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Drainage agricole

Échelonner son chantier

« Chercheur en botte » comme il aime à se décrire et surtout agronome à AgroSup Dijon, Gérard Trouche a expliqué - le 3 septembre à Mâcon - les liens existants entre le drainage agricole et l'eau dans le sol. En préambule à la charte sur les Zones humides, son discours technique clair allait à l'encontre de certains conseils promulgués sur le terrain.
Par Publié par Cédric Michelin
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Gérard Trouche sait être convaincant. Le 3 septembre à Mâcon, l’expert du drainage mettait en avant le drainage agricole, devant un parterre de décideurs, comprenant des écologistes réticents (crues, nitrate, pesticides…). Les avantages sont pourtant connus (voir article ci-contre). Sans empêcher les agriculteurs de s’intérroger sur leurs pratiques, la question première reste pour eux plutôt l'« investissement élevé » à consentir au départ pour drainer ses terres et ainsi éviter de s'embourber ou « d'avoir à chausser les skis sur les bottes pour rentrer dans la parcelle », dépeignait-il en rigolant.

Un tiers de la valeur foncière à l’ha



Si l’on revient sur les coûts, pour lui, il faut « parfois compter un quart à un tiers de la valeur foncière à l'hectare » pour une bonne implantation. « Les coûts inclus évidemment le drainage et l'assainissement en dehors » de la parcelle, rappelait-il. Et pour cela, mieux vaut dès le début que « l'aménagement soit adapté à chaque cas particulier ». Logiquement, « derrière, cela doit aussi rapporter un revenu supplémentaire ».
Gérard Trouche sait en effet de quoi il parle. Depuis 1976, il travaille en Saône-et-Loire et est un spécialiste national du drainage. Il poursuit toujours ses recherches dans ce domaine, à l’aube de sa retraite, mais transmets son savoir, notamment à sa collègue Marjorie Ubertosi d’AgroSup Dijon, elle aussi.

Chantiers échelonnés



Ces deux chercheurs conseillent aux agriculteurs de « bien se renseigner » avant chaque projet et surtout de ne pas hésiter à faire des études préalables à l'installation des équipements. « Bien souvent, les parcelles drainées où il y a un problème sont souvent celles où on constate un sous-dimensionnement ou un réseau qui ne fonctionne plus », met-il en garde.
Se voulant toujours concret, Gérard Trouche insistait sur l'écartement « nominal et réel des drains »: « je me bats souvent avec les entrepreneurs, sur les notions de disposition du réseau par rapport au terrain. Le seul emplacement imposé reste les ruptures de pente ». Capter la mouillère semble généralement « suffisant ». Il conseille donc de « creuser suffisamment en amont pour être sûr de capter l'ensemble de la mouillère ». « Les chantiers échelonnés » sont donc possibles et permettent de gérer au mieux le budget de son drainage.

Plus de machines à déboucher



Bien communiquer avec ses voisins est important dans le cadre d'un aménagement individuel au milieu d’autres drainages. Mieux vaut en effet se renseigner sur les installations en périphérie de la parcelle à drainer pour optimiser l’efficacité des drains et les coûts. Idem après le drainage, il faut intervenir pour maintenir le drainage en état. Il remarque que les « machines à déboucher les drains s'achètent plus » en ce moment. Rajoutant pour le secteur : « Notamment en Bresse, en limon battant, l'eau s’évacue mal et il y a, colmatage du sol en surface ».
Enfin, dernier rappel, « un aspect parfois négligé » le drainage a un impact positif « sur le bétail ». Intéressant pour améliorer « l'état sanitaire (brucellose, douve...) ou tout simplement pour la qualité du pâturage des animaux, avec la dégradation de la flore ».