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Agronomie

Creuser pour rester compétitif demain

Alors que la rentrée s’annonce riche en événements agronomiques, début juin, lors de la visite d’essai blé de Bourgogne du Sud, Gérard Trouche - agronome à AgroSup Dijon - présentait déjà quelques avantages à "creuser" cette voie pour rester compétitif sur les marchés de demain.
Par Publié par Cédric Michelin
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Après deux années d’essais pour comparer rotation ou labour et non-labour, les profils dans la parcelle de Virey-le-Grand ne livrent pas encore tous leurs secrets. Pourtant, comme l’expliquait auparavant Michel Duvernois, directeur de la coopérative Bourgogne du Sud, « pour compenser l’obligation de diminuer les intrants, il faudra désormais "creuser" (les connaissances agronomiques, ndlr) pour rester compétitif par rapport à nos concurrents sur les marchés céréaliers ». Un retour en grâce de l’agronomie « qu’on avait peut-être un peu trop négligée ces dernières années » et qui préfigure probablement la prochaine grande évolution agricole, après les progrès liés à la mécanisation, aux variétés et à la chimie.

Une technique de curieux



« Aujourd’hui, on constate un certain plafonnement des rendements. Pour continuer de progresser, il reste le climat et le sol. Le premier, on le subit, le second s’est l’agronomie », expliquait, en guise d’introduction, Gérard Trouche, enseignant-chercheur à AgroSup Dijon.
À moitié enfoui dans son profil, l’agronome poursuivait ses explications, avec sa collègue Marjorie Ubertosi. Ces « chercheurs en bottes » rendent concrète cette science. Les diverses mottes de terres passaient alors de main en main : « J’ai la même terre à la maison », plaisantaient certains avec bonne humeur. Une remarque pas si anodine puisqu’elle confirme que l’agronomie sera davantage une question d’observation et de volonté technique que de moyens financiers.
Sur cette parcelle du Gaec du Défriché en limon blanc battant typique du Nord Chalonnais ayant un taux de 11 % d’argile, un état calcique « correct » était constaté (pH=6,9 et taux de saturation du complexe argilo-humique (CAH) de 84 % en calcium), résultant d’une politique de chaulage régulier sur l’exploitation de Patrick et Daniel Bonnot. Le taux de matière organique de 1,9 était cependant « faible » malgré la restitution des pailles au sol. Les niveaux de phosphore, de potasse et de magnésie étaient quant à eux « bons » suite aux fumures successives.

Les racines ne sont pas des marteaux piqueurs !



Biens visibles dans les profils, la semelle de labour (située à environ 20 cm de profondeur dans ces essais) et les "traces de dents" de labour dans le sous-solage prouvaient que « le sol a gardé en mémoire la compaction associée au passage » des outils. Résultat : « si le sol se tasse, il faudra recréer de la porosité pour permettre à la plante de bien développer ses racines. Les racines ne sont pas des marteaux piqueurs ! Plus les mottes seront serrées, plus il faudra d’énergie pour diviser les mottes et cela correspond à autant de dépense en gasoil du tracteur. D’où l’intérêt d’éviter les tassements » enchaînait logiquement Gérard Trouche.

Intervenir au bon moment



Formés à l’agronomie, les techniciens de la coopérative essayent actuellement différents itinéraires. « Sur ces sols à structure fragile, le non-labour fonctionne bien. Mais, vous avez intérêt à drainer pour ressuyer rapidement. Car, le secret du non-labour s’est d’intervenir au bon moment ». L’agronome conseillait donc aux agriculteurs d’être plus « patient » en leur rappelant que désormais ils ont la chance de pouvoir « travailler vite derrière pour semer », avec les nouvelles machines. Pourtant, « je vous avouerai que les limons blancs sont parmi les sols les plus délicats à travailler » regrettait Gérard Trouche, confirmant les craintes des céréaliers locaux.
Pour lui, l’intérêt de l’agronomie ne se discute plus mais « la vraie question aujourd’hui n’est plus simplement de savoir comment rendre le sol le plus favorable à ma culture. Mais, c’est aussi de connaître les conséquences à long terme de ce que je fais sur le sol ». Des questions résolument capitales…


Charte sur les zones humides et travaux hydrauliques ruraux en Saône-et-Loire



En janvier dernier à Uxeau, la profession manifestait son mécontentement au sujet de l’arrêté sur les zones humides, paru en juin 2008 et révisé en octobre 2009. Pour sortir de l’impasse, un protocole visant la mise en place d’une Charte de bonnes pratiques a été actée entre le préfet et la chambre d’Agriculture et ses partenaires (FDSEA-JA, Safer, Associations des maires). A partir de 9 h la Maison des vins de Mâcon au BIVB, le 3 septembre sera une journée « importante » dans la perspective de concrétiser la charte. Avec des exposés techniques en matinée pour « sortir des clichés » et l’après-midi un bilan de la campagne terrain, l’objectif de cette journée est « de jeter les bases des bonnes pratiques pour le drainage et le captage de mouillères », en intégrant la préservation des zones humides.
L’occasion de poser vos questions à de nombreux spécialistes (dont Gérard Trouche le matin qui parlera de drainage) et de débattre sur la Charte l’après-midi.
Une réunion qui préfigure une partie de la "Journée agriculture & écologie" en Bourgogne Franche-Comté qui se tiendra le 13 octobre prochain à AgroSup Dijon.