Confinés, les consommateurs redécouvrent les boucheries de proximité !
C’est une bonne nouvelle pour la viande de qualité : des bouchers voient leur chiffre d’affaires de viande augmenter avec le coronavirus. Les consommateurs redécouvrent en même temps le goût de cuisiner et la qualité du service des commerces de proximité. Témoignage.

Si l’on ne connait pas encore l’étendue de l’impact économique de cette crise du coronavirus, on pressent déjà que rien ne sera plus jamais comme avant. Mesure sanitaire inéluctable, le confinement aura eu le mérite de remettre la question de l’approvisionnement alimentaire au cœur des préoccupations de la société. Le métier de producteur de denrées alimentaire en sera sans doute revalorisé. Et dans un contexte où les circuits de distribution sont perturbés, les consommateurs pourraient bien redécouvrir certains commerces de proximité et la notion de service. C’est en tout cas le sentiment du président des bouchers de Saône-et-Loire Pascal Moine. Dans sa boucherie-charcuterie de Givry qu’il partage avec son associée Laurence Badet, l’artisan reconnait « bien travailler » en ce moment. Un ressenti partagé par une majorité de ses collègues en Saône-et-Loire. « Nous n’avons pas réduit nos horaires d’ouverture. Nous recevons les clients à raison de deux personnes à la fois. Nous avons installé un marquage au sol pour respecter les distances de sécurité. Nos deux salariés (dont un à temps partiel) et nos deux apprentis continuent de nous aider. Mais c’est nous – Laurence et moi qui servons les clients en magasin », confie Pascal Moine.
Chiffre d’affaires en hausse à la boucherie
Depuis la crise du coronavirus, l’entreprise a augmenté son chiffre d’affaires au rayon boucherie d’environ + 40 %. « Nous vendons davantage de viande bovine. Avant, une bête nous faisait un mois. En ce moment, nous passons presque une demie bête par semaine », confie l’artisan. Dans cette boutique qui ne propose que de la viande label Rouge, les ventes de volailles ont doublé ; celles de porc fermier ont beaucoup progressé aussi… Se fournissant toute l’année avec des charolaises culardes fournies par un éleveur-engraisseur du Chalonnais, le boucher givrotin a même acheté quatre bovins de boucherie qui étaient destinés aux concours d’Autun et de Romenay. La dernière bête qu’il a fait tuer a donné une impressionnante carcasse de 694 kg ! Des bêtes de haute valeur bouchère que le boucher paie 7 € le kilo toute l’année à son fournisseur, le Gaec du Bois Vinot.
Or c’est avec cette viande-là qu’il honore une hausse d’activité en ces temps de crise sanitaire. Un succès qui le conforte dans son choix, d’autant que face à une forte hausse de la demande en viande hachée (steak, bolognaise, lasagne), les bêtes épaisses lui permettent de mieux s’adapter en parvenant à valoriser même du collier en steak, explique-t-il. C’est tout l’art du boucher qui prend son sens avec une carcasse charolaise de ce niveau de qualité.
Livraisons à domicile…
Depuis le confinement, la boucherie de Givry voit sa clientèle s’étoffer. « Comme ils sont tous à la maison, les gens cuisinent davantage et de ce fait, ils nous achètent davantage de viande. Chaque client achète en moyenne 30 % de plus. Le panier moyen est passé de 25 – 28 € à 40 € », fait valoir Pascal Moine. La maison voit même de nouvelles têtes dont des personnes qu’elle n’hésite pas à aller livrer à domicile. « C’est comme cela qu’un certain nombre de mes confrères s’en tirent », commente le président des bouchers convaincu que c’est par la qualité du service rendu que les artisans font la différence avec la concurrence dans cette crise. « Nous livrons des personnes âgées, isolées, malades, à risque… Nous livrons aussi des mères de famille avec enfants qui ne peuvent plus faire leurs courses ne pouvant laisser leurs enfants seuls », confie Pascal Moine.
Rebondir…
De nouvelles formes de coopérations voient le jour entre commerçants indépendants. À Givry, c’est le pâtissier durement impacté par le confinement qui assure les livraisons de son collègue boucher. « Ces livraisons lui font vendre des gâteaux et ses chocolats de Pâques sont en vente dans notre boutique », confie Pascal Moine.
« On espère que le métier pourra rebondir là-dessus. Que les consommateurs se souviendront que nous avons été là pour les servir en temps de crise. Le coronavirus aura fait redécouvrir le commerce de proximité ; la nécessité de conserver l’artisanat. Nous avons largement notre place et c’est nous qui sommes les meilleurs défenseurs de la qualité », conclut Pascal Moine.
Plus difficile pour la charcuterie et le traiteur…
Si la vente de viande fraîche (en boucherie) profite plutôt bien du confinement, en revanche, la situation est plus compliquée pour la charcuterie et le traiteur. Chez les artisans bouchers du département, les ventes de charcuterie sont en baisse et l’activité traiteur s’est effondrée. Si l’on fait le lien avec la pâtisserie, cela traduit le fait que les gens confinés se remettent aux fourneaux et achètent davantage de matières premières (œufs, farine, viande, etc.) pour cuisiner des plats et préparer des gâteaux, analyse Pascal Moine.