M€, soit 52 €/t en moyenne. Les 1.600 adhérents livreurs, 1.300 viticulteurs et 1.500 éleveurs apprécient. « Nouveauté », la coopérative propose que les ristournes soient distribuées sous forme de parts sociales. « C’est un bon placement, bien rémunéré, déductible (des impôts, ndlr) de l’exercice en cours », précisait Michel Duvernois, le directeur.

Collecte « moyenne »



La collecte fut « moyenne » mais « pas une année noire » comme craint au printemps. 526.825 tonnes ont été collectées contre 560.915, l’exercice précédent. Mais avec « l’envolée des cours en céréales », le CA grandes cultures progresse de + 21 %. La viticulture fait de même. L’élevage « retrouve des couleurs » avec un CA faisant + 11 %. Enfin, l’activité "emballage" suit le mouvement (+21 %). « La coopérative fait de plus en plus de travail à façon pour d’autres entreprises », rajoutait le directeur.
Le stock de céréales restait « conséquent » au 30 juin 2011 avec 42.000 t. Un stock moindre que l’année précédente (54.000 t) mais « au dessus des 25.000 t » prévus. Une différence résultant des « difficultés logistiques liées aux mouvements sociaux dans les ports maritimes et le report d’exécution des contrats, sortis en juillet au lieu d’avril-mai-juin ». Quid de 2012, année électorale propice aux revendications ?

« Jouer pour battre la coop »



« Phénomène amené à se développer probablement », les prises de position et achat d’options sur les marchés à terme font augmenter les charges sur l’exercice 2010/11 alors qu’elles concernent la récolte de la campagne 2011/12. 7 % des adhérents de la coopérative « jouent » directement sur les marchés à terme. « C’est moins que dans les autres coopératives nationales car nous sommes en zone polyculture élevage », analysait, la veille, Didier Laurency. Compliqué et chronophage, sur le Matif, les céréaliers ont deux motivations principales ici : « garantir leur prix de production » ou tenter de « faire mieux » que les prix de la coopérative.
Hors prime, Bourgogne du Sud a collecté 240.164 t de blé payé en moyenne 185 €/t en tendre et 195/249 €/t en dur ; collecté 170.174 t de maïs payé 186 €/t séché ; collecté 50.362 t d’orges payé 140 € pour Esterel… À noter que le prix "coop" pour la moutarde a atteint 788 €/t, le tournesol 425 €/t, le colza 380 €/t et le soja 340 €/t.

Naissance d’Area



Pour « bien acheter », la centrale de référencement et d’achat, Area a vu le jour le 26 octobre (avec Transval, Seine Yonne et UEA) et regroupe 15 coopératives de l’Est de la France. « Elle devient un acteur majeur dans les marchés de l’agrofourniture : achats d’engrais pour 1.200.000 t, produits phyto 200 M€ et semences hybrides (environ 600.000 doses de maïs) ». Elle « sécurise » les approvisionnements en engrais, « ne modifie en rien » le plan azote adopté en interne et devient la « première structure française d’approvisionnement » pour la vigne.
Cette « nouvelle dimension de la relation avec nos fournisseurs » est accompagnée de conseils « certifiés ». En plus de sa certification sur le métier du grain, Bourgogne du Sud a formé cinquante techniciens et formera chaque année un panel d’agriculteurs dans le but « d’harmoniser les méthodes de conseil et d'être crédible face aux agriculteurs ». 300 Certiphytos ont été passés et l’intérêt des contrats de service « est plus que confirmé » pour satisfaire aux objectifs de la viticulture raisonnée. En vigne, le nombre de traitements est en moyenne en baisse de 40 % contre le mildiou et de 25 % contre l’oïdium en 2011.

Démarche similaire aux JA ?



Didier Laurency reprenait sur l’approvisionnement de l’élevage. « À l’interrogation de certains de nos adhérents éleveurs surpris de ne pas voir plus de collaboration entre notre coopérative et leurs coopératives de viande, j’ai répondu que nous avions déjà lancé à plusieurs reprises des appels dans ce sens, de même que nos collègues de Dijon. Faut-il comme les JA initier nous-mêmes une démarche, voire le faire avec eux ? À suivre », lançait-il à la salle du Colisée, remplie de responsables professionnels.
En attendant, les tonnages en matières premières pour l’élevage progressent. Un partenariat a été noué avec la Coopérative de Déshydratation d’Ivry offrant là, « une activité intéressante (…) dans la gestion des zones à fort enjeu environnemental ou en agriculture biologique ».

Triple A, agricole



Une réponse forte à la demande environnementale des consommateurs qui, en ces temps de crise, recherchent encore plus des produits de terroir fabriqués localement. Une démarche « terroir » local a donc été initiée dans les magasins Gamm vert de la coopérative. Avec le Pays de Bresse, un travail est entrepris pour mieux identifier ses produits de proximité. Idem, pour Naturalis (jardinerie, paysagerie) qui travaille avec les collectivités et espaces verts dans 17 départements. « Nous avons trop longtemps produit pour produire… délaissant la vente, tributaire ici des transformateurs, là des metteurs en marché. Soyons forts ensemble pour traiter si possible à un niveau d’égal à égal ». Le « bien vendre » en action donc.
« En cette période à fort enjeu électoral, espérons que nos métiers seront reconnus et soutenus à leur juste valeur. Parce que dans le classement des agences de notations, s’il y a un A (des fameux triple AAA, ndlr) à garder, c’est bien celui de l’agriculture, surtout en ce qui concerne la balance commerciale », concluait le président. Un message fort qui quelques minutes plus tard trouvait un écho contraire avec les propos de Didier Nedelec, directeur marché des grains chez Invivo : « préparez-vous à juillet 2012, après les élections présidentielles, ce sera un massacre avec la rectification de la Loi de finance ». Une douche froide plombant un peu la bonne ambiance. Au premier rang, les parlementaires restaient impassibles, laissant tout le monde dans l’incertitude…


Artemis : « Bien produire »



« Motivation » première, la coopérative cherche en permanence « des solutions pour les agriculteurs » côté diversification des débouchés (chanvre, 2e ligne Extrusel…). Véritable chantier pour la productivité, la compétitivité et l’environnement, la recherche agronomique n’est pas en reste avec le regroupement des essais dans la plate-forme Artemis (ex PIAE). Ainsi, « 300 essais sont mis en commun en Bourgogne Franche-Comté ». Pendant huit ans, la coopérative fera 52 essais à « long terme » (rotations, intercultures, labour/TCS, RTK…). C’est le « bien produire » favorisant le potentiel agricole et la réduction des intrants.

Une agriculture de précision qui permet d’insérer « nos amis apiculteurs » et la protection de la faune, en partenariat avec les chasseurs. « Contrairement à ce que certains prétendent, l’environnement est notre quotidien », clamait Didier Laurency.





Union Cerevia : Les faits marquants 2010/11




- Mise en service du silo de Fos-sur-Mer ;

- acquisition du silo de Salaize (38) ;

- mise en service du conditionnement, chargement containers chez Seine Yonne à Gron ;

- contrat d’acheminement par fer avec Europort ;

- changement de méthode dans la construction du prix des céréales et oléagineux

- agrandissement de l’union avec l’arrivée de la Coopérative Dauphinoise.



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