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Maïs fourrage

Des récoltes précoces...

Les semis de maïs fourrage ont été précoces et le printemps a été bien plus chaud que la normale. Selon l'AGPM, les premiers maïs fourrage seront mûrs avec trois semaines d’avance. Cuma, entrepreneurs et agriculteurs doivent se tenir prêts pour ensiler au bon stade (32-33 % de matière sèche plante entière). Il en va de la réussite de la conservation et de la qualité de l’ensilage. 2011 est une année où on a encore moins le droit à l’erreur !
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L’année 2011 est précoce. Les floraisons ont eu lieu avec 2 à 3 semaines d’avance par rapport à la normale. Les récoltes seront donc précoces et il convient de s’y préparer dès maintenant. De plus, le cumul de températures étant plus rapide en juillet-août qu’en septembre, la maturité des plantes sera plus rapide.
Dans la région, on observe une part importante de double levée. Enfin, les maïs sont relativement courts cette année, à cause des semis précoces, du manque d’eau au printemps et de la lumière reçue en avril-mai, mais sans répercussion majeure sur le rendement et la qualité du maïs fourrage.

Stades hétérogènes...


Prendre une décision d'ensilage est d’autant plus difficile que les parcelles sont en situation extrême et les plantes hétérogènes. Avec en plus la nécessité d'anticiper sur la date de récolte à cause de la disponibilité du matériel. Il faut donc faire des paris sur l'avenir.
Quelle que soit la situation, la décision doit toujours être prise en fonction du nombre de grains/m² et de l’état d'avancement du remplissage, pondéré par l'état de l'appareil végétatif. En conditions normales de végétation, la période optimale de récolte correspond à une répartition en trois tiers de l’amidon dans les grains des couronnes centrales, à pondérer selon l’état de l’appareil végétatif. Vous trouverez en page 2 de ce document la grille de détermination du taux de MS pour des cultures en conditions normales de végétation. Cette grille a été revue récemment pour prendre en compte le gabarit et l’état de l’appareil végétatif.
La décision est plus difficile à prendre pour les maïs ayant souffert de sécheresse. En l’absence de grains, ou moins de 300 à 500 grains/m², il ne sert à rien d'attendre pour ensiler. Le mieux est de distribuer le fourrage en vert aux animaux si nécessaire. Ce fourrage sera d'autant plus appétant que les feuilles seront vertes. Dans certaines situations, l'ensilage est possible quoique très délicat à réussir à cause d'un déséquilibre de la plante. De plus, le faible niveau de rendement (de 2 à 5 tonnes de MS/ha) rend le coût prohibitif. Enfin, la valeur énergétique sera faible, de l’ordre de 0,7 UFL/kg MS.
Un maïs qui a plus de 1.500 grains/m² et qui possède des feuilles vertes au-dessus, au niveau et au-dessous de l'épi mérite d'être conservé sur pied pour une récolte ensilage dont la date sera définie de façon classique : première estimation par le cumul des sommes de températures depuis la floraison femelle, recadrage par observation de l'apparition de la lentille vitreuse, et suivi du remplissage du grain pondéré par l'état de l'appareil végétatif (voir grille ci-contre).

La bonne date


Il existe une grande variabilité des situations intermédiaires - nombre de grains et/ou état de l’appareil végétatif- et la décision devra se faire au cas par cas. En cas de retour de la pluie, quelques feuilles vertes suffisent à une évolution positive de la plante en rendement, en maturité, en composition chimique. On aura toujours intérêt à ensiler avant disparition complète des feuilles vertes.
Quand récolter les parcelles à double levée ? Pour décider, il faut prendre en compte l’importance du décalage de maturité entre les plantes et le rapport de densité entre les différentes levées. La récolte ensilage est possible pour des plantes entre 28 et 36 % de MS, avec des précautions à l’approche de ces limites. Rappelons que le rendement, la teneur en grain et la teneur en amidon augmentent avec la maturité. De plus, les dernières plantes levées, si elles sont minoritaires, peuvent être dominées par les autres (moins de rendement et moins de grains).
Si le décalage de maturité le permet, l’objectif est de récolter lorsque toutes les plantes sont entre 28 et 36 % MS, en s’éloignant du 28 % MS (pour limiter le risque de jus) sans dépasser le 36 % MS (pour limiter les risques de perte de valeur alimentaire et de mauvaise conservation des plantes les plus avancées).
Si l’écart de maturité est plus important, on peut raisonner par rapport à la levée la plus dense de la parcelle. Si la première levée est la plus dense, récolter avant le stade 36 %MS des plantes les plus avancées. Si la dernière levée est la plus dense, récolter après le stade 28 % MS des plantes les moins avancées, mais dans ce cas, c’est prendre le risque de récolter les autres plantes à surmaturité (grains mûrs, feuilles sèches).
Dans toutes les situations :
1 - Situer le stade de la plante par rapport aux sommes de températures
2 - Visiter les parcelles avant de prendre la décision concernant la date d’ensilage.
3 - Valoriser les réseaux locaux
4 - Et le jour de la récolte, prendre les échantillons nécessaires pour analyse.


Une nouvelle grille d'observation des grains


En 2001, à partir de nombreuses mesures faites au champ, Arvalis Institut du végétal publiait une première grille d’estimation du taux de matière sèche de la plante entière à partir du visuel du grain. Cette grille, largement diffusée en son temps, faisait jusqu’à maintenant référence. Arvalis propose aujourd’hui une nouvelle grille de détermination car en dix ans la génétique variétale a évolué, et aussi parce qu’on sait mieux mesurer l’incidence des conditions de végétation sur l’état de l’appareil végétatif. Cette nouvelle grille prend donc aussi en compte l’état de l’appareil végétatif et se base sur des mesures réalisées au champ ces dernières campagnes.
Le niveau de remplissage du grain reste l’élément de base de la détermination du taux de MS de la plante. L’amidon stocké dans les grains provient des sucres produits après la floraison par la photosynthèse au niveau des feuilles du haut de la plante et transférés vers l’épi. En fin de cycle de végétation, lorsque la photosynthèse devient moins active ou s’arrête, l’accumulation d’amidon se fait par déstockage des sucres de la tige et des feuilles, au détriment de la qualité de celles-ci. Dans un premier temps laiteux (blanc et liquide), l’amidon évolue progressivement vers une forme pâteuse (jaune clair) puis vitreuse (jaune franc, difficilement rayable à l’ongle). La répartition dans le grain de ces trois formes – laiteux, pâteux, vitreux - nous renseigne sur l’état de maturité de la plante. Rappelons qu’à la récolte, l’épi représente plus de la moitié du rendement.
Nous avons chiffré l’impact de l’état de l’appareil végétatif (gabarit, dessèchement) sur le taux de MS de la plante entière. Cet impact reste modéré par rapport au remplissage des grains, d’une part parce que la partie "tige + feuilles" représente moins de la moitié du rendement plante entière, d’autre part parce que son taux de MS évolue peu par rapport à l’évolution du taux de MS du grain. Enfin, le taux de MS de la partie "tige + feuilles" évolue d’abord en fonction de l’alimentation hydrique de la plante.
Ainsi, à configuration du grain identique, le taux de MS plante entière d’une plante dont l’appareil végétatif est développé et très vert sera plus faible - de 1 à 3 points - que celle dont l’appareil végétatif est peu développé et desséché.
La période optimale de récolte correspond à une répartition des trois amidons en trois tiers dans les grains des couronnes centrales de l’épi. Mais à ce stade, il est souvent trop tard pour réserver l’ensileuse. Il faut donc anticiper. Il existe pour cela un stade facilement repérable : l’apparition de la lentille vitreuse sur les grains des couronnes centrales. Une fois ce stade repéré, à partir des données statistiques de cumul de températures et sachant qu’il faut 20 à 24 dj pour gagner un point de MS, l’éleveur peut facilement déterminer la semaine optimale de récolte.


La visite des parcelles est indispensable


En pratique, pour déterminer le taux de MS de son maïs, l’éleveur doit se rendre dans sa parcelle (éviter les rangs de bordure) et observer les grains des couronnes centrales de plusieurs épis successifs. Il caractérisera ainsi l’état de remplissage des grains. Ensuite, l’observation de l’état de l’appareil végétatif affinera son diagnostic. Les observations au champ peuvent commencer trois semaines après la sortie des soies (floraison femelle).
Précaution en situation anormale
Les repères liés à la teneur en MS sont bouleversés si l’année climatique est très différente de la moyenne (développement anormale des plantes, sécheresse, forte pluie récente, prélèvements sous la pluie …). Si l’observation au champ permet de cibler la date de récolte, la mesure au laboratoire de la teneur en MS à la récolte demeure une pratique nécessaire pour estimer les rendements, les stocks, les quantités distribuées et le risque d’échauffement des silos.




0,5 point de MS/jour


C’est la rapidité avec laquelle les plantes de maïs fourrage mûrissent en conditions moyennes de plein été. Cela illustre la grande importance d’encore mieux anticiper les chantiers de récolte pour ne pas rater le stade optimum 30-35 % MS plante entière.